Financement de l'aide à l'Ukraine : l'UE déchirée sur l'utilisation des avoirs russes



Début décembre 2025, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté un plan visant à financer l'aide à l'Ukraine pour les années 2026 et 2027, dont les besoins sont estimés à 137 milliards d'euros. La proposition principale consiste à utiliser les avoirs russes gelés au sein de l'UE comme garantie pour un prêt de 90 milliards d'euros.
Ce mécanisme, qualifié de « reparations loan », n'impliquerait pas une confiscation directe mais une utilisation temporaire des actifs.
Bruxelles soutient que cette opération serait conforme au droit international, les actifs étant restitués si la Russie s'acquittait des réparations de guerre.
Cependant, ce projet se heurte à une forte opposition.
La Belgique, où est domiciliée la société Euroclear qui détient la majorité de ces avoirs, rejette fermement cette option. Le Premier ministre belge, Bart De Wever, s'oppose à la proposition, craignant les risques juridiques et financiers pour son pays.
La Banque centrale européenne (BCE) a également exprimé de sérieuses réserves.
Sa présidente, Christine Lagarde, a qualifié l'opération de « borderline » sur le plan légal, soulignant les dangers potentiels pour la stabilité financière et la confiance dans les marchés européens. Plusieurs États membres redoutent des contentieux internationaux et des mesures de rétorsion de la part de Moscou.
Face à ces blocages, plusieurs scénarios sont envisagés.
Le premier serait l'adoption du plan par une majorité qualifiée des États membres.
Une alternative serait que l'UE renonce à utiliser les avoirs russes et opte pour un emprunt commun classique sur les marchés financiers, une solution de secours également sur la table mais qui ne fait pas l'unanimité. Le troisième scénario serait un blocage complet ou un report de la décision, ce qui laisserait l'Ukraine dans une grande incertitude financière. Le calendrier est serré, une décision étant attendue lors du Conseil européen de la mi-décembre 2025. L'enjeu est de taille pour Kiev, car au-delà des montants, c'est un signal politique fort de l'engagement européen qui est en jeu. Parallèlement à ces débats financiers, l'UE a également décidé de mettre fin aux importations de gaz russe d'ici 2027, une mesure qui rencontre aussi l'opposition de certains pays comme la Hongrie et la Slovaquie.














