
Depuis la mi-novembre, et pour quelques semaines encore, c’est le même rituel lorsque la nuit tombe sur la place Vendôme (VIIIe). Alors que le soleil se couche derrière les immeubles historiques, les illuminations de Noël prennent le relais pour guider les passants.Ces décorations saisonnières, comme celles d’autres artères parisiennes, de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle ou encore d’Andorre-la-Vieille, ont été installées par Festilight, une société basée à Villechétif (Aube) depuis sa fondation en 1997, et une véritable success-story familiale.Son créateur, Didier Maroilley, a en effet passé la main en décembre 2024 à son fils Pierre, désormais président, et à son gendre Mathieu Canu, directeur général. Un an plus tard, la croissance de l’entreprise se poursuit sous leur contrôle au sein de Festigroup, qui comprend aussi les entreprises CityLum (illuminations), Expelec (son et lumière dans l’événementiel) et Pixxaro (affichage numérique dynamique).Pour Pierre Maroilley, prendre le relais de son père est devenu au fil des années une évidence. « Je suis rentré dedans tout petit », se souvient le président de 37 ans. « J’ai toujours été amené à travailler les étés, en commençant par vider les conteneurs et faire ce qu’on appelait les packs de connexions à l’époque… C’était super intéressant ! »Un déclic en 2015Le succès de Festilight ne tombe pas de nulle part. À partir des années 2010, elle enregistre chaque année une croissance à deux chiffres, notamment grâce à « des opportunités de marché incroyables, tant sur les collectivités, notre cœur de métier, que sur la partie centres commerciaux, développée à la suite d’opportunités de croissance externe », se souvient le président.L’une de ces opportunités, c’était le rachat des actifs de la société SLD, en 2015. Un rachat qui a pu donner quelques sueurs froides à Didier Maroilley, mais qui a aussi permis à l’entreprise auboise d’enrichir son ADN. « Ça nous a fait rentrer dans le grand monde des centres commerciaux avec, par la suite, différents appels d’offres gagnés qui nous ont fait travailler dans plus de 70 centres commerciaux entre l’Angleterre, l’Écosse et la France. On a appris de nouveaux métiers », constate Pierre Maroilley.Désormais forte de 87 salariés en CDI à temps plein, et jusqu’à 40 à 60 intérimaires en plus selon les besoins saisonniers, Festilight affiche un chiffre d’affaires annuel d’environ 15 millions d’euros. Mais son activité a bien changé, ces dernières années : alors que l’entreprise était presque exclusivement vendeuse, près d’un tiers de son chiffre d’affaires provient aujourd’hui de la location. Une fois démontées, les décorations louées se retrouvent ainsi dans environ 18 000 m2 d’espaces de stockage de l’agglomération troyenne.Si ces décorations sont bien souvent spécifiques à Noël, le catalogue de l’entreprise ne manque pas de variété : près de 800 références y sont rassemblées. « Ça va de la petite guirlande ou de la lanterne à poser sur votre table jusqu’au sapin de 15 m de haut. On est capable de trouver des solutions à peu près pour tout », précise le président.Pour les collectivités locales, Festilight propose notamment des bulles enchantées, des structures gonflables avec des éléments animés ou statiques, complétées par des parcours à l’intérieur ou l’extérieur des bulles. Le concept a notamment séduit pendant quelques années la ville de Troyes, avant qu’elle ne relance un marché de Noël. « Le but n’est plus de décorer toute la ville, mais bien de se centraliser sur quelques éléments précis et de donner envie aux gens de faire vivre à la fois les commerces et les collectivités, et d’avoir des lieux de réunion pour partager un moment féerique », précise Pierre Maroilley.Un savoir-faire spécifique pour les bâtiments protégésEn parallèle, le groupe dispose d’une « partie développement spécifique. On va répondre à un cahier des charges esthétique et technique de nos clients, qui va permettre de faire des réalisations sur-mesure pour des marques de luxe et de la grande distribution ». C’est par exemple ce qu’elle met en place dans quelques endroits prestigieux de Paris, comme le boulevard Haussmann, mais aussi la place Vendôme depuis plus de 15 ans, avec ses sapins géants et décors plus minimalistes.« Ils nous ont demandé de faire ce qu’ils appellent des LEDs pixels », développe le dirigeant troyen. « On est venu poser chaque élément qui peut être animé unitairement, et on peut mettre les couleurs qu’on veut. En 2022, on avait fait un camion de 30 m de long en néon LED. » Ces projets nécessitent un savoir-faire particulier pour être déployés sur des bâtiments classés et protégés. « On est dans l’obligation de trouver des solutions de fixation sans percer », confirme Pierre Maroilley. « On a donc fait un scan de l’ensemble de la Place Vendôme en 3D et on a adapté chaque pièce pour répondre au cahier des charges du client. »Des entreprises du luxe font également appel au savoir-faire aubois, comme Chanel, ou encore Louis Vuitton (filiale du groupe LVMH, comme « Le Parisien » - « Aujourd’hui en France »).Depuis 2024, Festilight décore aussi l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, avec là aussi des contraintes bien particulières. « On a réappris encore un nouveau métier, puisque pour aller installer des produits en zone internationale, il y a tout un process à mettre en place avec les différents installateurs et les équipes. »Enfin, il y a bien sûr le marché de la grande distribution. « On est reconnu sur toute la France avec des référencements nationaux sur Galec (E.Leclerc), Système U et Intermarché », se réjouit Pierre Maroilley.Des opportunités hors de Noël… et hors de FranceSi Festilight a de plus en plus de demandes en dehors des fêtes de fin d’année de la part de grandes marques de luxe ou de collectivités, notamment pour des décorations d’été, la période de Noël reste centrale pour l’entreprise. Elle représente encore « entre 60 et 80 % du chiffre d’affaires », précise le patron aubois.Largement présente en France, la société auboise espère aussi conquérir davantage de marchés internationaux. « Aujourd’hui, on travaille beaucoup avec le Royaume-Uni, la Norvège, la Suisse… Et, cette année, on a eu Andorre pour trois ans. Donc, on leur a envoyé un petit train Festilight », sourit Pierre Maroilley.Cantonné à de l’import-export à ses débuts en 1997, Festilight est désormais capable de mener des projets de A à Z sur des décorations et des aménagements de places, tout en répondant à la demande croissante de location matérielle. « Ça nous a amenés à faire évoluer nos produits pour qu’ils soient plus durables dans le temps », explique le patron aubois. Depuis 2022, l’entreprise s’est équipée en imprimantes 3D « qui nous permettent d’être beaucoup plus réactifs et aussi de retravailler dans un cercle de vie plus vertueux tous les déchets de production », souligne-t-il. Des décors peuvent ainsi être conçus à l’aide de plastique recyclé.Des LED de plus en plus économesEn parallèle, Festilight s’est aussi positionné dès 2004 sur le marché des guirlandes et autres éclairages économes en énergie à travers les LED. « Au début, c’était particulier, car les gens n’étaient pas toujours très amènes aux changements », souffle Pierre Maroilley, qui s’appuie sur le travail en recherche et développement de son bureau d’études, et sur les progrès constants sur le plan esthétique et énergétique. « Il y a encore deux ans, on a refait évoluer nos LED en diminuant quasiment d’un tiers la consommation électrique de chaque point lumineux », salue le président.À l’avenir, Festilight entend pérenniser sa rentabilité face à l’incertitude du contexte économique et politique que Pierre Maroilley a notamment ressenti au dernier salon des maires, à Paris. « Que ce soit des petites, moyennes ou grosses collectivités, on sent qu’il y a des réductions de budget », relève-t-il. « La question est de savoir comment on doit arriver à mettre en œuvre des offres commerciales qui répondent à la fois à leurs besoins et qui leur permettent aussi de rester animées et de garder cette belle magie de Noël tous les ans. »Depuis 2022, l’entreprise a réussi à réintégrer sur l’agglomération troyenne une partie de sa production effectuée en Asie ou en Europe de l’Est. Elle souhaite désormais poursuivre ses capacités de fabrication pour des pièces spécifiques, et s’ouvrir de nouveaux marchés autour de la technologie LED.






















































































