Crise au Louvre : Après le vol des joyaux, la grève révèle des failles profondes

Le musée du Louvre, ébranlé par un vol spectaculaire de joyaux en octobre, fait face à une grève reconductible de son personnel ce lundi 15 décembre. Ce mouvement social met en lumière des dysfonctionnements profonds et une crise de gouvernance au sein de l'institution culturelle la plus visitée au monde.

Les syndicats SNMD-CGT, CFDT et SUD Culture du musée du Louvre ont lancé un appel à une grève reconductible à partir de ce lundi 15 décembre, menaçant de fermer l'institution à l'approche des vacances de Noël. Les 2 200 agents du musée doivent se prononcer lors d'une assemblée générale matinale.

Leurs revendications portent sur des « conditions de travail toujours plus dégradées », pointant le surtourisme avec 30 000 visiteurs par jour, des salaires modestes et la vétusté des bâtiments nécessitant des rénovations urgentes.

Les syndicats réclament notamment la création de postes pour l'accueil et la surveillance, ainsi qu'une modification du modèle de gouvernance jugé « pyramidal et cloisonné ». Ce mouvement social est la conséquence directe du vol de plusieurs joyaux de la Couronne survenu le 19 octobre, un événement qui a agi comme un catalyseur en exposant les failles de sécurité et les problèmes structurels du musée. Cette grève est la deuxième de l'année, après une première journée de mobilisation le 16 juin contre le surtourisme. Les discussions entre les syndicats, la direction et le ministère de la Culture n'ont pas permis d'éviter le conflit, malgré quelques concessions. Face à la crise, la ministre de la Culture, Rachida Dati, s'est engagée à annuler une baisse de dotation de 5,7 millions d'euros prévue pour 2026 et s'est dite prête à autoriser huit recrutements. Surtout, elle a confié à Philippe Jost, déjà en charge de la reconstruction de Notre-Dame, une mission de « réorganisation en profondeur du musée » qui se déroulera en janvier et février 2026. Cette décision fragilise la position de l'actuelle présidente, Laurence des Cars.

En parallèle, une enquête sénatoriale cherche à faire la lumière sur les dysfonctionnements du musée.

Il est apparu que deux audits alarmants, réalisés sous la présidence de Jean-Luc Martinez (2013-2021), n'ont été découverts par la direction actuelle qu'après le cambriolage. La commission de la culture du Sénat doit entendre M. Martinez ainsi que Mme des Cars pour comprendre ces manquements, illustrant une crise qui dépasse le simple conflit social pour devenir une affaire institutionnelle.