Une infirmière de l'AP-HP conteste son licenciement pour avoir refusé de retirer son calot chirurgical



Majdouline B., infirmière à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière depuis 2018, a été licenciée et révoquée de la fonction publique le 10 novembre 2025. La direction lui reprochait de porter quotidiennement un calot chirurgical depuis un an dans son service de médecine interne, un équipement normalement utilisé au bloc opératoire.
L'infirmière a contesté cette décision en référé devant le tribunal administratif de Paris le 23 décembre. L'AP-HP a initialement invoqué une atteinte au principe de neutralité des services publics, suspectant que le port du couvre-chef relevait de convictions religieuses. Cet argument a finalement été écarté, Majdouline B. n'ayant jamais revendiqué une appartenance religieuse et indiquant que cela relevait de sa « vie privée ».
L'avocate de l'AP-HP, Me Violaine Lacroix, a ensuite justifié la sanction par des motifs d'hygiène, se basant sur des recommandations de 2014 du comité de lutte contre les infections nosocomiales.
Elle a précisé que la règle interdisait le port continu d'un calot non fourni par l'établissement dans des zones où il n'est pas prescrit.
De son côté, l'avocat de l'infirmière, Me Lionel Crusoé, soutient qu'« aucune loi, aucun règlement » n'interdit le port du calot dans ce service.
Il dénonce une discrimination, affirmant que d'autres soignantes à l'AP-HP portent un calot, notamment pour des raisons médicales comme une alopécie.
Majdouline B. estime être révoquée pour son « apparence » et non pour ses compétences, et rappelle que durant la crise du Covid, « tout le monde portait calot, masques, surblouse ».
L'affaire a mobilisé une cinquantaine de soutiens, dont des collègues et des syndicalistes, qui se sont rassemblés devant le tribunal. Une représentante du syndicat Sud a dénoncé une « chasse aux bouts de tissu », affirmant avoir recensé une vingtaine de cas similaires à la Pitié-Salpêtrière et d'autres dans plusieurs hôpitaux en France.
La députée LFI Mathilde Panot a qualifié l'affaire d'« islamophobie crasse ».
La Ligue des droits de l'Homme s'est portée partie civile.
Le jugement est attendu d'ici une à deux semaines.









