Entre diplomatie et stratégie éditoriale, la normalisation du Rassemblement National s'accélère



Marine Le Pen et Jordan Bardella ont été reçus par Charles Kushner, l'ambassadeur des États-Unis en France et émissaire de Donald Trump. L'ambassadeur a indiqué sur le réseau social X avoir voulu en savoir plus sur le programme économique et social du Rassemblement National (RN) et connaître les « vues de ce qui attend la France ». Cette rencontre s'inscrit dans une série d'entretiens menés par M. Kushner avec d'autres figures politiques françaises et candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2027, notamment l'ancien Premier ministre Édouard Philippe et le patron des Républicains, Bruno Retailleau. Le porte-parole de l'ambassade américaine a confirmé que ces entretiens avec un « vaste éventail de partis politiques » sont une pratique régulière.
Cette démarche diplomatique intervient alors que Jordan Bardella avait récemment pris ses distances avec toute influence étrangère lors d'un débat télévisé, affirmant n'avoir « aucune admiration pour un dirigeant étranger quelconque ».
Il avait cependant, quelques instants plus tôt, salué des « leaders courageux comme Giorgia Meloni ou comme Donald Trump » pour leur volonté de mettre fin à la guerre en Ukraine.
Parallèlement à cette visibilité sur la scène diplomatique, la notoriété de Jordan Bardella est également renforcée par une stratégie éditoriale orchestrée par le groupe de Vincent Bolloré. La maison d'édition Fayard, qui appartient à M. Bolloré, publie les ouvrages de M. Bardella ainsi que ceux d'autres personnalités politiques comme Nicolas Sarkozy et Éric Zemmour. Ces livres bénéficient ensuite de la puissance de distribution d'Hachette Livre, également propriété de M. Bolloré, qui contrôle 40 % de l'édition française. Cette position dominante permet de garantir une mise en avant massive de ces titres dans les grandes enseignes comme la Fnac ou les boutiques Relay, qui appartiennent aussi à la sphère Bolloré.
Selon des professionnels du secteur, cette stratégie crée un « effet d'optique » en présentant certains livres comme des best-sellers, même lorsque leurs ventes réelles ne le justifient pas.
Ce mécanisme, qui s'appuie sur une production rapide et une forte rotation, exerce une pression sur les libraires indépendants, qui se voient proposer des remises moins avantageuses et sont incités à mettre en rayon des ouvrages qu'ils n'auraient pas forcément choisis, contribuant ainsi à une visibilité accrue des figures politiques éditées par Fayard.










