La fracture patrimoniale française : une concentration des richesses qui creuse les inégalités



Selon une analyse complète de l'Insee publiée début 2024, les inégalités de patrimoine en France se renforcent, dessinant une société profondément hiérarchisée.
La moitié des ménages français possède un patrimoine brut supérieur à la médiane de 205 100 euros.
Cependant, cette statistique masque des disparités extrêmes : les 10 % les plus pauvres détiennent moins de 6 200 euros, tandis que les 30 % les moins dotés possèdent moins de 40 000 euros, les exposant à une forte précarité économique. À l'opposé, pour faire partie des 10 % les plus riches, un ménage doit détenir un patrimoine supérieur à 857 700 euros. Ce groupe concentre à lui seul 48 % de la masse totale du patrimoine brut national, un niveau de concentration jugé extrêmement élevé par l'Insee et confirmé par un indice de Gini de 0,652, bien supérieur à celui des revenus. La structure même du patrimoine varie considérablement selon le niveau de richesse. Pour la majorité des ménages, notamment ceux situés entre les 4e et 9e déciles, la résidence principale constitue le cœur de leurs avoirs. En revanche, le patrimoine des plus aisés est nettement plus diversifié, incluant de l'immobilier supplémentaire, des actifs financiers importants et un patrimoine professionnel, ce qui accroît leur résilience et leur capacité d'accumulation. L'âge est également un facteur déterminant : le patrimoine brut moyen augmente fortement jusqu'à environ 60 ans.
Les ménages dont la personne de référence a entre 50 et 79 ans détiennent ainsi 61 % du patrimoine total, bien qu'ils ne représentent que la moitié des ménages.
Ces inégalités patrimoniales sont structurelles et cumulatives.
Elles ne reflètent pas seulement les niveaux de vie actuels, mais conditionnent également la sécurité économique, les opportunités futures et la transmission intergénérationnelle des avantages. Le patrimoine des plus riches génère des rendements qui accentuent mécaniquement les écarts avec le reste de la population, créant une barrière à la mobilité sociale. Cette situation a conduit le Conseil des prélèvements obligatoires à préconiser une refonte de la fiscalité du patrimoine, jugée "complexe, inégalitaire et peu efficace".









