L'impact des drones sur la guerre moderne et les stratégies de défense



L'utilisation massive des drones dans la guerre en Ukraine a profondément transformé les opérations militaires. Ces engins sont impliqués dans des frappes quasi quotidiennes, comme l'attaque d'une gare à Chostka, la destruction de blindés russes à Donetsk, ou encore des actions navales où les drones ukrainiens ont réussi à couler plusieurs navires russes. Selon le spécialiste Stéphane Audrand, ils ont surtout bouleversé les manœuvres terrestres, remplaçant la ligne de front continue par une zone "poreuse" de 30 km de profondeur, très dangereuse pour les véhicules blindés.
Cette nouvelle réalité oblige les soldats à se déplacer rapidement à moto ou en quad et à occuper des points d'appui de manière intermittente.
Des drones sont également utilisés pour le ravitaillement et l'évacuation des blessés, et l'Ukraine a même créé une branche militaire dédiée aux systèmes sans pilote.
Les stratégies d'emploi des drones diffèrent entre les deux belligérants. La Russie les utilise principalement pour des frappes en profondeur sur les infrastructures énergétiques et logistiques ukrainiennes avec des drones "Geran" (dérivés du Shahed iranien). De son côté, l'Ukraine privilégie les drones FPV à courte portée comme substitut à l'infanterie et aux armes antichars, tout en menant une campagne d'attaques réussie contre les raffineries russes, détruisant 17% de leur capacité de raffinage. Cette prolifération a engendré une course à l'innovation pour les contre-mesures.
La guerre électronique, via le brouillage des signaux, est devenue essentielle, poussant au développement de drones guidés par fibre optique, impossibles à brouiller.
La Russie a également recours à des coupures d'internet mobile pour déjouer les attaques.
L'Ukraine, quant à elle, a mis au point des drones intercepteurs équipés de filets. La menace s'étend au-delà de l'Ukraine, considérée comme une forme de "guerre hybride" menée par la Russie. En Allemagne, la multiplication des vols de drones suspects au-dessus de sites sensibles a conduit le gouvernement à investir massivement dans des défenses antidrone. Sur un ancien aérodrome soviétique à Cochstedt, des chercheurs développent des solutions non létales comme des filets, des brouilleurs ou de faux signaux GPS. Le défi majeur reste le coût élevé des systèmes de défense face à des drones offensifs peu onéreux et en constante évolution technologique.
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