Consécration de Nathacha Appanah : le Prix Femina récompense un roman puissant sur les féminicides

Le prestigieux prix Femina 2025 a été décerné ce lundi 3 novembre à la romancière et journaliste mauricienne Nathacha Appanah pour son douzième ouvrage, « La nuit au cœur », publié aux éditions Gallimard. La cérémonie s'est tenue au musée Carnavalet à Paris, où le jury, exclusivement féminin, l'a choisie au second tour de vote.

L'autrice, qui s'est dite « tellement heureuse », reçoit ainsi son premier grand prix littéraire. Son roman figurait sur toutes les listes des grands prix d'automne et elle est également finaliste pour le prix Goncourt. « La nuit au cœur » est un livre puissant sur les violences masculines, les féminicides et les mécanismes de l'emprise. Le récit entremêle les destins de trois femmes.

La première est Chahinez Daoud, brûlée vive par son mari à Mérignac en 2021, une affaire qui avait suscité une vive émotion en France. La deuxième est Emma, la propre cousine de l'autrice, tuée par son compagnon sur l'île Maurice en l'an 2000.

La troisième est Nathacha Appanah elle-même, qui raconte sa fuite d'une relation avec un homme violent et manipulateur lorsqu'elle avait 25 ans. L'écrivaine décrit son travail non comme une enquête journalistique, mais comme une « quête » pour comprendre « la noirceur et la dynamique de la violence ».

Elle explique avoir été déclenchée par le meurtre de Chahinez Daoud, qui a fait resurgir des souvenirs douloureux.

Dans une construction romanesque, elle enferme symboliquement les trois agresseurs dans une pièce au début du livre pour démonter les rouages de leur emprise. Elle précise cependant que son livre n'est pas « contre les hommes », évoquant le rôle salvateur de figures masculines comme son père.

Le jury du Femina a également attribué le prix du roman étranger à l'Irlandais John Boyne pour « Les éléments » et celui de l'essai à Marc Weitzmann pour « La part sauvage ». Nathacha Appanah avait déjà été récompensée par le prix Femina des lycéens en 2016 pour « Tropique de la violence ».