Un sondage sur l'islam déclenche une bataille judiciaire et politique



Des députés du groupe La France insoumise (LFI) ont saisi la procureure de Paris, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, après la publication d'un sondage de l'Ifop sur l'islam en France. Selon les élus, cette enquête a « servi de support à des discours incitants à la discrimination, à la haine ou à la violence » à l'encontre des musulmans. Ils estiment que le sondage, intitulé « État des lieux du rapport à l’islam et à l’islamisme des musulmans de France », est fondé sur une « méthodologie très contestable » qui a provoqué des amalgames entre islam, islamisme, musulmans et terroristes.
Les députés soulignent qu'après sa parution, plusieurs actes islamophobes ont été rapportés, citant des mosquées vandalisées ou profanées.
La controverse s'étend également au commanditaire de l'enquête, la revue « Ecran de veille ». S'appuyant sur des articles de presse, les députés LFI signalent des « liens étroits » entre le fondateur de la revue, Atmane Tazaghart, et les services de renseignement des Émirats arabes unis, évoquant une possible « opération d'influence d'une puissance étrangère ».
Atmane Tazaghart a démenti tout financement étranger.
La publication avait déjà provoqué de vives réactions : l'extrême droite y voyant un signe d'« islamisation » tandis que quatre conseils départementaux du culte musulman (CDCM) ont porté plainte contre X pour « stigmatisation ».
Face à ces accusations, l'Ifop dénonce une manœuvre visant à « remettre en cause la fiabilité de notre enquête ». François Kraus, directeur de l'étude, précise que la méthodologie est habituelle et que l'échantillon de 1 005 musulmans a aussi servi à une étude sur les discriminations commandée par la Grande Mosquée de Paris, alors saluée par LFI. Il ajoute que les questions posées sont des reprises de questions utilisées ces trente dernières années par de grands médias.
Le conflit s'est judiciarisé, l'Ifop ayant porté plainte contre deux députés LFI pour dénigrement, tandis que ces derniers ont également saisi la commission nationale des sondages.


















