Nutri-Score obligatoire : Anatomie d'un échec parlementaire entre santé publique et intérêts économiques



Le 4 décembre 2025, les députés ont rejeté le projet de loi visant à rendre obligatoire l'affichage du Nutri-Score sur la plupart des emballages alimentaires. Le vote, extrêmement serré avec 120 voix contre 117, a confirmé une opposition déjà exprimée par le Sénat le 21 novembre, qui avait repoussé le texte par 212 voix contre 117.
Cette décision met fin, pour l'heure, à l'ambition de faire de ce système d'étiquetage un repère nutritionnel universel en France.
Le projet de loi prévoyait d'uniformiser l'information nutritionnelle pour aider les consommateurs à comparer facilement les produits. Il devait s'appliquer à presque toutes les catégories, à l'exception notable des produits sous signe officiel de qualité comme les AOC ou le Label Rouge.
Pour garantir son application, une mesure coercitive était prévue : une taxe de 5 % du chiffre d'affaires hors taxes pour les entreprises refusant l'affichage.
Cet aspect financier, destiné à financer l'assurance maladie, a été un point de crispation majeur.
Plusieurs facteurs expliquent ce revirement parlementaire.
Les opposants ont dénoncé un manque de concertation avec les filières agroalimentaires et les entreprises.
Le caractère obligatoire et la taxe associée ont été jugés trop brutaux, de nombreux élus préférant une approche incitative plutôt que punitive, résumée par la formule : « L'information, oui ; la taxation, non ».
Le rejet est le fruit d'une coalition hétéroclite unissant des défenseurs des produits du terroir, qui craignaient une dégradation de leur image malgré les exceptions, des parlementaires opposés à de nouvelles contraintes administratives, et ceux soucieux de protéger les PME du secteur. Ce vote illustre la tension entre les objectifs de santé publique et la défense des intérêts économiques et patrimoniaux.
Bien que le projet ait déjà eu des effets positifs, poussant certains industriels à améliorer leurs recettes pour obtenir un meilleur score, son caractère jugé trop standardisé et punitif n'a pas su convaincre.
L'échec de cette généralisation suspend la réforme mais laisse ouverte la question d'un futur compromis pour concilier information du consommateur, santé publique et protection des filières traditionnelles.














