« Improvisé », « pas crédible » : la proposition de rachat des murs du BHV par la Ville de Paris taclée par l’opposition
Les débats s’annonçaient houleux et devaient avoir lieu le lendemain, mais c’est finalement ce mercredi soir, et sans grande contestation, que le Conseil de Paris a adopté le vœu de l’exécutif visant à permettre à la Ville de se positionner pour racheter les murs du BHV Marais, au cas où le bâtiment devait être remis en vente.Alors que la promesse de vente entre la Société des grands Magasins (SGM), exploitante du magasin, et les Galeries Lafayette, propriétaires du foncier, arrive à son terme ce vendredi 19 décembre, les élus parisiens ont donc validé la stratégie présentée la veille par la maire (PS), Anne Hidalgo. La droite et le centre n’ont, sans surprise, pas voté en faveur de ce vœu.La première édile avait en effet surpris l’auditoire en indiquant sa volonté de développer un projet « répondant aux besoins de commerce, d’activité économique, de logements abordables, de logements en accession à la propriété et de logements sociaux » au sein du grand magasin géré par Frédéric Merlin.« Alors que la situation du BHV suscite aujourd’hui de très fortes inquiétudes pour l’emploi et pour l’avenir du centre de Paris, j’ai souhaité (…) que la ville se donne les moyens d’agir préventivement », avait justifié Anne Hidalgo.« Une annonce spectaculaire, sans cap assumé » pour la droiteCe mercredi, l’adjoint (PCF) en charge du commerce, Nicolas Bonnet Oulaldj, a justifié la stratégie de l’exécutif en rappelant l’imminence de « la fin de l’exclusivité de la vente accordée à la SGM pour le rachat des murs ».« Dans ce contexte, si la SGM n’a pas la possibilité d’acheter, la Ville se propose de regarder attentivement la possibilité de racheter les murs, dans cette volonté d’anticiper le risque de la catastrophe quant à l’avenir du grand magasin. Notre volonté, c’est de préserver une activité commerciale au BHV, l’emploi des salariés », a détaillé l’élu communiste.En réaction, l’élu (LR) de Paris Centre, Aurélien Véron, a fustigé « une annonce spectaculaire, improvisée, sans étude préalable, sans financement identifié, sans cap assumé ». « La Ville reconnaît elle même qu’elle n’a pas les moyens d’acheter le BHV, ajoute Aurélien Véron. Voilà un projet à plusieurs centaines de millions d’euros, réduit à un brainstorming de dernière minute sur un coin de table. On ne sauve pas un grand magasin avec des éléments de langage déconnectés de la réalité. »« Un côté annonce de pompier pyromane », tacle Maud GatelUn constat partagé par la cheffe de file du groupe Centristes et indépendants, Maud Gatel, également opposée au rachat des murs par la Ville. « Il y a un petit côté annonce de pompier pyromane, grince-t-elle. Vous voir aujourd’hui affirmer que vous seriez prêts à regarder le rachat des murs, ça n’est pas crédible au regard des 300 millions d’euros qui seraient nécessaires, et je ne suis pas sûre que ça soit souhaitable pour les salariés du BHV et pour le commerce parisien ».Après l’adoption du vœu en question, les élus attendent désormais de connaître sous 48 heures le résultat de la promesse de vente entre la SGM et les Galeries Lafayette pour passer à l’action.