Affaire Aristophil : La chute d'un empire bâti sur des manuscrits et des promesses illusoires



Le fondateur de la société de placement Aristophil, Gérard Lhéritier, âgé de 77 ans, a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à cinq ans de prison ferme pour escroquerie et pratiques commerciales trompeuses. La peine est assortie d'un mandat de dépôt à effet différé. Absent lors du délibéré pour raisons de santé, son avocat a immédiatement annoncé faire appel de cette décision, la qualifiant de "choquante". Le parquet avait requis une peine de six ans, estimant qu'il s'agissait de "l'une des plus grosses escroqueries en bande organisée jamais jugées". Entre 2009 et 2014, Aristophil a commercialisé des parts de manuscrits, lettres et autographes de personnalités telles qu'Albert Einstein ou le marquis de Sade, promettant des rendements mirobolants d'environ 8% par an. Le tribunal a conclu que Gérard Lhéritier avait mis en place un "système de cavalerie", également connu sous le nom de pyramide de Ponzi, où l'argent des nouveaux investisseurs servait à rémunérer les plus anciens. La société proposait même de racheter les œuvres après cinq ans, un mécanisme qualifié de "non viable" par l'accusation.
L'arnaque a floué 18 000 épargnants, entraînant des pertes s'élevant à près d'un milliard d'euros.
Sur ce total, environ 8 000 victimes se sont constituées parties civiles.
Après la faillite de la société en 2016, une vente aux enchères des manuscrits n'a permis aux épargnants de ne récupérer qu'environ 7% de leur investissement initial.
Durant le procès, Gérard Lhéritier a nié les faits, rejetant la faute sur les courtiers et affirmant "l'excellence" de son modèle économique.
Il avait notamment injecté 40 millions d'euros de ses gains personnels à l'EuroMillions en 2012 pour tenter de sauver l'entreprise.
D'autres prévenus ont également été condamnés.
L'expert-comptable de la société a écopé de deux ans de prison, dont un avec sursis, tandis que cinq autres personnes, dont un notaire et des gestionnaires de patrimoine, ont été condamnées à des peines de prison avec sursis.
Seul un libraire-antiquaire a été relaxé.
Les faits d'escroquerie en bande organisée n'ont finalement pas été retenus.














