Le Parlement français réhabilite les femmes condamnées pour avortement avant la loi Veil



Le Parlement français a définitivement adopté, jeudi 18 décembre 2025, une proposition de loi visant à réhabiliter les femmes condamnées pour avortement avant la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
Le texte a reçu un vote unanime à l'Assemblée nationale, après avoir déjà été adopté à l'unanimité par le Sénat le 20 mars précédent.
Cette adoption intervient près de 50 ans après la promulgation de la loi Veil du 17 janvier 1975.
Initié par la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, ce texte s'inscrit dans un "devoir de mémoire" et vise à "réparer une injustice et restaurer leur dignité". Il reconnaît officiellement que la législation pénale antérieure à 1975 a constitué une atteinte à la santé, à l'autonomie sexuelle et reproductive, à l'égalité et au droit à la vie privée des femmes.
Entre 1870 et 1975, plus de 11 660 personnes ont été condamnées pour avoir eu recours ou participé à un avortement, alors clandestin. La loi reconnaît que la législation de l'époque a été source de souffrances physiques et morales et a entraîné de nombreux décès.
Cependant, le texte ne prévoit aucun volet indemnitaire pour les personnes concernées.
Lors de son examen, le Sénat avait volontairement exclu la notion de "préjudice subi" afin d'écarter la question d'une réparation financière. La co-rapporteure à l'Assemblée, la députée socialiste Marietta Karamanli, tout en déplorant ce choix, a qualifié la loi de "première étape mémorielle" essentielle. Pour poursuivre ce travail de mémoire, la loi prévoit la création d'une commission nationale indépendante.
Cette instance sera chargée de la reconnaissance des souffrances et des traumatismes subis par les femmes ayant avorté et les personnes les ayant aidées avant 1975. Sa mission sera de "contribuer au recueil et à la transmission de la mémoire des atteintes aux droits subies par les femmes et reconnues par la Nation".














