Soudan : Entre massacres locaux et ingérences internationales, une guerre sans fin

Une attaque survenue mardi à El-Obeid, capitale de la région stratégique du Kordofan-Nord, a fait au moins 40 morts et des dizaines de blessés parmi des civils réunis pour des funérailles, selon les Nations unies. Cet événement marque une intensification des combats dans cette région centrale, située entre le Darfour et Khartoum, où s'affrontent l'armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui assiègent la ville. Le conflit, qui a éclaté en avril 2023, continue également de faire rage dans la région voisine du Darfour. Depuis la chute d'El-Facher, dernier bastion de l'armée dans la région, le 26 octobre, l'ONU rapporte des massacres, des viols collectifs publics, des pillages et des déplacements massifs de population, avec plus de 71 000 civils ayant fui la ville. La crise humanitaire est catastrophique : la guerre a déjà provoqué des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés. L'OMS dénonce des attaques contre le système de santé, tandis que l'Unicef alerte sur le fait que 14,6 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition sévère.

Au-delà d'une guerre civile, le conflit soudanais est alimenté par des acteurs étrangers qui se projettent dans ce pays charnière entre l'Afrique et le Moyen-Orient, riche en ressources. Les FSR, dirigées par le général Mohamed Hamdan Dogolo, dit Hemetti, seraient soutenues par les Émirats arabes unis, qui profitent du trafic d'or, mais aussi par la Libye et le Tchad.

De leur côté, les Forces armées soudanaises du général Abdel Fattah al-Burhan recevraient l'appui de l'Égypte, de la Turquie, de l'Iran et du Qatar.

La Russie joue un double jeu, entretenant des liens avec l'armée tout en ayant des paramilitaires de Wagner proches des FSR, dans l'espoir d'obtenir un accès à Port-Soudan.

Face à cette escalade, les efforts diplomatiques piétinent.

Une proposition de cessez-le-feu américaine a été étudiée, mais les autorités pro-armée ont affirmé que la guerre se poursuivrait.

Les appels du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à la négociation restent sans réponse.

Les analystes sont partagés sur la voie à suivre : certains appellent la communauté internationale à intervenir plus fermement, tandis que d'autres estiment qu'une pression pour stopper la vente d'armes aux pays impliqués serait plus efficace, craignant qu'une intervention occidentale soit mal perçue par la population soudanaise.