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Thanksgiving : entre mythe fondateur et mémoire contestée, le récit d'une nation à table

Célébrée chaque quatrième jeudi de novembre, la fête de Thanksgiving est souvent associée à l'image d'un repas harmonieux entre pèlerins et Amérindiens en 1621. Cependant, derrière ce mythe fondateur se cache une histoire bien plus complexe et contestée, dont les échos résonnent encore dans les célébrations contemporaines.
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Le récit populaire de Thanksgiving, appris par des générations d'Américains, met en scène des pèlerins partageant un repas de fête avec les Amérindiens Wampanoag en 1621 pour célébrer une récolte abondante.

La réalité historique est cependant plus nuancée.

Ce repas n'était pas un « Thanksgiving » au sens puritain du terme – qui désignait alors des journées de jeûne et de prière – mais plutôt une fête des récoltes traditionnelle.

Il s'agissait avant tout d'un événement diplomatique scellant une alliance stratégique.

Le chef Wampanoag, Massasoit, était présent avec 90 de ses hommes, surpassant largement en nombre les colons, et ils contribuèrent de manière significative au festin en apportant cinq cerfs.

Le contexte de cette alliance est également bien plus sombre que ne le suggère l'imagerie populaire.

Arrivés mal préparés pour l'hiver, les pèlerins avaient survécu en partie en pillant des réserves de maïs dans les tombes amérindiennes.

Leur installation à Plymouth n'a été possible que parce qu'une épidémie dévastatrice, survenue entre 1616 et 1619, avait anéanti une grande partie de la population autochtone de la région, laissant des villages abandonnés.

Pour les Wampanoag, affaiblis par la maladie, s'allier avec les Anglais était un moyen de se renforcer face à leurs rivaux, les Narragansett, et d'accéder à des biens commerciaux européens. L'association de Thanksgiving avec les pèlerins est une construction historique tardive.

La tradition des « jours d'action de grâce » proclamés par les autorités existait bien avant, pour célébrer des victoires militaires ou la fin d'épidémies.

Ce n'est qu'en 1863 qu'Abraham Lincoln a instauré Thanksgiving comme fête nationale dans le but de rassembler une nation divisée par la guerre de Sécession. La focalisation sur le repas de 1621 comme « premier Thanksgiving » s'est imposée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, une période de forte immigration, servant à promouvoir un récit des origines centré sur les colons protestants blancs. Aujourd'hui, Thanksgiving est avant tout un grand rituel familial et civil, marqué par des repas copieux, des matchs de football et des parades.

C'est aussi la période de plus grands déplacements de l'année aux États-Unis.

Cependant, cette célébration reste controversée.

Depuis les années 1970, de nombreux peuples autochtones commémorent ce jour comme une « Journée nationale de deuil » (National Day of Mourning), rappelant les violences et la spoliation qui ont suivi la colonisation. Ainsi, deux récits coexistent : celui de la gratitude et celui de la mémoire des traumatismes historiques.

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