Commande publique : face aux surcoûts révélés par la presse, le gouvernement lance une « alerte prix »



La commande publique en France, qui représente un marché annuel de plus de 230 milliards d'euros, est au cœur d'un débat sur l'efficacité de la dépense publique.
Une enquête du quotidien Ouest-France a révélé des surcoûts importants sur des fournitures courantes achetées par des collectivités.
Par exemple, une bouilloire vendue 35 euros dans le commerce peut être facturée 60 euros via une centrale d'achats, tandis qu'un fauteuil de 90 euros peut atteindre 260 euros.
Ces exemples frappants alimentent le sentiment d'un gaspillage systémique, alors même que le recours à des marchés publics est censé générer des économies d'échelle. L'enquête met notamment en cause le rôle des centrales d'achats, comme l'UGAP, principal acteur public du secteur.
Si elles offrent une sécurité juridique et un gain de temps, notamment pour les petites communes manquant de ressources pour lancer leurs propres appels d'offres, elles sont suspectées de contribuer à l'inflation des prix, notamment par un effet de « double marginalisation » où chaque intermédiaire ajoute sa marge. Le directeur de l'UGAP, Edward Jossa, se défend en arguant que les prix doivent être évalués sur un panier global de produits et non à l'unité, citant des articles vendus moins chers que sur le marché privé. Les contraintes juridiques, qui complexifient les achats au-delà de 40 000 euros, incitent également de nombreuses collectivités à privilégier ces centrales, même si les prix sont plus élevés.
Face à ces constats et jugeant que « chaque euro gaspillé est intolérable », le ministre délégué David Amiel a annoncé une réponse gouvernementale.
Dès le printemps 2026, un dispositif d'« alerte prix » sera expérimenté.
Il permettra aux acheteurs publics de signaler en temps réel des prix plus bas trouvés ailleurs pour des produits comparables.
La centrale d'achats concernée, en premier lieu l'UGAP, devra alors s'aligner.
Cette mesure, qui s'inspire des offres commerciales garantissant le remboursement de la différence, s'appliquera aux commandes de plus de 80 euros, hors secteur de la santé et véhicules. L'objectif affiché est de générer 850 millions d'euros d'économies dès 2026.
Cette initiative s'inscrit dans une réforme plus large visant à renforcer la transparence, à simplifier les procédures et à poursuivre la professionnalisation des acheteurs, notamment par le recours à l'intelligence artificielle.














