Fouilles en prison et modèle italien : la France durcit sa réponse face au narcotrafic



Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé le lancement d'une opération « massive » de fouilles dans l'ensemble des prisons françaises, qui se déroulera jusqu'à la fin de l'année. Cette initiative, qualifiée également de « fouilles XXL », vise à intensifier la lutte contre le narcotrafic qui se poursuit en détention, notamment grâce à l'usage de téléphones portables. L'opération a débuté le mardi 25 novembre au soir à la maison d'arrêt de Nanterre.
Cette offensive s'inscrit dans un contexte de forte actualité liée au crime organisé. Elle fait suite à plusieurs événements marquants, dont le meurtre à Marseille de Mehdi Kessaci, frère d'un militant anti-drogue, et la polémique née de la permission de sortie accordée au narcotrafiquant Ouaihid Ben Faïza. Le même jour, la mère de ce dernier a été placée en garde à vue dans une autre affaire de stupéfiants. En réponse, Gérald Darmanin a également fait part de son intention de déposer un projet de loi en janvier 2026 pour appliquer au « narcobanditisme » des mesures issues de la législation antiterroriste, particulièrement en ce qui concerne les permissions de sortir. Au-delà de ces mesures d'urgence, la stratégie française de lutte contre le crime organisé est questionnée, avec des regards tournés vers le modèle italien. La France s'est déjà inspirée de son voisin en créant un Parquet national anticriminalité organisée et en élargissant le statut de « collaborateur de justice ». Le régime de détention pour les criminels les plus dangereux puise aussi son inspiration dans le système italien, bien qu'il soit moins strict. Cependant, des experts soulignent les limites de l'approche française, jugée trop concentrée sur le seul narcotrafic et sur l'aspect répressif. La législation italienne anti-mafia est plus large, englobant diverses activités criminelles comme l'extorsion ou le blanchiment, et s'appuie fortement sur la prévention et la réinsertion. Contrairement à l'Italie, la France n'a pas de définition juridique de la mafia et la mobilisation de la société civile, pourtant cruciale dans la péninsule avec des associations comme Libera, reste faible.
Les spécialistes appellent donc à une meilleure reconnaissance du phénomène mafieux et à un soutien accru aux acteurs de terrain.













