L'alpinisme au Népal : vers de nouveaux horizons



Une nouvelle tendance se dessine dans l'alpinisme népalais : un nombre croissant d'alpinistes, délaissant les célèbres et parfois surpeuplés Everest et Annapurna, se tournent vers des sommets moins connus, culminant entre 6 000 et 7 000 mètres. Ces aventuriers, notamment français, japonais et suisses, privilégient le "style alpin" : des ascensions autonomes, sans cordes fixes, sans porteurs sherpas et sans bouteilles d'oxygène.
L'alpiniste français Benjamin Védrines, après sa première ascension du Jannu Est (7 468 mètres), décrit cette approche comme un "immense défi" où "l'aventure est bien plus intense". Cette évolution est vue d'un bon œil par des observateurs comme Billi Bierling, directrice de l'Himalayan Database, qui y voit une évolution positive vers des montagnes souvent plus intéressantes techniquement. Ce phénomène répond à une critique croissante de la marchandisation et de la surpopulation des sommets de plus de 8 000 mètres, ainsi qu'à une quête de nouvelles explorations.
Le Népal, qui compte 462 montagnes ouvertes aux expéditions, en possède une centaine qui n'ont jamais été gravies, offrant un potentiel "immense" selon le chef d'expédition Paulo Grobel.
Pour encourager cette diversification et stimuler les économies locales des vallées reculées, le gouvernement népalais a supprimé en août les frais d'ascension pour 97 montagnes. Le département du tourisme constate un intérêt grandissant et œuvre au développement des infrastructures nécessaires pour accompagner cet engouement.
Cependant, cette nouvelle forme d'alpinisme n'est pas sans obstacles.
L'alpiniste népalais Vinayak Malla souligne les défis logistiques importants : l'accès difficile à ces zones, le coût élevé des voyages, le manque d'infrastructures hôtelières et la complexité des opérations de secours.
Cette tendance marque un contraste avec l'époque des pionniers, incarnée par Kanchha Sherpa, dernier survivant de la première ascension de l'Everest en 1953, récemment décédé à 92 ans. Alors que son histoire rappelle l'âge d'or de la conquête des plus hauts sommets, le nouvel intérêt pour les montagnes moins élevées et les treks dans des régions comme le Mustang ou le Dolpo, mis en lumière par des ouvrages et des documentaires, illustre la richesse et la diversité des aventures que le Népal continue d'offrir.
