Valorisation des déchets en Normandie : une mosaïque de solutions énergétiques pour un avenir durable

La Normandie transforme ses déchets en une ressource énergétique précieuse, mobilisant agriculteurs, industriels et collectivités autour de diverses filières de valorisation pour accélérer sa transition écologique.

En Normandie, la valorisation des déchets est devenue un levier stratégique de la transition énergétique, illustrée par une diversité de projets allant de l'échelle agricole à l'échelle industrielle. La méthanisation est au cœur de cette dynamique. D'un côté, des projets d'envergure comme le méthaniseur BioNorrois à Fontaine-le-Dun, porté par TotalEnergies avec un investissement de 50 millions d'euros, transforme la pulpe de betterave de son partenaire Cristal Union et les effluents de 130 agriculteurs en biométhane. Un an après son lancement, le site a injecté près de 50 GWh dans le réseau, visant 100 GWh en 2027, ce qui permettrait d'éviter 20 000 tonnes de CO2.

De l'autre, des exploitations agricoles comme celle de Mathieu Deschamps à Cléville démontrent la viabilité d'un modèle à taille humaine, où la méthanisation représente 50 % du chiffre d'affaires et favorise une agriculture durable en réduisant la dépendance aux engrais chimiques. La collecte des déchets alimentaires, qui constituent 30 % des poubelles des Normands, s'organise également, sous l'impulsion de la loi Agec en vigueur depuis le 1er janvier 2024. Des acteurs privés comme Les Alchimistes collectent les biodéchets des professionnels, tandis que des collectivités telles que la Métropole de Rouen ou Le Havre Seine Métropole déploient des bornes d'apport volontaire.

Un projet innovant verra le jour en 2026 à Saint-Etienne du Rouvray avec Modul'o, une micro-unité de méthanisation urbaine développée par Tryon Environnement pour traiter localement les déchets de l'agglomération.

Pour les déchets non méthanisables, d'autres filières énergétiques sont exploitées.

Le bois-énergie, première énergie renouvelable en France, et l'incinération des déchets ménagers non recyclables dans quatre unités régionales contribuent à la production de chaleur et d'électricité. Des technologies émergentes comme l'utilisation de combustibles solides de récupération (CSR), la pyrogazéification ou la gazéification hydrothermale ouvrent de nouvelles perspectives, dont le potentiel a été souligné par l'étude ZIBAC sur l'axe Seine. Cette diversification des solutions souligne le rôle crucial des collectivités pour orchestrer le développement de filières cohérentes et adaptées aux ressources locales, comme le préconise Biomasse Normandie.