Crise au Louvre : entre incidents en série et colère sociale, le musée face à ses défaillances



Le musée du Louvre est confronté à une série de crises qui soulèvent des questions sur sa gestion et la sécurité de ses collections. Le 26 novembre, une importante fuite d'eau a inondé une salle de la bibliothèque du département des Antiquités égyptiennes. L'incident, causé par une vanne défaillante sur un réseau hydraulique vétuste, a endommagé entre 300 et 400 ouvrages, principalement des revues scientifiques et des périodiques, dont certains dotés de reliures anciennes jugées « irrécupérables ». Selon les syndicats, ce sinistre était prévisible, des alertes sur la vétusté des canalisations ayant été émises depuis des années sans qu'aucune mesure préventive ne soit prise.
Cette inondation s'inscrit dans une « loi des séries » préoccupante pour le musée le plus visité au monde. Elle fait suite au vol des bijoux de la Couronne le 19 octobre et à la fermeture en urgence de la galerie Campana en raison d'un risque d'effondrement des plafonds.
Pour chaque incident, il apparaît que les risques étaient identifiés en amont.
Un audit de sûreté de 2018 avait notamment signalé la vulnérabilité exploitée lors du cambriolage, mais le rapport n'aurait pas été suivi d'effets. De même, le département des Antiquités égyptiennes avait demandé des crédits pour protéger ses collections du risque de fuite, en vain. La gestion de l'établissement est mise en cause, notamment par un récent rapport de la Cour des comptes qui critique les choix stratégiques de la direction, accusée d'avoir privilégié « les opérations visibles et attractives, au détriment de l’entretien et de la rénovation des bâtiments et des installations techniques ». Des dépenses pour la rénovation de bureaux de la direction, pour un montant de 276 000 €, ont également suscité la polémique dans ce contexte. Face à cette accumulation de problèmes et à la dégradation de leurs conditions de travail, une intersyndicale (CGT, SUD, CFDT) a déposé un préavis de grève reconductible à partir du 15 décembre. Les représentants du personnel dénoncent une gestion défaillante et demandent que les moyens humains et financiers soient réorientés en urgence vers la remise en état du musée et la protection de ses collections.



















