L'alerte scientifique : deux perturbateurs endocriniens du quotidien menacent le développement comportemental des enfants



Une étude d'envergure, publiée dans la revue *The Lancet Planetary Health* et menée par plusieurs institutions françaises et espagnoles (Inserm, CNRS, Université Grenoble Alpes, CHU Grenoble Alpes et ISGlobal), a identifié un lien entre l'exposition à deux perturbateurs endocriniens durant la grossesse et l'augmentation des troubles du comportement chez les enfants. Les deux substances incriminées, le méthylparabène et le bisphénol S, sont omniprésentes dans les produits du quotidien. Le méthylparabène est un conservateur que l'on retrouve dans de nombreux cosmétiques, produits d'hygiène et certains aliments. Le bisphénol S (BPS) est quant à lui présent dans les tickets de caisse, certains plastiques et emballages, ayant souvent remplacé le bisphénol A (BPA), désormais interdit. Selon Claire Philippat, chercheuse à l'Inserm, le BPS possède une structure chimique similaire au BPA et pourrait avoir des effets comparables sur la santé, soulignant les limites d'une réglementation qui interdit les substances une par une plutôt que par familles chimiques. L'étude a suivi plus de 1 000 femmes enceintes à Grenoble et Barcelone, en analysant leur exposition à douze composés via des échantillons d'urine, avec un focus sur le troisième trimestre de grossesse, une période cruciale pour le développement fœtal. Le comportement de leurs enfants a ensuite été évalué entre 18 et 24 mois à l'aide d'un questionnaire standardisé mesurant des aspects tels que l'anxiété, l'agressivité ou le déficit d'attention, avec un suivi prolongé jusqu'à l'âge de 9 ans. Les résultats indiquent que les enfants des mères les plus exposées au méthylparabène et au bisphénol S présentent des scores plus élevés de problèmes comportementaux. L'étude précise que le méthylparabène est associé à ces difficultés chez les filles comme chez les garçons, tandis que le bisphénol S semble surtout concerner les garçons. Bien que ces troubles précoces ne garantissent pas le développement d'une maladie psychiatrique, ils sont considérés comme des marqueurs de risque pour des troubles neurodéveloppementaux ou psychiatriques ultérieurs, tels que le TDAH. Il s'agit d'une augmentation du risque à l'échelle de la population, d'autant plus préoccupante que l'exposition à ces substances est quasi-universelle.











