Le Bruit, Ennemi Silencieux des Nuits Franciliennes : Une Étude Révèle l'Ampleur de la Crise du Sommeil



Rendus publics le 15 décembre 2025, les résultats de l'étude « Somnibruit » établissent une corrélation inédite et à grande échelle entre la pollution sonore nocturne et les troubles chroniques du sommeil en Île-de-France. Menée conjointement par Bruitparif, l'Observatoire régional de santé (ORS), l'unité VIFASOM et l'Université Paris Cité, l'analyse a porté sur Paris et 432 communes entre 2017 et 2019.
En croisant les cartes du bruit avec les données de remboursement de médicaments hypnotiques, les chercheurs ont mis en évidence que l'exposition au bruit environnemental la nuit est directement associée à une augmentation de la consommation de somnifères. Le constat est alarmant : près de 76 % des Franciliens, soit environ 8 millions de personnes, sont exposés la nuit à des niveaux sonores supérieurs aux 45 décibels recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette surexposition a des conséquences sanitaires mesurables, puisque chaque année, 510 000 habitants de la région bénéficient d'un remboursement pour des médicaments traitant l'insomnie chronique, ce qui représente 65,4 personnes pour 1 000 habitants. Selon Nathalie Beltzer, directrice de l'ORS Île-de-France, le respect des valeurs guides de l'OMS permettrait à près de 15 000 personnes de se passer de ces traitements. Le trafic routier est identifié comme le principal responsable de ces nuisances.
Cependant, d'autres sources contribuent significativement au problème.
Le bruit ferroviaire et celui lié aux activités récréatives nocturnes exposent environ 1,2 million de personnes à des niveaux excessifs, tandis que le bruit aérien en touche près d'un million.
Ces agressions sonores répétées fragmentent le sommeil, réduisent les phases de sommeil profond et augmentent à terme les risques de maladies cardiovasculaires. Face à cette situation, les auteurs de l'étude appellent à une meilleure intégration de la lutte contre le bruit dans les politiques de santé publique. Olivier Blond, président de Bruitparif, espère que ces travaux inciteront les collectivités à agir.
Des initiatives locales émergent déjà à Paris pour limiter les nuisances des chantiers ou des bars. Si des gestes individuels comme l'amélioration de l'isolation phonique sont conseillés, les chercheurs soulignent qu'ils ne peuvent se substituer à une action politique d'envergure pour traiter ce que l'Agence européenne pour l'environnement qualifie de facteur de mortalité prématurée.











