
Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) est marqué par la diversité des contrats, du fait de la complexité des opérations de construction et de la multiplicité des intervenants. Pour chaque convention conclue entre maître d’ouvrage, entrepreneur ou sous-traitant, un cadre juridique spécifique est nécessaire et suppose un encadrement par le Code civil et les textes relatifs à la commande publique. Identifier le contrat adapté, comprendre ses effets et anticiper ses risques permettent d’assurer la sécurité des opérations et la pérennité des relations contractuelles. Le contrat d’entreprise : socle juridique du BTP privé Les articles 1710 et suivants du Code civil régissent le contrat d’entreprise, forme la plus courante dans le secteur privé, qui lie un maître d’ouvrage et un entrepreneur pour la réalisation d’un ouvrage moyennant le paiement d’un prix convenu. Ce type de contrat présente la particularité de répondre à une obligation de résultat, celle que l’entrepreneur s’engage à livrer un ouvrage conforme aux stipulations convenues et aux règles de l’art. Dans la pratique, le contrat d’entreprise encadre la construction d’un ouvrage, une rénovation ou des travaux d’aménagement intérieur, et dans la pratique, le devis signé, accompagné d’un cahier des charges, tient souvent lieu de contrat d’entreprise. Les professionnels ont cependant intérêt à préciser les modalités de réception des travaux, les pénalités de retard et les garanties légales (garantie de parfait achèvement, biennale ou décennale). Le contrat de sous-traitance : un outil encadré pour déléguer l’exécution Lorsqu’un projet porte sur une opération d’envergure, l’entrepreneur principal a régulièrement recours à des sous-traitants, par le biais d’un contrat de sous-traitance qui organise cette délégation d’exécution. Ce type de convention suppose une autorisation préalable du maître d’ouvrage et garantit au sous-traitant le paiement direct des prestations réalisées. Ce dernier est prévu par la loi à l’article L145-1 du code de commerce. La rédaction du contrat de sous-traitance doit être rigoureuse, et notamment préciser l’objet des travaux, les délais, les conditions financières et mentionner les polices d’assurance, car en cas de défaillance de l’entrepreneur principal, l’absence de formalisation expose le sous-traitant à un risque de non-paiement. Le marché public de travaux : une logique administrative rigoureuse Si le projet BTP émane d’une collectivité territoriale ou d’un établissement public, la relation contractuelle prend la forme d’un marché public de travaux, le contrat est alors administratif et défini par le Code de la commande publique comme la réalisation d’un ouvrage pour le compte d’une personne publique. Les règles fondamentales qui régissent cette convention sont la mise en concurrence et la transparence. L’entreprise attributaire doit exécuter les travaux conformément aux pièces du marché : cahier des clauses administratives particulières (CCAP), cahier des clauses techniques particulières (CCTP), et acte d’engagement, et supporte des obligations spécifiques en matière de délais, de sécurité et de traçabilité financière. Le contrat de maîtrise d’œuvre : entre conception et coordination Le contrat de maîtrise d’œuvre est celui qui lie un maître d’ouvrage à un architecte, un bureau d’études ou un ingénieur chargé de concevoir, de diriger et de contrôler l’exécution des travaux. Dans le cadre de ce contrat d’entreprise particulier, la responsabilité du maître d’œuvre peut être engagée tant sur les plans techniques qu’économiques. Le maître d’œuvre conçoit ici les plans, assiste à la passation des marchés et veille à la conformité du chantier, et une clause de mission partielle ou complète détermine en pratique l’étendue de ses obligations. Ce type de contrat doit être particulièrement précis, car la jurisprudence sanctionne régulièrement les manquements du maître d’œuvre en matière de conseil ou de coordination, notamment en cas de surcoût injustifié ou de non-respect des normes techniques. Le contrat de construction de maison individuelle : un encadrement protecteur Le contrat de construction de maison individuelle (CCMI) encadre la construction d’une maison pour des particuliers, et par conséquent protège le maître d’ouvrage non professionnel grâce à des garanties obligatoires telles que la garantie de livraison à prix et délai convenus, la garantie de parfait achèvement et la garantie décennale. Dans ce contrat, le constructeur est soumis à une obligation de résultat et assume la responsabilité globale du chantier. Le CCMI impose la remise d’un plan, la description des travaux, le coût total et les conditions de paiement, de sorte qu’il sécurise les relations entre les particuliers et les professionnels du bâtiment, en évitant les dérives contractuelles et les litiges relatifs aux dépassements de budget ou aux malfaçons.












