Le RN relance le débat sur les maisons closes : une proposition de coopératives qui divise la société française



Le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy, soutenu par des figures du parti comme Sébastien Chenu et Marine Le Pen, a initié une proposition de loi pour réautoriser les maisons closes, interdites en France depuis la loi Marthe Richard de 1946. Le projet ne vise pas un retour au modèle d'avant-guerre, mais la création de « coopératives » gérées par les prostituées elles-mêmes.
L'objectif affiché est de lutter contre la prostitution de rue et sur internet, d'améliorer la sécurité et d'offrir des droits sociaux, notamment pour la retraite, aux personnes concernées. Les partisans de la mesure estiment que la loi de 2016, qui pénalise les clients, a échoué et a rendu les prostituées plus vulnérables en les forçant à exercer dans des lieux plus cachés et dangereux. Cette initiative s'inscrit dans un contexte de remise en question de l'efficacité de la législation actuelle. La loi de 2016 a instauré une amende de 1 500 euros pour les clients (3 750 euros en cas de récidive) mais son application est jugée limitée, avec un faible nombre de verbalisations. Selon les articles, entre 30 000 et 40 000 personnes seraient en situation de prostitution en France.
La proposition du RN n'est pas isolée ; en 2024, le député LR Philippe Juvin avait également déposé un texte visant à sécuriser les droits des personnes prostituées.
La proposition a suscité de vives réactions.
Des opposants politiques, comme la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, y voient une tentative de légaliser « l'achat du corps des femmes », contraire à l'égalité, et un « populisme sexuel ».
Le Parti communiste dénonce une « vision réactionnaire ».
Du côté des associations, le Mouvement du Nid qualifie le projet d'« aberrant », affirmant que les maisons closes protègent les clients et non les femmes. Le Syndicat du travail sexuel (Strass), bien que militant pour la dépénalisation, refuse de collaborer avec le RN, l'accusant de chercher à se « dédiaboliser ». D'autres craignent une mainmise de la mafia sur ces structures, citant l'exemple de l'Allemagne comme un contre-modèle où la banalisation de la prostitution n'aurait pas réduit les violences.









