Côte d'Ivoire : L'arrestation d'un cadre de l'opposition ravive les tensions post-électorales

Damana Adia Pickass, une figure de l'opposition ivoirienne et proche de l'ancien président Laurent Gbagbo, a été arrêté mardi près d'Abidjan. Selon le procureur de la République, Oumar Braman Koné, M. Pickass est accusé d'avoir appelé à "l'insurrection populaire" et au "renversement des institutions de la République" avant l'élection présidentielle du 25 octobre. Haut cadre du Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, il est également le coordonnateur général du "Front commun", une alliance regroupant le PPA-CI et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam.

Cette interpellation s'inscrit dans un contexte de tensions post-électorales.

Les deux principaux candidats de l'opposition, MM.

Gbagbo et Thiam, avaient été écartés du scrutin présidentiel par la justice.

L'élection a vu la victoire du président sortant Alassane Ouattara avec près de 90 % des voix.

En réponse à l'exclusion de ses candidats, le Front commun avait appelé à plusieurs manifestations, qui ont toutes été interdites par les autorités pour risque de "troubles à l’ordre public".

Une nouvelle marche est prévue samedi.

Le procureur a affirmé que les appels de M. Pickass ont mené à des "attroupements armés et non armés" et à des "actes de violence portant atteinte à la sécurité nationale". La période pré-électorale et le jour du vote ont été marqués par des violences.

Le bilan officiel fait état de onze morts, tandis que l'opposition avance le chiffre de 27 morts. De plus, plus d'une centaine de personnes ont été condamnées à trois ans de prison ferme pour leur participation à ces rassemblements. La réaction de l'opposition ne s'est pas fait attendre.

Sébastien Dano Djedje, président exécutif du PPA-CI, a qualifié cette arrestation de "persécution des opposants". Damana Pickass, considéré comme un fidèle de longue date de Laurent Gbagbo et un tenant de l'aile dure de son parti, avait déjà été condamné en début d'année à dix ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" concernant des faits de 2021, mais n'avait pas été incarcéré. Fin septembre, il avait indiqué avoir été "mis en garde" par le procureur qu'il serait arrêté en cas de troubles.