L'allié hérétique : comment la nouvelle doctrine Trump bouleverse les fondements de la relation transatlantique



La nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale (NSS) des États-Unis, un document de 33 pages publié en novembre 2025 sous la présidence de Donald Trump, formalise une hybridation idéologique inédite entre le paléoconservatisme américain et le national-conservatisme européen. Rompant avec des décennies de politique étrangère, le texte abandonne la promotion d'un « ordre international fondé sur des règles » pour se concentrer exclusivement sur la protection des « intérêts nationaux fondamentaux » américains, mettant fin au « messianisme démocratique ». Cette doctrine s'approprie directement le lexique des droites nationalistes européennes.
Sur l'immigration, la NSS affirme que « l'ère de la migration de masse doit prendre fin », la décrivant comme une menace pour la cohésion sociale et la sécurité nationale. Concernant l'Europe, le document pose un diagnostic alarmant d'« effacement civilisationnel », l'attribuant aux politiques de l'Union européenne, à la migration et à la perte des identités nationales. De manière spectaculaire, la stratégie qualifie « l'influence croissante des partis européens patriotiques » de « source d'un grand optimisme », positionnant ainsi les États-Unis en soutien moral des forces qui contestent la construction européenne de l'intérieur.
Sur le plan stratégique et économique, la rupture est également consommée.
La NSS acte la fin de l'Amérique comme « Atlas » de l'ordre mondial, exigeant des alliés de l'OTAN qu'ils assument la responsabilité principale de leur défense.
Elle prône un patriotisme industriel et une domination énergétique fossile, qualifiant les politiques climatiques européennes d'« idéologies désastreuses ». Concernant la guerre en Ukraine, elle préconise un cessez-le-feu rapide et une « stabilité stratégique » avec Moscou.
Pour l'Union européenne, dont le modèle libéral, social et ouvert est attaqué sur chacun de ses piliers, ce basculement transforme l'allié historique en un « allié hérétique ».
L'Europe se voit contrainte d'envisager son avenir entre un alignement sur ce nouveau paradigme, une affirmation de son autonomie stratégique, ou une fragmentation interne.









