Verkor, troisième pilier de la « vallée de la batterie » : un symbole industriel face aux défis européens

Le fabricant français Verkor a inauguré sa première usine de batteries pour véhicules électriques près de Dunkerque, renforçant la « vallée de la batterie » des Hauts-de-France, un projet industriel majeur confronté à une forte concurrence internationale et aux incertitudes du marché automobile.

Le fabricant français de batteries Verkor a inauguré le 11 décembre 2025 sa première « gigafactory » à Bourbourg, près de Dunkerque (Nord). Fondée en 2020 à Grenoble, l'entreprise concrétise un investissement de 1,5 milliard d'euros, soutenu par des aides publiques à hauteur de près de la moitié de ce montant, et qui devrait générer 1 200 emplois. L'usine, qui a nécessité le recours à des experts de Corée du Sud et de Malaisie pour bénéficier de l'avance technologique asiatique, doit démarrer la commercialisation de ses premières cellules de batteries début 2026. Le principal client est Renault, qui détient environ 10 % du capital de Verkor et utilisera ces batteries pour ses modèles Alpine électriques et ses utilitaires FlexEVan.

L'objectif est d'atteindre une capacité de production permettant d'équiper 300 000 véhicules par an à l'horizon 2027.

Cette usine est la troisième à devenir opérationnelle dans la « vallée de la batterie » des Hauts-de-France. La première, ACC (coentreprise entre Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz), a démarré sa production à Billy-Berclau (Pas-de-Calais) en 2024 et vise à équiper 250 000 voitures en 2026.

La seconde, AESC, un groupe japonais détenu majoritairement par le chinois Envision, produit déjà des batteries près de Douai (Nord).

Deux autres projets sont prévus : Tiamat, qui construira une usine de batteries sodium-ion à Boves (Somme) dès 2026, et le taïwanais ProLogium, qui a cependant repoussé l'ouverture de son site à Dunkerque à 2028.

L'inauguration de Verkor s'inscrit dans un contexte de forte pression pour la filière européenne. Benoît Lemaignan, cofondateur de Verkor, a souligné la nécessité d'une « protection » pour cette industrie naissante, rappelant que les batteries asiatiques restent 30 à 40 % moins chères.

L'incertitude est renforcée par un possible assouplissement de l'interdiction des ventes de voitures thermiques neuves dans l'UE en 2035.

Présents à l'événement, les ministres français ont réaffirmé leur soutien à la filière, défendant une « préférence européenne » pour les composants critiques afin de récompenser les constructeurs qui s'approvisionnent sur le continent.