Mayotte, un an après Chido : entre promesses de l'État et lenteur de la reconstruction



Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido a ravagé Mayotte, endommageant 80 % du territoire et détruisant ou détériorant près de 60 % des habitations.
Qualifié de catastrophe humanitaire majeure, il a officiellement causé 40 morts et 41 disparus. En réponse, l'État français a rapidement déployé d'importants moyens d'urgence, avec plus de 4 000 personnels de sécurité et militaires, et a distribué une aide humanitaire massive, tout en rétablissant les réseaux essentiels en un mois. Suite à la catastrophe, le gouvernement a fait d'importantes promesses, notamment par une loi d'urgence en février 2025 et une loi de "refondation" prévoyant 4 milliards d'euros d'investissements sur plusieurs années.
Cependant, un an plus tard, le constat sur le terrain est amer.
Selon la députée Estelle Youssouffa, seuls 25 millions d'euros, soit 0,6 % de l'enveloppe promise, auraient été dépensés.
Des dispositifs comme le prêt à taux zéro pour la reconstruction n'ont bénéficié qu'à une cinquantaine de ménages, jugés inadaptés aux réalités locales. Ce décalage alimente un sentiment d'abandon parmi les Mahorais, comme en témoigne la visite de la ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, pour évaluer la situation. La lenteur de la reconstruction est visible partout : de nombreux bâtiments publics à Mamoudzou sont encore recouverts de bâches, et 40 % des établissements scolaires, endommagés ou détruits, fonctionnent avec des classes surchargées et un système de rotation.
La situation est particulièrement précaire dans les bidonvilles.
Malgré l'interdiction de leur reconstruction par les autorités, les habitants, souvent des migrants en situation irrégulière sans accès au logement social, ont rebâti leurs abris en tôle, parfois avec des matériaux de récupération. La question migratoire, source de tensions préexistantes et exacerbée par la crise, reste un défi majeur, sur fond de relations diplomatiques tendues avec l'Union des Comores.












