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Turquie : trois danses populaires et leur histoire

Turquie : trois danses populaires et leur histoire Soumis par Sara Tor le ven 24/05/2024 - 12:24 La danse représente un élément important de la culture turque. Middle East Eye en explore différents styles et leur signification Un halaybaşı, mouchoir à la main, dirige un halay lors d’une soirée traditionnelle au henné en Turquie (Sara Tor/MEE) On Ce n’est un secret pour personne que les Turcs aiment danser. Si dans la plupart des cultures, les gens se mettent à danser lors de mariages et d’occasions spéciales, pour les Turcs, il est aussi tout à fait normal de danser lors de manifestations, de fêtes nationales et même lors de campagnes électorales. En mai 2023, le maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, a retroussé ses manches et commencé à danser sur scène, à Trabzon, devant une foule enthousiaste. Danser fait tellement partie de la culture turque que s’y adonner ne semble jamais vraiment incongru. En revanche, il ne s’agit jamais d’une simple improvisation : vous verrez rarement dans le pays des gens effectuer un simple mouvement de tête ou se balancer sans rythme. En Turquie, la danse a toujours une structure et une forme spécifique. Alors que les danses varient d’une région à l’autre, la plupart des mouvements ont été transmis de génération en génération et ont une signification historique. Middle East Eye se penche ici sur les trois principaux styles de danse turcs observables à travers le pays. 1. Le halay L’une des danses les plus populaires de Turquie, que l’on peut voir dans tout le pays mais plus particulièrement dans l’est et le sud-est, est le halay. Les danseurs forment une longue ligne qui s’incurve en un demi-cercle ou un cercle complet. Il n’y a pas de limite au nombre de participants. Chaque danseur doit entrelacer ses mains ou ses doigts avec ceux de ses voisins de chaque côté, avant de se déplacer dans le sens inverse des aiguilles d’une montre en effectuant des pas au rythme de la musique. Hommes et femmes peuvent danser ensemble. Le tempo s’accélère souvent à mesure que les danseurs s’habituent au jeu de jambes. Si cette danse a des ressemblances frappantes avec le sirtaki grec ou la dabkeh arabe, il n’en est rien pour les Turcs : selon eux, le halay plonge ses racines dans l’ancienne mythologie turque et ses origines chamaniques en Asie centrale. La danse est mentionnée dans plusieurs légendes, tandis que le fait de danser en cercle ou en demi-cercle autour d’un feu fait partie de certains rituels chamaniques d’Asie centrale. Aujourd’hui, les Turcs dansent encore le halay autour d’un feu lors de certaines fêtes et occasions, telles les célébrations saisonnières de Norouz ou de Hıdırellez. Le mot « halay » serait lui-même dérivé de la locution « al-hal » qui signifie « feu » et « société ». Un village célèbre une fête nationale en dansant un halay autour d’un feu (Sara Tor/MEE) Dans le halay, la position la plus importante est celle du meneur, connu sous le nom de halaybaşı. Le halaybaşı choisi est généralement quelqu’un de respecté qui connaît bien la danse, c’est lui qui est chargé de fixer les pas et le rythme. Un halaybaşı n’est rien sans son mouchoir. En l’agitant pendant qu’il danse, le meneur aide le reste des danseurs à demeurer à la fois dans le rythme et en ligne. Le mouchoir n’est pas seulement utile, il aurait également des liens avec des rituels chamaniques durant lesquels des rubans colorés, des boucliers, des drapeaux et des haches étaient brandis pendant la danse pour éliminer les mauvais esprits. Enfin, il n’y a pas de halay sans musique. Les deux instruments indispensables à cette danse sont le davul (tambour à deux faces) et la zurna (de la famille des hautbois). Si la zurna est un élément essentiel du halay depuis le XIVe siècle, l’emploi du davul remonte à bien plus loin dans le temps. Des peintures rupestres préhistoriques découvertes en Turquie, en Azerbaïdjan, au Kazakhstan et au Kirghizistan contemporains, par exemple, représentent des personnages en train de danser en formation halay au son d’un tambour. Le davul occupe donc encore de nos jours une place centrale. Non seulement le halaybaşı fait se mouvoir le groupe au rythme du tambour, mais, souvent, il s’éloigne de la ligne pour danser près du tambour de manière indépendante. 2. Le horon Le horon est la danse préférée des Turcs de la région de la mer Noire, dans le nord. Cette tradition très appréciée a été ajoutée à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2021. Accompagnée soit d’un petit instrument à cordes appelé kemençe, soit d’une sorte de cornemuse connue sous le nom de tulum, la danse est composée de trois sections durant lesquelles les participants ont, là aussi, les mains entrelacées. Pour aider les danseurs à enchaîner facilement chaque phase, le meneur du horon crie des ordres signalant les changements. La première partie commence lentement, avec des pas en avant et des torsions en arrière, puis le tempo augmente progressivement. Au fur et à mesure que le rythme s’accélère, les danseurs lèvent les mains et redressent leur corps. Vient ensuite la deuxième phase. Les mains baissées, le buste penché en avant, les danseurs effectuent un jeu de jambes beaucoup plus compliqué sur les côtés, en avant et en arrière et secouent les épaules. Le horon peut également être dansé par les femmes, qui portent des tenues aux couleurs vives (Akçaabat Belediyesi/MEE) Commence enfin le dernier segment, durant lequel le tempo est encore plus rapide, tout comme les mouvements d’épaules et les tapements de pieds des danseurs. La danse n’est pas sans symbolisme. Par exemple, lever les mains est considéré comme une démonstration de force et de bravoure, tandis que se pencher ou s’accroupir représente le repos des ouvriers agricoles. Le mouvement rapide des épaules et le tempo vif, pour leur part, représenteraient les vagues agitées de la mer Noire et les déplacements furtifs des célèbres anchois pêchés dans la région. Tant les hommes que les femmes peuvent danser le horon, séparément ou ensemble. Ils portent souvent des costumes traditionnels. La tenue des femmes se compose généralement d’une chemise et d’une veste colorées, d’un foulard et d’une jupe longue aux couleur vives sur un shalwar. Les hommes, eux, sont tout de noir et blanc vêtus et disposent de nombreux accessoires, comme une ceinture avec de longues bandes de cuir noir auxquelles peuvent être attachés du matériel de chasse ou des armes ; une montre de poche dont les chaînes pendent sur la poitrine ; et une musca – une petite boîte triangulaire accrochée autour du cou qui contient une note écrite, telle qu’une prière, afin de conjurer le mal. On ignore les origines de cette danse. Certains pensent qu’elle est grecque et affirment que son nom dérive du grec « xoros », qui est un type de danse exécutée en cercle. D’autres soutiennent qu’elle remonte aux colonies génoises médiévales, affirmant qu’elle a ses racines dans la carole, une danse médiévale française dont le nom peut aussi se prononcer « horol ». Ceux qui ne sont convaincus par aucun de ces arguments peuvent se référer à l’origine turque du mot : horom, qui signifie moyette de blé. La forme que prennent les danseurs rappellerait cette manière d’attacher les gerbes de blé, dit-on. Quelles que soient ses origines, cette danse folklorique revêt une grande importance culturelle et est connue aussi bien des jeunes que des moins jeunes. C’est un horon que le maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu a dancé lors de sa campagne électorale. 3. Le zeybek Dans l’ouest de la Turquie, c’est le zeybek qui règne. Chorégraphiée de manière à représenter la force et l’héroïsme, cette danse est très différente du halay et du horon : aucun entrelacement des mains, chaque danseur est seul. Les bras sont écartés du corps puis levés en l’air. Des pas lents et délibérés sont ensuite effectués avant que le danseur ne s’accroupisse, ne touche le sol avec son genou et ne se redresse. Ces mouvements sont répétés selon un schéma circulaire au rythme d’un lent battement de davul et de zurna. Bien que l’origine du zeybek soit encore sujette à débat – d’aucuns suggèrent qu’elle pourrait plonger ses racines dans la Grèce antique ou en Europe –, l’idée la plus répandue est que cette danse serait née dans l’Empire ottoman au cours du XVIe siècle. Un homme en train de danser le zeybek ; il va bientôt se baisser pour mettre un genou au sol (Sara Tor/MEE) À cette époque, la région connaissait de nombreux troubles politiques et sociaux qui poussèrent de petits groupes d’hommes à se soulever et protéger leur village. Ces hommes, sorte de soldats non officiels, étaient connus sous le nom de zeybeks et leur chef était désigné par le terme « efe ». On pense que la danse tire non seulement son nom de ces hommes, mais qu’elle les représente également – d’où ses mouvements forts et nobles. Dans le passé, le zeybek était principalement réservé aux hommes en raison de ses origines. Les danseurs portent un pantalon court semblable à un jodhpur qui arrive au genou. La tenue est également accompagnée d’un fez décoré de fleurs au crochet pour représenter les montagnes, d’une pampille et d’une large ceinture en soie dans laquelle peut être glissé un pistolet, et enfin d’une paire de longues bottes noires. Les femmes ont commencé à se joindre à la danse en 1916, lorsqu’un professeur d’éducation physique, Selim Sırrı Tarcan, surnommé « Sari Zeybek », a légèrement modifié les mouvements existants afin de symboliser et représenter l’amour entre un homme et une femme. En 1925, il a exécuté cette danse avec une étudiante lors d’une conférence à laquelle assistait le président turc de l’époque, Mustafa Kemal Atatürk. Ce dernier aurait apprécié la chorégraphie et déclaré que le zeybek devrait être dansé lors de salons de conversation avec des femmes. Traduit de l’anglais (original). Culture ANTALYA, Turquie Actu et enquêtes Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Casablanca, un concentré d’architecture « avant-gardiste » à préserver

Casablanca, un concentré d’architecture « avant-gardiste » à préserver Soumis par AFP le dim 26/05/2024 - 08:00 Contrairement à d’autres villes historiques du Maroc, l’héritage architectural de la capitale ne se limite pas aux murailles de sa médina qui datent du XVIIIe siècle, mais comprend un tissu urbain conçu en plein essor de l’économie coloniale sous le protectorat français Pour les amateurs d’architecture, Casablanca offre un festin visuel de carreaux maures, de minarets anciens et de façades coloniales françaises avec des touches Art déco (Fadel Senna/AFP) Off Le rythme effréné de Casablanca ne laisse « pas le temps de vraiment apprécier » la ville, réalise Mehdi Ksikes, touriste d’un jour, en redécouvrant le centre de la capitale économique marocaine, considéré comme un concentré architectural unique d’influences marocaines et européennes d’Art déco. Pendant le mois de Ramadan, des visites nocturnes ont été organisées à travers différents quartiers casablancais par l’association Casamémoire pour sensibiliser à la préservation d’un patrimoine parfois en situation critique, abandonné ou objet de convoitises immobilières.         Voir cette publication sur Instagram                       Une publication partagée par CASAMEMOIRE (@casamemoire.officiel) « Je suis né à Casablanca, j’y vis, mais cela ne m’empêche pas de découvrir des choses », relève au cours d’une visite Mehdi Ksikes, un gérant de société de 51 ans. La vie dans cette métropole bouillonnante de plus de trois millions d’habitants est telle qu’« on ne prend pas le temps de vraiment l’apprécier » alors qu’ « il y a encore des trésors à préserver », commente-t-il. « Notre combat aujourd’hui est la valorisation de ce patrimoine, » explique Yacine Benzriouil, membre de Casamémoire, créée en 1995 après la destruction de plusieurs bâtiments historiques remplacés par des structures modernes de bureaux et d’habitations. Il faut « réfléchir à comment faire vivre ces bâtiments avant qu’ils ne soient condamnés à disparaître », poursuit ce guide bénévole, l’un des 200 à avoir animé les « Nocturnes du patrimoine » qui ont réuni 4 000 participants en deux jours fin mars. « Une ville d’avant-garde » Contrairement à d’autres villes historiques du Maroc, l’héritage architectural de Casablanca ne se limite pas aux murailles de sa médina qui datent du XVIIIe siècle, mais comprend un tissu urbain éclectique et expérimental, conçu en plein essor de l’économie coloniale sous le protectorat français (1912-1956). De jeunes architectes européens en ont fait « une ville d’avant-garde dans l’exploration des théories architecturales et urbaines du XXe siècle », explique à l’AFP le président de Casamémoire, Karim Rouissi. Ils ont construit des bâtiments au style néo-mauresque inspiré de l’architecture coloniale en Algérie et en Tunisie, puis ont développé le néo-marocain caractérisé par des structures classiques intégrant l’artisanat marocain, avant la prolifération de l’Art déco, précise Karim Rouissi, également architecte. « As time goes by » : Casablanca se réinvente en une ville moderne et cosmopolite Lire L’ancien quartier administratif compte parmi les plus belles constructions néo-marocaines de la ville, regroupées autour d’une vaste place, parmi lesquelles le tribunal de première instance ou la wilaya (préfecture). Celle-ci est un parfait exemple du mélange d’influences. Inspiré d’un palais de Sienne en Italie, le bâtiment s’ouvre sur l’extérieur avec des balcons structurés par des arcs et surmontés de tuiles vertes, deux éléments très courants dans l’architecture marocaine, selon Casamémoire. Une fois à l’intérieur, tout comme dans le Palais de justice, de beaux patios verdoyants, tapissés de zelliges (mosaïques faites à la main), se révèlent. À quelques pas de là, une guide explique que les pierres polies encadrant certaines fenêtres de la Banque centrale s’inspirent des minarets des mosquées de la Koutoubia à Marrakech et de la Giralda à Séville, construites au XIIe siècle sous la dynastie des Almohades. Ces éléments traditionnels y coexistent avec des détails Art déco, comme la verrière intérieure en forme de ruche. Si certains joyaux architecturaux sont parfaitement préservés, comme le cinéma Rialto ou la Poste, d’autres tombent en décrépitude. ART: Cinéma RIALTO à CASABLANCA (MAROC). pic.twitter.com/eLEaCtTEmO — Nadia SCHAAD (@NadiaSchaad) August 8, 2022 D’après Hassan Zohal, responsable au ministère marocain de la Culture, 100 bâtiments de Casablanca doivent « prochainement » être inscrits à la liste du patrimoine national, s’ajoutant aux 483 déjà recensés. Cela oblige les propriétaires à préserver l’architecture originale des façades lors de la réalisation de travaux. Yacine Benzriouil, t-shirt jaune barré du message « Volontaire pour mon patrimoine » sur le dos, souligne que si les autorités sont conscientes de l’intérêt architectural et patrimonial de ces bâtiments, certains demeurent fermés. « La bataille de la conservation est à moitié gagnée », estime-t-il, appelant à « encourager des investisseurs à les acheter pour y installer leur siège ». Sur le boulevard Mohammed VI, l’hôtel Lincoln illustre son propos.  Emblématique, l’établissement a été laissé à l’abandon des décennies durant, avant que des investisseurs privés lancent le projet de sa reconstruction, avec remise à jour de la façade originale de 1917. Par Ismail Bellaouali. Maroc Reportages Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Sahara occidental : la guerre avec le Maroc a poussé ces réfugiés à fuir leur terre mais ils croient au retour

Sahara occidental : la guerre avec le Maroc a poussé ces réfugiés à fuir leur terre mais ils croient au retour Soumis par Alex MacDonald le lun 27/05/2024 - 09:34 Au moins 4 000 Sahraouis ont fui vers le camp de réfugiés d’Aousserd en Algérie depuis la reprise des combats entre leur armée de résistance et le Maroc. Mais ils sont prêts à se battre pour rentrer chez eux Sidate Side Bahia (à gauche) et Naim Ahmed Salm Ibarki dans leur maison provisoire, dans le camp de réfugiés d’Aousserd (MEE/Alex MacDonald) On Dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le Front Polisario, le bourdonnement constant des drones est désormais une réalité continue et exaspérante. Sidate Side Bahia et Naim Ahmed Salm Ibarki se souviennent d’un jour fatidique de 2021 où ils ont entendu ce son pour la première fois. Un cessez-le-feu de plusieurs décennies entre le Front Polisario, mouvement de lutte pour l’indépendance du Sahara occidental et le Maroc avait été rompu en novembre 2020. Dans le ciel, les deux hommes ont entendu des drones se diriger vers leurs petites fermes. « Ils savent ce que nous avons fait dans le passé, ils savent que nous n’avons peur de personne » - Sidate Side Bahia, réfugié sahraoui Ils ont attrapé tout ce qu’ils pouvaient, ont sauté dans une voiture et ont traversé la frontière vers l’Algérie pour rejoindre les centaines de milliers d’autres Sahraouis vivant en exil. Ils vivent désormais dans le camp de réfugiés d’Aousserd, avec des proches et de nombreuses autres personnes chassées des « territoires libérés », comme les indépendantistes sahraouis appellent les 20 % du Sahara occidental non détenus par le Maroc. Leur nouvelle maison est toujours remplie de bagages, emportés lors de leur fuite. Ils ont laissé derrière eux la plupart de leurs biens, y compris des animaux. « Le Maroc n’a aucune force, ce sont juste des drones », explique Sidate Side Bahia à Middle East Eye depuis son nouveau domicile. « S’ils nous combattaient uniquement avec des kalachnikovs, ils savent de quoi nous serions capables. Ils savent ce que nous avons fait dans le passé, ils savent que nous n’avons peur de personne. » Les deux hommes ont combattu autrefois avec le Front Polisario : d’abord contre l’Espagne, pendant les 92 années de règne de ce pays sur leur patrie, puis contre le Maroc et la Mauritanie, lorsque les voisins sont intervenus pour se partager le territoire après le départ des Espagnols en 1976. « Nous serions ravis de recommencer la guerre » En tant que membres du Polisario, ils ont contribué à la lutte pour le contrôle des territoires libérés à l’aide, de leur propre aveu, uniquement des kalachnikovs et des véhicules. Environ 170 000 réfugiés de cette guerre résident désormais dans des camps en Algérie comme Aousserd. Un cessez-le-feu, conclu en 1991, a consolidé le contrôle du Maroc sur les territoires à l’ouest du mur de sable, aussi appelé « Berm ». Tout ce qui se trouve à l’est de ce mur est administré par le Polisario. Cette trêve a été convenue, étant entendu qu’un référendum serait organisé par les Sahraouis pour décider s’ils vivraient de manière indépendante ou sous domination marocaine. Villes fantômes, roquettes et drones : la guerre du Front Polisario au Sahara occidental Lire Mais cela ne s’est jamais concrétisé, et avec la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, Sidate Side Bahia et Naim Ahmed Salm Ibarki estiment désormais que cette période a été gâchée et souhaiteraient ne jamais déposer les armes. « Les États-Unis ont promis qu’ils trouveraient une solution pour nous et au cours des 30 dernières années, ils n’ont rien dit », relève Ahmed Salm Ibarki. Sidate Side Bahia, qui a maintenant 80 ans, est du même avis. Il exprime des sentiments devenus de plus en plus courants parmi les résidents du camp, trop jeunes même pour se souvenir de la première guerre avec le Maroc. « Nous ne voulions l’aide de personne. Si vous souhaitez nous aider, bienvenue à vous. Si vous ne voulez pas nous aider, cela ne nous intéresse pas. La difficulté, c’est si quelqu’un fait une promesse et qu’il ment », souligne-t-il. « Nous serions ravis de recommencer la guerre. C’est une mauvaise chose, mais nous n’avons aucune solution. » Le Polisario a déclaré la fin du cessez-le-feu fin 2020, ciblant les bases marocaines le long du mur. Le Maroc, quant à lui, a ciblé les territoires libérés, principalement par des frappes de drones. Les raids et l’insécurité ont poussé des milliers de personnes à fuir soit vers la Mauritanie, soit vers les camps de réfugiés algériens, administrés par le Polisario sous l’égide d’Alger. Selon Khira Bulahi, la gouverneure du camp d’Aousserd, environ 4 000 personnes ont afflué dans son camp depuis 2020 seulement. Avant le début des combats, environ 10 000 personnes vivaient dans les territoires libérés, une superficie équivalente à la Grèce. Cette vague de déplacements a eu lieu au plus fort de la pandémie de covid-19, rendant la tâche plus difficile pour les autorités luttant pour accueillir un plus grand nombre de personnes dans un environnement déjà confronté à des ressources limitées, des coupures d’électricité régulières, un manque d’eau courante et d’infrastructures de santé de base. Pour ceux qui vivent dans les camps, il y a peu de place pour le romantisme ou la tendresse. De nouveaux bâtiments surgissent, construits en béton, contrastant avec les tentes et les habitations en terre cuite utilisées pendant des décennies. Pourtant, les habitants insistent sur le fait qu’ils ne sont pas amenés à rester là. Selon une croyance dominante, leur vie ici est temporaire et ils finiront par retourner au Sahara occidental. Cette croyance est partagée même par ceux qui n’ont jamais vu leur pays d’origine. « Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait en espérant partir demain » - Khira Bulahi, la gouverneure du camp d’Aousserd Comme il n’y avait tout simplement pas assez de ressources pour créer un nouveau camp de réfugiés pour les personnes fuyant les territoires libérés, et cela malgré le nombre de personnes, ces nouveaux réfugiés ont donc été répartis dans les cinq camps proches de la ville de Tindouf en Algérie, explique à MEE Khira Bulahi. « Ils étaient très nombreux à arriver des zones libérées jusqu’ici, et ce n’était pas facile. Fuir, voilà ce qui leur restait pour sauver leur vie. Et notre responsabilité était simplement d’accueillir les Sahraouis d’où qu’ils viennent », souligne-t-elle. De nombreux réfugiés ont été « traumatisés » par cette expérience, ajoute-t-elle en précisant que son personnel a dû se concentrer sur les soins à apporter aux personnes blessées et sur le retour des enfants à l’école. Aujourd’hui, la population des camps de réfugiés est plus importante que jamais, ce qui pourrait être considéré comme un recul pour un mouvement national qui tente de retourner dans son pays d’origine. Pourtant, Khira rejette l’idée selon laquelle les Sahraouis s’enracinent dans le camp, ou que la construction de maisons dotées d’infrastructures plus permanentes et le nouvel afflux de personnes impliquent qu’ils sont là dans une perspective de long terme. « C’est tout le contraire. C’est juste une apparence », affirme-t-elle. « C’est le travail des individus… Quand on regarde davantage les bâtiments, ils ne sont pas alignés les uns derrière les autres, ils ne sont pas organisés. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait en espérant partir demain. » Purgatoire sans perspective Pour les jeunes qui ont passé leur vie dans les camps de réfugiés et qui ont toujours vu les solutions politiques non violentes de plus en plus reléguées au second plan, la perspective d’un conflit peut être séduisante. Dans l’esprit de beaucoup, les déserts largement vides du sud-ouest de l’Algérie sont un purgatoire qui n’offre aucune perspective. Leur patrie sous contrôle marocain – appuyé sur l’Atlantique et offrant la mer, la pêche et de riches ressources naturelles (y compris de précieuses mines de phosphate) – est au centre de leurs espoirs. Mant Agulha, la petite-nièce de Sidate Side Bahia, semble émue en parlant du Sahara occidental, alors que la jeune femme de 19 ans n’y est jamais allée. Exaspérés, les Sahraouis se disent favorables à une action militaire contre le Maroc Lire « Notre patrie nous manque. C’est si difficile de naître dans un camp de réfugiés, de grandir et d’entendre les gens parler de notre terre et dire : ‘’Oh, elle a une belle plage, elle a de beaux poissons, elle a beaucoup de choses’’, alors que pour nous, c’est tellement difficile », confie-t-elle. « Personne ne croit que la Terre est pour nous. » Selon Khira Bulahi, les autorités du camp doivent travailler activement à empêcher les jeunes hommes de se lancer immédiatement dans le conflit. Il existe un camp d’entraînement pour ceux qui veulent se battre, mais il est réservé aux plus de 20 ans et aux volontaires. « Le plus gros problème auquel nous avons été confrontés après le cessez-le-feu était de convaincre nos jeunes qu’il n’est pas nécessaire de se battre », rapporte-t-elle en ajoutant qu’ils étaient plutôt encouragés à poursuivre leurs études. « Et même s’ils choisissent d’aller se battre, nous ne leur avons pas dit d’aller mourir. » Les responsables du Front Polisario ont pris soin de souligner qu’ils n’avaient aucune envie de faire la guerre pour le plaisir de la guerre et que la responsabilité de la violence incombait au Maroc. Les Sahraouis ordinaires sont cependant souvent moins diplomates. Dans leur esprit, le monde a oublié leur lutte et a mis tout son poids derrière le Maroc, à la seule exception de l’Algérie. Fin avril, la France a annoncé sa participation au financement d’un câble électrique de trois gigawatts reliant la ville marocaine de Casablanca à la ville de Dakhla au Sahara occidental. « Ils [les États-Unis] nous ont laissés sur leur chemin, ils ont laissé le monde nous oublier » -  Naim Ahmed Salm Ibarki, réfugié sahraoui Paris a également manifesté son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc, qui accorde théoriquement un certain degré d’autonomie au Sahara occidental mais a été farouchement rejeté par le Polisario. Le plus dommageable est qu’en 2020, l’administration Trump a accepté de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des liens avec Israël. Et malgré quelques protestations des démocrates à l’époque, le président Joe Biden n’est pas revenu sur cette reconnaissance. Les cartes du gouvernement américain de la région intègrent le territoire au Maroc, contrairement à celles du reste du monde. Sidate Side Bahia a amèrement rejeté cette normalisation en la qualifiant d’« échange commercial ». Pour Naim Ahmed Salm Ibarki, les États-Unis ont tout naturellement opté pour « celui qui a le pouvoir ». « Ils nous ont laissés sur leur chemin, ils ont laissé le monde nous oublier », a-t-il déclaré. Selon leurs familles, les deux hommes sont restés relativement inactifs depuis leur arrivée dans le camp. Mais ils rejettent toute suggestion selon laquelle ils seraient déprimés ou découragés face à leur situation. « Nous n’avons peur de rien. Même les enfants de 10 ans veulent aller à la guerre », assure Sidate Side Bahia. « Si vous leur parlez, vous dites : ‘'Oh, regarde, c’est un homme !’’ » Traduit de l’anglais (original). Sahara Occidental Reportages Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Festival de Cannes : Vanity Fair France efface le pin’s Palestine de la veste de Guy Pearce, tollé en ligne

Festival de Cannes : Vanity Fair France efface le pin’s Palestine de la veste de Guy Pearce, tollé en ligne Soumis par Pauline Ertel le mar 28/05/2024 - 10:05 Pour les internautes, il s’agit d’un acte de censure délibéré. Les critiques ont été telles que le média s’est excusé pour avoir « publié par erreur une version modifiée » de la photo Lors de la projection du film Les Linceuls, en compétition lors du 77e Festival de Cannes, le 20 mai 2024, Guy Pearce portait un pin’s du drapeau palestinien (Clodagh Kilcoyne/Reuters) Off Spectacle éblouissant de cinéma, de mode et de glamour, le Festival de Cannes est communément réputé pour célébrer les films d’art et d’essai et  le meilleur du cinéma européen. Depuis sa création en 1946, les photographes capturent avec fébrilité les images des stars du show-business qui affluent dans la ville de la Riviera française pour le festival annuel. Cette année, une photo prise par la filiale française du magazine mensuel américain Vanity Fair est devenue virale pour des raisons inattendues. So Guy Pearce showed solidarity with Palestine at Cannes by wearing a pin and Vanity Fair decided to photoshop it out. 🇵🇸 Little did they know the bracelet was also of the Palestinian flag colors. pic.twitter.com/kxdoVzJa2v — Ahmed Hathout 🇵🇸 (@ahmedhathoutt) May 26, 2024 Traduction : « Guy Pearce a donc manifesté sa solidarité avec la Palestine à Cannes en portant un pin’s et Vanity Fair a décidé de la photoshoper. Ils ne savaient pas que le bracelet était également aux couleurs du drapeau palestinien. » L’acteur australien Guy Pearce, aux côtés des actrices Cate Blanchett et Pascale Kann, de la top model Bella Hadid et de la réalisatrice marocaine Asmae El Moudir, a manifesté sa solidarité envers les Palestiniens assiégés par l’assaut continu d’Israël sur Gaza, en portant une épingle du drapeau de la Palestine et un bracelet aux couleurs du drapeau du pays. Le 21 mai, Vanity Fair a publié une photo de Pearce dans un article intitulé « Journal quotidien de Cannes », qui présentait plusieurs photos de célébrités participant au festival. Sur l’image, l’acteur apparaissait souriant devant la caméra dans un smoking noir Yves Saint Laurent. Mais il manquait un détail important sur le revers gauche de sa veste : le pin’s du drapeau palestinien. Le journaliste égyptien Ahmed Hathout a remarqué le changement et s’en est étonné sur X. Pearce, comme s’il anticipait ce qui pourrait arriver, selon certains internautes, a assorti le pin’s à un bracelet discret aux couleurs du drapeau palestinien, qui lui n’a pas été retouché. « Pour ça, c’est un génie. Il SAVAIT qu’il ne fallait pas faire confiance aux médias occidentaux », a déclaré Ahmed Hathout sur X. « Une décision éditoriale intentionnelle » Les internautes se sont moqués de Vanity Fair pour avoir oublié de retoucher le bracelet. D’autres ont également exprimé leur mécontentement en accusant Vanity Fair de censurer les manifestations de solidarité propalestinienne. « Vous vous souvenez des leçons sur l’utilisation totalitaire de Photoshop par Staline ? », a interrogé d’un d’eux. « Ça rappelle que les médias… feront tout pour cacher toute forme de solidarité », a commenté un utilisateur sur TikTok. Le 26 mai, Vanity Fair France s’est excusé et, sous le post du journaliste, a répondu : « Bonsoir. Nous avons publié par erreur sur le site une version modifiée de cette photo. La version originale avait été publiée sur Instagram le même jour. Nous avons rectifié notre erreur, nous présentons toutes nos excuses. » La robe « drapeau palestinien » de Cate Blanchett sur le tapis rouge de Cannes suscite l’admiration Lire En ligne aussi, une note a été publiée sous la photo de Guy Pearce : « Une version précédente de cette image a été publiée sur le site, la version originale était celle-ci, publiée simultanément sur Instagram. Nous présentons toutes nos excuses. » Sur le site, l’image non retouchée a été publiée. Plusieurs internautes ont répondu au magazine, en affirmant qu’il s’agissait selon eux d’une « décision éditoriale intentionnelle ». « Ce n’est pas une erreur. Arrêtez vos mensonges. Vous avez rectifié juste parce que vous vous êtes faits griller en ligne et que ça a été beaucoup relayé. La honte », a posté une internaute. « Pourquoi avez-vous d’abord ‘’modifié’’ la photo pour enlever le drapeau palestinien ? » a demandé un autre utilisateur. « VOICI la question qui nécessite une réponse rapide. » La raison pour laquelle Vanity Fair a publié l’image modifiée sur son site web reste floue. Middle East Eye a contacté le magazine pour obtenir une réaction mais n’avait pas reçu de réponse au moment de la publication. Guy Pearce, qui a remporté le Primetime Emmy Award du meilleur acteur dans un second rôle en 2011, est un défenseur connu de la Palestine. En décembre 2022, il a appelé au boycott de la marque sportive Puma en raison de son partenariat avec l’Association israélienne de football (IFA). Des militants palestiniens avaient critiqué ce parrainage car les équipes de football de l’IFA sont autorisées à jouer en territoire occupé en Cisjordanie, en violation du droit international et des règles établies par la Fédération internationale de football (FIFA). En décembre 2023, Puma a rompu son parrainage, qui durait depuis un an. Bien que la marque ait affirmé que l’arrêt de cette opération de financement n’était pas lié aux appels internationaux au boycott, cet abandon a été largement célébré comme un exemple positif de l’efficacité des boycotts. Traduit de l’anglais (original). Guerre Israël-Palestine Actu et enquêtes Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Algérie : l’oléiculture prospère malgré le réchauffement climatique

Algérie : l’oléiculture prospère malgré le réchauffement climatique Soumis par Yasmine Marouf Araibi le mer 29/05/2024 - 08:00 Alors que de plus en plus de producteurs tentent de propulser l’huile d’olive algérienne sur le devant de la scène internationale, cette dynamique est menacée par la sécheresse et les incendies Le producteur algérien d’huile d’olive Hakim Alileche, à Ain Oussera dans la province de Djelfa, au sud de la capitale algérienne. Son huile, Dahbia, remporte régulièrement des prix à l’international : ce mois de mai, elle a obtenu deux médailles d’or, en Suisse et au Danemark (Ryad Kramdi/AFP) On Dans le café de Mounir, rue Belouizdad, dans le centre d’Alger, on retrouve ce qu’un café ordinaire peut proposer, des boissons et des gâteaux, mais un nouvel ingrédient a fait intrusion : l’huile d’olive. Un papier rectangulaire sur lequel on peut lire « Huile d’olive de Jijel de bonne qualité » est collé sur le réfrigérateur, à l’entrée de l’établissement, afin d’attirer l’attention de la clientèle, mais aussi les passants qui ne sont pas forcément des adeptes du lieu. « Nous sommes originaires de Jijel [à l’est d’Alger], une des préfectures connues pour sa production d’huile d’olive, et nous commercialisons les produits de nos champs », confie Mounir à Middle East Eye. « Notre point de vente est désormais connu. Les gens nous font confiance et préfèrent acheter l’huile d’olive auprès des agriculteurs que de l’huile d’olive industrielle. On ne peut jamais savoir ce qu’il y a dans ces bouteilles. » 🇩🇿Algérie: Alger se positionne à la 7e place à l’échelle mondiale dans le domaine de la production de l’huile d’olive, a indiqué, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, a la Conférence nationale de développement et de protection de la filière oléicole pic.twitter.com/g3XXXykvXm — IRES - Research (@IresResearch) September 15, 2023 Au café, Mounir vend la production de la saison, mais l’huile d’olive est commercialisée tout au long de l’année. « Mon frère, à Ain Naadja [banlieue d’Alger], est constamment sollicité. On peut trouver chez lui les huiles des années précédentes », affirme-t-il. À M’Chedallah, commune de Bouira, à 120 kilomètres à l’est d’Alger, Abdelkrim, 32 ans, cadre commercial, consacre ses week-ends à travailler dans les champs d’oliviers de sa famille. « J’adore cet arbre », se contente-t-il de dire pour expliquer sa passion pour l’olivier et l’huile. « Nous ne comptions que 200 arbres à la fin de la décennie noire [les années 1990, appelées ainsi en raison de la guerre civile] car il était hasardeux d’entretenir les champs durant cette période », se remémore Abdelkrim. « Nous, les petits-fils, avons repris le relais après le décès de mon grand-père en 2004. Nous avons construit un bassin et un puits et planté de nouveaux arbres. Nous comptons désormais 920 oliviers. » Des formations pour de « bonnes pratiques » Les procédés de culture et d’extraction de l’huile d’olive sont considérés comme un rituel pour certaines populations, au point qu’en décembre 2023, l’UNESCO a classé les rituels, festivités et autres pratiques sociales marquant le début et la fin des récoltes des olives en Turquie au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. En Algérie aussi, la fabrication d’huile ne se résume pas à la cueillette du fruit et à sa pression, mais relève d’une tradition qui permet d’être en contact avec la terre et à laquelle toute la famille doit prendre part. « Il est très important pour nous que toute la famille participe », affirme à MEE Célia, jeune étudiante originaire de Tizi-Ouzou (Kabylie) basée à Alger. « C’est un moyen pour que les proches, qui habitent différents coins du pays, et même à l’étranger, se retrouvent. » Selon l’étudiante, « chaque membre de la famille fait en sorte de s’organiser afin de participer ne serait-ce qu’à une partie du processus. » « L’huile d’olive vaut de l’or » : la sécheresse en Europe fait exploser la demande au Moyen-Orient Lire « La période de la récolte débute généralement mi-septembre et peut s’étaler parfois jusqu’à mi-janvier », explique Abdelkrim. « La famille entière participe à ce travail. Une grande sagesse se cache derrière ces pratiques qui réunissent la famille et résolvent les conflits. » Longtemps monopole des paysans, le marché de l’huile d’olive est depuis quelques décennies pris d’assaut par des industriels qui ont déclaré la guerre aux pratiques ancestrales d’extraction et à la culture de consommation de l’huile d’olive. Dans l’optique d’inculquer de nouvelles pratiques aux producteurs, une formation s’est tenue à la ferme biologique Lella Meriem à Misserghrin (à l’ouest d’Oran, deuxième ville de l’Algérie). La formation organisée sous le parrainage du Conseil oléicole international voulait rompre avec « les mauvaises pratiques de production ». Connaître la meilleure période pour la récolte, suivre les règles pour une pression optimale… Samira Lachkham Sifi, experte tunisienne en analyse sensorielle de l’huile d’olive auprès du Conseil oléicole international, a expliqué devant une vingtaine de participants les étapes à suivre pour l’obtention d’une huile d’olive extra-vierge ou vierge. Et comment éviter une l’huile courante ou lampante (acide et aux caractéristiques organoleptiques pauvres). « La culture de consommation de l’huile d’olive en Algérie est difficile à changer » - Nabil Arezki, cadre technico-commercial à Numidia « Pour faire la différence entre les différents types d’huile d’olive, il faut mettre de côté sa nostalgie et se détacher du goût de l’huile avec laquelle nous avons grandi », a appelé Samira Lachkham Sifi. Si la spécialiste insiste sur ce point, c’est parce que l’huile d’olive extra-vierge est plus amère, ce qui peut déplaire aux consommateurs des huiles courantes, généralement plus douces en goût. Pour la spécialiste, rien ne doit être fait de façon aléatoire et toutes les étapes doivent répondre à des règles précises. « Une production qui ne respecte pas les normes ne peut produire une huile de qualité », insiste-t-elle. « La majorité des huiles consommées en Algérie sont lampantes », constate pour MEE Nabil Arezki, cadre technico-commercial pour l’entreprise d’huile d’olive Numidia, filiale du groupe agroalimentaire Ifri. « Nous avons toujours cette culture d’acheter les huiles dans les moulins et avec des emballages qui ne respectent pas les normes. La culture de consommation de l’huile d’olive en Algérie est difficile à changer, mais c’est un défi que nous nous sommes promis de relever. » Numidia produit une moyenne de 200 000 litres par an, dont une large partie est destinée au marché local, précise-t-il. « Nous exportons approximativement 50 000 litres vers l’Europe, le Canada et les États-Unis, entre autres pays. » Promouvoir le produit algérien à l’international De plus en plus, les Algériens s’approvisionnent en supermarchés. « Pourquoi attendre qu’un voisin ou un proche nous ramène de l’huile d’olive quand on peut se la procurer nous-mêmes ? », souligne, pragmatique, Samira, mère de famille algéroise. Asma, jeune employée dans une agence de communication d’Alger, préfère, elle aussi, acheter son huile d’olive dans les grandes surfaces, mais pour d’autres raisons. « J’achète l’huile extra-vierge. Nous oublions souvent que l’olive est un fruit et que c’est la façon dont il est préparé qui lui permet de garder ses éléments nutritifs », précise-t-elle à MEE. La production d’olives en Tunisie pourrait diminuer de moitié d’ici 2030 Lire Au-delà de ses atouts nutritifs, l’huile d’olive contribue à promouvoir le produit algérien à l’échelle internationale. C’est le cas de la marque Baghlia, produite par l’huilerie Kiared. Sur le marché depuis 1997, Baghlia détient un palmarès de plus de vingt récompenses internationales. Sept consécrations internationales ont été décrochées rien que depuis 2021. Si l’huile Baghlia est autant primée, c’est parce que ses producteurs, dont les vergers se trouvent en Oranie – l’huilerie est à Boumerdes, à 60 km d’Alger –, ont rompu avec les méthodes ancestrales. « Pour obtenir une huile extra-vierge, la période entre la cueillette de l’olive et sa pression ne doit pas dépasser les 24 heures. Pour la vierge, nous pouvons aller jusqu’à 48 heures. Plus l’extraction tarde, plus le taux d’acidité de l’olive va augmenter », explique Mohamed Kiared, un des responsables de l’entreprise, à MEE. Dans ce cas, explique le producteur, l’huile d’olive peut être bonne en goût, mais ses valeurs nutritives ont diminué. Mohamed Kiared évoque d’autres paramètres à respecter. « L’huile d’olive produite de façon traditionnelle est souvent en contact avec l’air, ce qui est nocif. Le liquide doit être stocké dans des cuves en inox, préservé du contact avec l’air et la lumière », détaille-t-il. Une carte oléicole en évolution Si la Kabylie est la région la plus connue pour la production d’huile d’olive, la carte oléicole algérienne a beaucoup évolué ces dernières années. L’olivier est désormais planté dans d’autres régions de l’intérieur et du sud du pays. « Nous disons souvent ‘’l’huile des Kabyles’’ au lieu de l’huile d’olive. Mais nous ignorons qu’elle est aussi produite à Biskra, à 400 kilomètres au sud-est d’Alger, et à Dejlfa, à 300 kilomètres au sud d’Alger », souligne Ayoub, agriculteur oranais, auprès de MEE. « De nombreuses personnes ignorent aussi que l’olivier est présent dans l’ouest du pays, notamment à Oran et Tlemcen, où il prospère depuis des décennies. » Champ d’oliviers au sud d’Alger, le 15 mai 2022 (Ryad Kramdi/AFP) Alors que de plus en plus de producteurs tentent de propulser l’huile d’olive algérienne sur le devant de la scène internationale, cette dynamique est menacée par le réchauffement climatique. Les feux de forêts ravagent par exemple des milliers d’hectares de végétation chaque été en Algérie et les oliviers se retrouvent souvent au cœur des flammes. Bien que ses champs n’aient pas été impactés par les feux de forêts, Abdelkrim, à Bouira, craint le spectre d’un autre ennemi : la sécheresse. « La récolte diminue de plus en plus depuis près de huit ans en raison de la sécheresse. Nous avons un petit barrage qui n’a pas atteint son niveau de remplissage depuis près d’une décennie alors qu’avant cela, il était entièrement rempli dès le mois de novembre… »  Algérie ALGER, Algérie Reportages Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Nikki Haley photographiée en écrivant « Achevez-les » sur un obus israélien

Nikki Haley photographiée en écrivant « Achevez-les » sur un obus israélien Soumis par AFP le mer 29/05/2024 - 09:03 Alors qu’un bombardement de l’armée israélienne sur un camp de déplacés à Rafah a fait 45 morts dimanche et suscité une vague mondiale d’indignation, l’ex-candidate républicaine à l’élection présidentielle américaine a réitéré : « L’Amérique aime Israël » Nikki Haley n’a pas précisé à qui le mot « les » référait, mais le député israélien Danny Danon a suggéré indirectement le Hezbollah libanais (X) Off L’ex-candidate républicaine à l’élection présidentielle américaine Nikki Haley a écrit « Achevez-les » sur un obus israélien, lors d’un déplacement dans le nord d’Israël, près de la frontière libanaise, selon une photo publiée mardi sur X par un député israélien. Le député Danny Danon, ancien ambassadeur à l’ONU, accompagnait Nikki Haley, elle aussi ex-ambassadrice aux Nations unies, lors de ce déplacement près de la frontière nord avec le Liban. « ‘’Achevez-les’’, c’est ce que mon amie l’ancienne ambassadrice a écrit », a déclaré Danny Danon dans la légende de la photo montrant l’ancienne candidate républicaine agenouillée devant un obus, un marqueur à la main et en train d’écrire sur le missile. Sur l’obus sont aussi écrits les mots « L’Amérique aime Israël ». 🇺🇸 Nikki Haley est actuellement en Israël. Elle a dédicacé un obus en mentionnant « Achevez-les ». Combien de personnes (enfants compris) seront tuées ou mutilées par cet obus, s’ajoutant à un bilan déjà terrifiant ? Ce geste n’est que pure cruauté. https://t.co/oKJEqQPLVX — Sébastien Natroll (@Natroll__) May 28, 2024 Nikki Haley n’a pas précisé à qui le mot « les » référait, mais Danny Danon a suggéré indirectement le Hezbollah libanais.  « Israël doit prendre l’initiative et changer la donne. Les habitants de Tyr et de Sidon [villes libanaises] évacueront leurs maisons, et les habitants du nord [d’Israël] rentreront chez eux », a écrit le député, en référence aux Israéliens vivant près de la frontière et déplacés par les échanges de tirs quasi quotidiens avec le Hezbollah libanais. La publication de cette photo intervient néanmoins alors qu’un bombardement dimanche 26 mai de l’armée israélienne sur un camp de déplacés à Rafah a fait 45 morts et suscité une vague mondiale d’indignation. Plus de 36 000 morts Notamment aux États-Unis, où les critiques se multiplient sur la politique du président Joe Biden, qui a offert à Israël un soutien quasi inconditionnel, tout en critiquant ponctuellement la manière dont l’armée israélienne mène ses opérations à Gaza. La Maison-Blanche a déclaré qu’elle ne voyait toujours pas d’« opération terrestre majeure » contre Rafah, dans le sud de Gaza, et que par conséquent il n’y aurait « pas de changement de la politique » américaine de soutien à Israël. « Achevez-les » Voilà le message rédigé sur un obus israélien destiné au peuple palestinien par l’ex-candidate républicaine à l'élection présidentielle américaine Nikki Haley. La honte. Ces gens doivent finir en prison. Ce sont des génocidaires. pic.twitter.com/2mml65fVx1 — Thomas Portes (@Portes_Thomas) May 29, 2024 L’armée israélienne a promis d’anéantir le Hamas et lancé une offensive qui a fait au moins 36 096 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé de l’administration du Hamas, en riposte à l’attaque en octobre des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, entraînant la mort de plus de 1 189 personnes, majoritairement des civils, selon un nouveau décompte réalisé mardi par l’AFP à partir des derniers chiffres officiels disponibles. While Americans watch Israel burn Gaza alive, and Palestinian children are beheaded, Nikki Haley writes love notes on bombs that drop on civilians. Let the world bear witness to your moral depravity… pic.twitter.com/GNTGxtUfin — Dr. Omar Suleiman (@omarsuleiman504) May 28, 2024 Traduction : « Pendant que les Américains regardent Israël brûler vif Gaza et que des enfants palestiniens sont décapités, Nikki Haley écrit des notes d’amour sur les bombes qui tombent sur les civils. Laissez le monde témoigner de votre dépravation morale… » Nikki Haley, 52 ans, avait quitté la course à la Maison-Blanche en mars après une défaite sans appel contre Donald Trump lors des primaires républicaines. Malgré ses critiques parfois virulentes contre le milliardaire, elle a déclaré la semaine dernière qu’elle voterait en novembre pour l’ancien président. Guerre Israël-Palestine Actu et enquêtes Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Surveillance et menaces : la guerre israélienne contre la Cour pénale internationale

Surveillance et menaces : la guerre israélienne contre la Cour pénale internationale Soumis par MEE le mer 29/05/2024 - 14:13 Pendant près d’une décennie, Israël n’a pas hésité à pirater, diffamer et menacer à la fois l’actuel procureur de la CPI Karim Khan et sa prédécesseuse Fatou Bensouda, selon une nouvelle enquête journalistique Le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, lors d’une conférence de presse à Bogota, Colombie, le 25 avril (AFP/Luis Acosta) Off Israël a mené une campagne de surveillance de la Cour pénale internationale (CPI) pendant près d’une décennie, et n’a pas hésité à pirater, diffamer et menacer à la fois l’actuel procureur Karim Khan et sa prédécesseuse Fatou Bensouda, selon une enquête conjointe du Guardian et de +972Mag. Grâce aux opérations de surveillance et de piratage menées par ses agences de renseignement, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a reçu des informations approfondies sur les plans du procureur de la CPI à son égard. Une source du renseignement a déclaré que Netanyahou était « obsédé » par les interceptions en provenance du tribunal obtenues par les agences de renseignement israéliennes. Des sources ont indiqué que les opérations contre la CPI étaient menées par le Shin Bet, la direction du renseignement militaire, Aman, et la division de cyber-renseignement, l’unité 8200. Les informations obtenues ont été partagées avec les ministères israéliens de la Justice, des Affaires étrangères et des Affaires stratégiques. Karim Khan a fait allusion aux pressions qu’il subissait de la part des Israéliens lorsqu’il a annoncé qu’il cherchait à poursuivre en justice Netanyahou, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant ainsi que trois dirigeants du Hamas. « J’insiste sur le fait que toutes les tentatives visant à entraver, intimider ou influencer indûment les fonctionnaires de ce tribunal doivent cesser immédiatement », avait-il déclaré à l’époque, ajoutant que s’il y avait de nouvelles tentatives dans ce sens, « [s]on bureau n’hésiterait pas à agir ». « Harcèlement » Un message intercepté a révélé que Karim Khan subissait « d’énormes pressions de la part des États-Unis » afin qu’il abandonne toutes poursuites contre des responsables israéliens, selon une source bien informée. Un précédent article du Guardian et de +972Mag publié mardi révélait que Yossi Cohen, à l’époque directeur de l’agence de renseignement israélienne, avait dirigé une opération visant à faire pression sur Fatou Bensouda pour qu’elle abandonne une enquête sur Israël. « Vous devriez nous aider et nous laisser prendre soin de vous. Vous ne voulez pas vous lancer dans des activités qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille » - L’ancien chef du Mossad Yossi Cohen à l’ancienne procureure de la CPI Fatou Bensouda Dans les années qui ont précédé la décision de Bensouda d’ouvrir l’enquête en 2021, Yossi Cohen aurait déployé des « tactiques méprisables », selon les témoignages de responsables de la CPI qui ont comparé son comportement à du « harcèlement ». Selon un témoignage, Cohen aurait déclaré à Fatou Bensouda : « Vous devriez nous aider et nous laisser prendre soin de vous. Vous ne voulez pas vous lancer dans des activités qui pourraient compromettre votre sécurité ou celle de votre famille. » Le Mossad a également surveillé de près la famille de Fatou Bensouda, obtenant des transcriptions d’enregistrements secrets de son mari dans le but de les utiliser pour la discréditer, affirment deux sources. L’enquête de Bensouda s’est conclue par l’annonce la semaine dernière par l’actuel procureur, Karim Khan, qu’il cherchait à obtenir des mandats d’arrêt contre de hauts dirigeants israéliens pour les crimes de guerre commis par les forces israéliennes pendant la guerre à Gaza. Aux côtés de Gallant et de Netanyahou, le chef du Hamas palestinien à Gaza Yahya Sinouar, le commandant en chef de sa branche militaire Mohammed Diab Ibrahim al-Masri, mieux connu sous le nom de Mohammed Deif, et le chef politique du mouvement, Ismaël Haniyeh, figurent dans la demande de mandats d’arrêt de Karim Khan. Le procureur de la CPI demande des mandats d’arrêt contre Netanyahou et des dirigeants du Hamas Lire Gallant et Netanyahou font face à des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour avoir notamment affamé délibérément des civils comme méthode de guerre ; causé volontairement de grandes souffrances ; commis des meurtres délibérés ; mené des attaques intentionnelles contre une population civile et procédé à une extermination. Les dirigeants du Hamas font également face à des accusations d’extermination, meurtre, prise d’otages, agressions sexuelles et torture, entre autres. Traduit de l’anglais (original). Guerre Israël-Palestine Actu et enquêtes Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Pourquoi il convient à la Jordanie que tout le monde la pense au bord du gouffre

Pourquoi il convient à la Jordanie que tout le monde la pense au bord du gouffre Soumis par Christopher Phillips le jeu 30/05/2024 - 09:20 De l’assaut israélien sur Gaza aux troubles à l’intérieur du pays en passant par la menace iranienne, les Hachémites sont confrontés à de multiples crises. Mais ces événements ne font que renforcer les éternels rescapés de la région Le roi Abdallah II de Jordanie s’exprime lors d’une déclaration commune avec le président français à l’Élysée, à Paris, le 16 février 2024 (AFP) On Les monarques hachémites de Jordanie sont les éternels rescapés du Moyen-Orient. Pris en sandwich entre des États qui ont connu d’horribles guerres, des révolutions et des troubles civils au cours des dernières décennies, le gouvernement jordanien apparaît remarquablement résistant et, par rapport aux normes régionales, stable. Mais les temps pourraient changer. La guerre en cours à Gaza a exacerbé une situation intérieure déjà tendue, provoquant régulièrement des manifestations et des mesures de répression gouvernementales. En parallèle, le risque de voir la Jordanie entraînée dans le conflit opposant l’Iran à Israël augmente. En avril, les forces jordaniennes se sont alliées aux armées occidentales pour contrer l’attaque de drones iraniens contre Israël, tandis qu’en mai, les autorités ont déjoué un complot mené par Téhéran visant à introduire clandestinement des armes en Jordanie pour armer l’opposition nationale. Manifestants près de l’ambassade américaine à Amman, la capitale jordanienne, en solidarité avec la population de Gaza, le 15 décembre 2023 (Khalil Mazraawi/AFP) Dans ce contexte, Washington et ses alliés devraient-ils s’inquiéter de l’avenir de la Jordanie ? Même avant la guerre à Gaza, la situation sur la scène nationale n’était pas bonne. Le chômage était de 22 %, encore plus élevé chez les jeunes, tandis que 27 % des Jordaniens vivaient dans la pauvreté. Bien que la Jordanie soit une dictature moins féroce que certains de ses voisins, le pouvoir reste concentré entre les mains du roi, Abdallah II, et non entre celles du Parlement élu, impuissant, et les gouvernements ont échoué à plusieurs reprises à satisfaire les demandes pour une amélioration de la situation économique et une meilleure gouvernance. La Jordanie a une longue histoire de manifestations et avait déjà été confrontée à une série de grèves et de manifestations avant le 7 octobre. Alors que plus de la moitié de la population serait d’origine palestinienne, avec plus de deux millions de réfugiés enregistrés, les représailles israéliennes contre Gaza ont déclenché une nouvelle vague de manifestations. Le gouvernement pris pour cible Bien que les protestations aient initialement été dirigées uniquement contre Israël, souvent organisées devant l’ambassade d’Israël à Amman, ces derniers mois, le gouvernement jordanien a également été pris pour cible. Parmi les revendications des manifestants : qu’Amman mette fin à l’accord de paix qu’il a signé avec Israël en 1994, suspende les relations commerciales et mette fin à toute coopération en matière d’eau et d’énergie. Guerre à Gaza : la Jordanie accusée d’aider Israël à briser le blocus de la mer Rouge Lire La décision de la Jordanie de se joindre aux efforts visant à contrer les drones iraniens visant Israël – ce qui en fait le seul État arabe à l’avoir fait ouvertement – n’a fait qu’ajouter aux accusations selon lesquelles Amman est de « collusion » avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Les développements régionaux ont aggravé ces tensions internes. La Jordanie craint de se retrouver dans la ligne de mire à mesure que le conflit israélo-iranien s’intensifie. Avant que l’Iran tire des drones au-dessus de l’espace aérien jordanien en direction d’Israël, que la Jordanie dit avoir abattus pour protéger sa souveraineté plutôt qu’Israël, en janvier, des milices alignées sur l’Iran ont attaqué une base américaine en Jordanie, la Tour 22, provoquant des représailles de la part de Washington. En avril, le Kataib Hezbollah, un groupe armé irakien soutenu par l’Iran, a menacé d’envoyer des roquettes et des armes à 12 000 combattants jordaniens pour qu’ils les utilisent contre Israël.  Ces livraisons devaient arriver chez certains membres des Frères musulmans au sein du mouvement d’opposition jordanien, sympathisants du Hamas. Des défis bien plus menaçants dans le passé Dans ce contexte, la tentative ratée de Téhéran en mai d’envoyer des armes via ses alliés en Jordanie souligne les craintes d’Amman de devenir un nouveau champ de bataille dans la guerre sourde entre l’Iran et Israël. Naturellement, cela a également alarmé les alliés de la Jordanie, incitant les États-Unis et l’Arabie saoudite, entre autres, à offrir leur aide. Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a proposé son soutien à la répression jordanienne contre les manifestants, tandis que les médias régionaux alignés sur l’Arabie saoudite ont critiqué les manifestants antigouvernementaux en Jordanie, les décrivant comme des islamistes ouvrant la porte à l’influence iranienne. Guerre Israël-Palestine : le roi de Jordanie, allié des États-Unis, face à un « scénario cauchemardesque » Lire De même, les États-Unis ont souligné leur engagement envers la Jordanie tout au long de la crise à Gaza, en assurant l’acheminement d’une aide vitale vers Amman et en organisant des réunions régulières avec le roi Abdallah. Mais une certaine prudence s’impose. Même si ces développements sont troublants pour les monarques hachémites, ils semblent pour l’instant loin d’être fatals. Le mouvement de protestation est bruyant, mais il semble pour l’instant très loin et cela pourrait simplement être une tentative opportuniste de semer la discorde, plutôt qu’un plan stratégique à long terme. De plus, même s’il voulait sérieusement perturber la Jordanie, l’Iran ne dispose actuellement d’aucun réseau comparable à ceux dont il dispose en Irak, en Syrie et au Liban.  Il faudrait des années pour construire une quelconque influence similaire et, contrairement aux États où il compte actuellement des alliés, l’Iran se heurterait à chaque étape à une sérieuse opposition de la part des services de sécurité jordaniens, relativement puissants. De plus, la Jordanie n’est pas étrangère aux crises et a survécu à des défis bien plus menaçants dans le passé que ceux auxquels elle est confrontée actuellement. Depuis la création de l’État par les Britanniques en 1921, les observateurs prédisent sa disparition en raison de sa position régionale précaire, du manque de ressources naturelles et des divisions au sein de la population. Le gouvernement jordanien a depuis longtemps intérêt à souligner les menaces auxquelles il est confronté afin de maximiser l’aide de ses alliés Pourtant, les Hachémites ont survécu à deux guerres avec Israël, aux révolutions antimonarchiques des années 1950, à la guerre civile de Septembre Noir avec des militants palestiniens, à une rupture diplomatique majeure avec les États-Unis et les États du Golfe à la suite de la crise du Koweït de 1990 à 1991, et des soulèvements du Printemps arabe en 2011, entre autres troubles. Même si les troubles actuels pourraient bien s’intensifier et présenter une menace existentielle, pour l’instant, Abdallah est probablement convaincu que, comme ce fut le cas dans le passé, le régime jordanien sera capable de suivre une ligne prudente en équilibrant amis et ennemis internes et externes pour survivre.  Ce qui complique encore la situation, c’est que le gouvernement jordanien a depuis longtemps intérêt à souligner les menaces auxquelles il est confronté afin de maximiser l’aide de ses alliés.  La Jordanie est un État pauvre qui dépend fortement de l’aide étrangère, notamment de son plus grand donateur, les États-Unis, qui fournit jusqu’à 1,65 milliard de dollars par an. Comme le montre Jillian Schwedler dans son excellent livre Protesting Jordan, compte tenu de son importance stratégique à la fois pour l’Occident et pour le Golfe, une Jordanie « au bord du gouffre » est mieux placée pour obtenir l’aide de ses alliés. Même si les manifestations et l’intérêt de l’Iran pour la Jordanie causent certainement des maux de tête à Amman, il reste à mesurer à quel point cela représente une menace pour le régime jordanien au pouvoir. - Christopher Phillips est maître de conférences en relations internationales à la Queen Mary University de Londres, dont il est également vice-doyen. Il est l’auteur de The Battle for Syria: International Rivalry in the New Middle East (Yale University Press) et coéditeur de What Next for Britain in the Middle East (IB Tauris). Les opinions exprimées dans cet article appartiennent à l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye. Traduit de l’anglais (original). Jordanie Opinion Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Au Maroc, le business en ligne des pilules abortives

Au Maroc, le business en ligne des pilules abortives Soumis par AFP le jeu 30/05/2024 - 08:00 Malgré l’interdiction, les pilules continuent de circuler au Maroc où elles sont importées ou dérobées dans des hôpitaux, puis vendues plus de dix fois le prix dans les pays où elles sont en vente libre Une militante marocaine lors d’une manifestation après la mort d’une jeune fille de 14 ans à la suite d’un avortement secret et dangereux à Rabat, le 28 septembre 2022 (Fadel Senna/AFP) Off Désemparée à l’idée d’avoir un nouvel enfant, Asmaa a creusé toutes les pistes pour avorter. Mais au Maroc, cet acte reste illégal et tabou et elle s’est retrouvée à chercher de l’aide sur les réseaux sociaux, où sévit un trafic de pilules abortives. « Prix abordables », « Marchandise d’Europe, efficacité garantie », « Grossesse honteuse, corrige ta faute » : sur Facebook, des internautes anonymes proposent des comprimés contenant du misoprostol, substance qui déclenche des contractions utérines et l’expulsion de l’embryon. Ces médicaments, Artotec et Cytotec, destinés à soigner rhumatismes et ulcères, ont été retirés de la vente en 2018 au Maroc (comme en France) car détournés pour des interruptions volontaires de grossesse (IVG), hors de tout suivi médical. Six mois à deux ans de prison pour une IVG La loi marocaine n’autorise l’avortement qu’en cas de danger pour la santé de la femme, qui encourt sinon six mois à deux ans de prison pour une IVG. La personne qui l’aide risque entre un et cinq ans d’emprisonnement, le double si la patiente meurt. Malgré l’interdiction, les pilules continuent de circuler au Maroc où elles sont importées ou dérobées dans des hôpitaux, puis vendues plus de dix fois le prix dans les pays où elles sont en vente libre. En avril, trois personnes, dont un infirmier, ont été arrêtées à Kénitra (nord de Rabat) pour trafic présumé de médicaments et avortement illégal, selon des médias locaux. Des milliers de Meriem : la prohibition de l’avortement asservit et tue les femmes marocaines Lire D’après l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC), 600 à 800 IVG seraient réalisées clandestinement chaque jour. Asmaa, ingénieure de 37 ans, a été aiguillée vers Facebook où, d’après sa gynécologue, d’autres femmes avaient trouvé des comprimés. « J’étais un peu méfiante », raconte-t-elle à l’AFP, préférant taire son nom vu la sensibilité du sujet. « Il y a beaucoup d’arnaques, pas de suivi médical, tu ne sais pas ce qu’il faut faire ». Des vendeurs de la page Marketplace de Facebook demandent 1 500 ou 2 000 dirhams (140 et 184 euros) pour des plaquettes de comprimés, sans préciser la posologie ni interroger sur le nombre de semaines de grossesse. Une fois la commande passée, la livraison se fait en mains propres ou par envoi postal après versement d’un acompte, sans garantie de recevoir le bon médicament. « Je sentais qu’ils n’étaient pas sûrs de ce qu’ils disaient », témoigne Imane, 29 ans, qui préfère ne pas dévoiler son patronyme. Prudente, elle s’est tournée vers sa gynécologue qui l’a envoyée chez un confrère pratiquant l’avortement chirurgical pour 20 000 dirhams (1 850 euros) et une sage-femme vendant des pilules à 5 000 dirhams (460 euros), une fortune pour cette mère au foyer de Casablanca. « Je suis prête à aller en prison pour mes idées et pour mes actions car j’agis pour les droits des femmes et contre leur oppression par le système patriarcal » - Ibtissame Betty Lachgar, psychologue clinicienne Comme Asmaa, elle a décidé finalement de s’adresser au Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) qui procure des pilules abortives gratuitement, obtenues à l’étranger. « Les femmes qui nous contactent sont de tous les milieux, de tous les âges, de toutes les nationalités », dit sa coordinatrice, Ibtissame Betty Lachgar, psychologue clinicienne. Cette dernière explique la posologie et reste disponible après la prise. Elle estime avoir aidé entre 1 500 et 2 000 femmes depuis 2012 et reçoit des demandes quotidiennement. « Je suis prête à aller en prison pour mes idées et pour mes actions car j’agis pour les droits des femmes et contre leur oppression par le système patriarcal », explique Ibtissame Betty Lachgar, formée par l’organisation néerlandaise Women on waves, qui envoie des pilules abortives à travers le monde. Amnesty International a appelé la semaine dernière à dépénaliser l’avortement, estimant que « l’État marocain manqu[ait] à ses obligations ». « Aucun État ne doit dicter les décisions en matière de grossesse et priver les femmes des services de santé sexuelle et reproductive essentiels, auxquels elles ont le droit au titre du droit international », a indiqué l’ONG. Sollicitées par l’AFP, les autorités n’ont pas réagi dans l’immédiat, ni indiqué comment le trafic en ligne de pilules abortives était surveillé. En 2016, un projet de loi visant à ouvrir l’accès à l’avortement aux cas de viols ou d’inceste avait été bloqué face à une polémique. « La société reste conservatrice, il y a un retour de la religion et un manque de volonté politique », note le président de l’AMLAC, le gynécologue Chafik Chraïbi. Les pays qui ont légalisé « ont compris qu’on y arriverait un jour ou l’autre, autant le faire aujourd’hui ! » Asmaa a fait 700 kilomètres aller-retour pour se procurer des comprimés car elle ne se sent « ni physiquement ni mentalement prête à avoir un deuxième enfant ». « Et je ne comprends pas pourquoi on décide à ma place », dit-elle. Maroc RABAT, Maroc Reportages Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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« All Eyes on Rafah » : pourquoi l’image devenue virale suscite-t-elle la colère ?

« All Eyes on Rafah » : pourquoi l’image devenue virale suscite-t-elle la colère ? Soumis par Noor El-Terk le jeu 30/05/2024 - 11:45 Des internautes affirment que l’image générée par l’IA « aseptise » la dure réalité à laquelle sont confrontés les Palestiniens à Gaza, tandis que d’autres soutiennent qu’elle contribue à sensibiliser le grand public au sujet de la guerre israélienne Une image générée par un logiciel d’intelligence artificielle représentant un gigantesque campement de tentes pour dire « Tous les regards vers Rafah » a été partagée plus de 44 millions de fois sur Instagram (X/capture d’écran) Off Si vous êtes un utilisateur des réseaux sociaux, vous avez probablement remarqué qu’une image générée par un logiciel d’intelligence artificielle (IA) sur Gaza a gagné du terrain depuis lundi. L’image virale a été partagée par 44 millions de comptes sur Instagram, notamment ceux de personnalités comme l’acteur chilo-américain Pedro Pascal, les mannequins d’origine palestinienne Bella et Gigi Hadid, et, en France, les acteurs Omar Sy et Marion Cotillard, le footballeur Ousmane Dembélé ou encore l’influenceuse Léna Situations. L’image montre des rangées de tentes s’étendant au loin, entourées de montagnes enneigées évoquant les Alpes, tandis que les toits des tentes du centre de l’image forment les mots : « Tous les regards vers Rafah ». Cette image est apparue dans la foulée des nombreuses condamnations de ce qui est désormais connu sous le nom de « massacre de Rafah », au cours duquel les forces israéliennes ont frappé dimanche un camp de tentes abritant des Palestiniens déplacés dans la ville la plus au sud de Gaza, tuant au moins 45 personnes – principalement des femmes et des enfants – et faisant des dizaines de blessés. Des tentes ont été ravagées par l’incendie provoqué par les frappes aériennes et plusieurs personnes sont mortes brûlées vives. Des images choquantes des conséquences de l’assaut montraient des corps calcinés, des membres arrachés et un enfant sans tête. Cela a suscité l’indignation de responsables politiques de différents pays et des militants pro-palestiniens, alors que la guerre qui dure depuis sept mois a déjà tué plus de 36 000 Palestiniens. Cette frappe – qui a été suivie mardi par une autre dans une zone de sécurité désignée – a eu lieu quelques jours seulement après que la Cour internationale de justice (CIJ) a statué qu’Israël devait immédiatement mettre fin à toute offensive militaire sur Rafah. Plusieurs personnes se sont tournées vers les réseaux sociaux pour exprimer leur horreur et partager des images de l’attaque, accusant de nombreux médias grand public de tenter d’étouffer l’affaire. All eyes on #Rafah 🇵🇸 pic.twitter.com/bg3bAtl3dQ — The Palestinian (@InsiderWorld_1) May 27, 2024 C’est à ce moment que l’image virale générée par IA semble avoir émergé sur les réseaux sociaux. On ne sait pas clairement qui l’a créée, mais elle a été téléchargée sur Instagram en tant que « template », un format qui permet à une image d’être repartagée par différents utilisateurs et est utilisée par beaucoup pour montrer leur soutien à une cause. La même image a été téléchargée sur X (anciennement Twitter), où elle a recueilli des centaines de milliers de partages et de likes. “all eyes on rafah” but here’s an ai generated photo so your eyes actually don’t have to be on it and you can protect your privileged peace 🥰🥰💐🎉💌💌🤍🤍 — la lesbian fight club (@unloversciub) May 28, 2024 Traduction : « ‘’Tous les regards vers Rafah’’ mais il s’agit d’une photo générée par l’IA pour que vos yeux n’aient pas besoin d’être rivés sur [Rafah] et que vous puissiez protéger votre paix privilégiée. » Son impact viral a suscité des réactions mitigées de la part des utilisateurs des réseaux sociaux, certains soulignant que les vidéos de Rafah partagées par les journalistes palestiniens étaient ignorées au profit d’une image plus « aseptisée » qui dépeint de manière inexacte Rafah comme une ville de tentes calme entourée de montagnes. « Les journalistes palestiniens risquent leur vie depuis des mois pour documenter chaque massacre et, à la place, les gens republient un "art" généré par l’IA qui dit "tous les regards vers Rafah" et ne nous dit rien sur ce qui se passe réellement sur le terrain ou ne nous donne aucun item d’action », a écrit une internaute sur X. « Cela semble quelque peu choquant d’attirer l’attention en utilisant une image fausse et aseptisée plutôt que d’utiliser des images réelles et choquantes de Rafah », a commenté un autre utilisateur des réseaux sociaux. Certains ont encouragé les gens à partager des informations fournissant plus de contexte sur la situation humanitaire à Gaza, ou sur les mesures concrètes que les personnes préoccupées par la situation pourraient prendre pour soutenir les Palestiniens. Plusieurs autres, cependant, se sont opposés à cette perspective, arguant que les images provenant directement de Gaza étaient souvent soumises à des restrictions et étaient parfois même supprimées par les plateformes de réseaux sociaux. La photo générée par l’IA, ont-ils déclaré, semble avoir contourné l’algorithme de Meta, qui, selon de nombreux militants, supprime le contenu pro-palestinien et interdit aux créateurs de parler de Gaza. « La vraie raison pour laquelle cette image a pu se propager aussi rapidement est qu’elle n’a pas été détectée par le système de modération », a répondu un internaute. « S’ils partageaient de vraies photos, ils seraient shadow banned ou signalés pour contenu violent », a-t-il ajouté en utilisant un terme qui désigne la restriction de publications qui pourraient être inappropriées ou violer les règles de la plateforme. Guerre Israël-Gaza : les utilisateurs d’Instagram accusent la plateforme de supprimer les contenus propalestiniens Lire Un autre utilisateur a ajouté : « Meta supprime les comptes palestiniens lorsque vous les partagez. » D’autres utilisateurs ont accusé ceux qui partagent actuellement l’image virale d’« activisme performatif », leur reprochant d’être restés silencieux au cours des huit derniers mois de l’offensive militaire israélienne à Gaza. « Au fait, republier le template ‘’Tous les regards vers Rafah’’ ne vous exempte pas des sept derniers mois où vous êtes restés silencieux », a posté une internaute. D’autres ont rejeté ces réponses, affirmant que toute prise de conscience est positive et que les demandes concernant Gaza sont claires, contrairement aux actions de solidarité devenues virales en ligne par le passé comme la campagne « Bleu pour le Soudan » soutenant les manifestations de 2019 dans le pays et #blackouttuesday pour le mouvement Black Lives Matter (BLM). « Le message d’AI "tous les regards vers Rafah" peut sembler "performatif" ou frustrant, mais honnêtement, Israël-Palestine est une guerre d’opinion publique et de consensus, s’il est devenu "à la mode" de s’opposer au massacre des Palestiniens par Israël, alors c’est un avantage net », a soutenu un utilisateur. « Je ne pense pas que l’on puisse le comparer aux carrés noirs BLM qui étaient étrangement déférents et basés sur un objectif nébuleux d’‘’écouter et apprendre’’ – le principe de cette protestation contre l’attaque de Rafah est que nous voulons que le génocide cesse », a-t-il poursuivi. « C’est une exigence claire et réalisable. » Traduit de l’anglais (original). Guerre Israël-Palestine Actu et enquêtes Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Quiz : combien de ces expressions idiomatiques arabes connaissez-vous ?

Quiz : combien de ces expressions idiomatiques arabes connaissez-vous ? Soumis par Mohammad Saleh le jeu 30/05/2024 - 12:17 Si de nombreuses expressions existent également en français, certaines locutions arabes peuvent laisser perplexes... Les singes sont mentionnés dans une expression arabe très populaire (AFP) On Chaque langue est riche d’expressions idiomatiques qui peuvent laisser perplexes un locuteur non natif. Que signifie être soupe au lait ? Comment peut-il pleuvoir des cordes ? Pourquoi donnerait-on sa langue au chat ? L’arabe a lui aussi son lot d’expressions susceptibles de donner le tournis à un étudiant en langue, mais en se creusant un peu les méninges et grâce à une certaine gymnastique mentale, elles peuvent trouver un sens. De nombreuses expressions idiomatiques utilisées dans le monde arabe seront familières à un francophone, car plusieurs d’entre elles sont communes à différentes cultures. Middle East Eye met ici à l’épreuve vos compétences linguistiques. Combien de ces expressions idiomatiques arabes pouvez-vous comprendre ? Langues Actu et enquêtes Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Jeux paralympiques de Paris : pour une athlète d’Irak, de l’or plein les yeux

Jeux paralympiques de Paris : pour une athlète d’Irak, de l’or plein les yeux Soumis par AFP le ven 31/05/2024 - 10:11 Najlah Imad avait 3 ans, le 19 avril 2008, quand elle a perdu ses deux jambes et son avant-bras droit, dans la détonation d’un engin explosif fixé à la voiture de son père, ex-militaire. Aux Jeux paralympiques de Paris, elle vise la médaille d’or On Quand Najlah Imad s’initiait au tennis de table, son entourage en Irak pensait qu’avec son handicap, elle s’épuiserait pour rien. Une décennie plus tard, la championne n’a rien perdu en ténacité : qualifiée pour les Jeux paralympiques de Paris, elle vise une médaille d’or. « Ce sport a changé ma vie. J’y consacre tout mon temps », confie-t-elle à l’AFP, dans la cour d’un centre sportif délabré de sa bourgade de Bakouba, au nord-est de Bagdad, où l’athlète multimédaillée s’entraîne toujours. Elle avait 3 ans, le 19 avril 2008, quand elle a perdu ses deux jambes et son avant-bras droit, dans l’explosion d’un engin explosif fixé à la voiture de son père, ex-militaire. Cette histoire familiale, elle la raconte d’un ton presque détaché, tant des expériences semblables ont accompagné les générations ayant grandi dans un Irak déchiré par des décennies de guerre. Najlah Imad exhibe un sourire à toute épreuve, qui ne la quitte que quand elle empoigne sa raquette de ping-pong (Ahmad Al-Rubaye/AFP) Petite brune de 19 ans, le visage encadré par des cheveux noirs sagement coupés au carré, Najlah Imad exhibe un sourire à toute épreuve, qui ne la quitte que quand elle empoigne sa raquette de ping-pong.  Elle se concentre alors sur ses coups, ses sourcils se froncent et l’éclat de ses yeux rieurs durcit. « En me lançant dans le sport, j’ai rencontré d’autres joueurs avec des handicaps, qui pratiquaient même s’il leur manquait un membre », poursuit-elle. « Ils avaient tellement d’énergie positive, ça m’a encouragée. » Quand elle a 10 ans, un entraîneur cherchant à monter une équipe paralympique se rend visite dans sa maison. Six mois d’entraînement, et Najlah Imad participe à son premier championnat, rassemblant toutes les provinces irakiennes. Elle gagne. « J’étais la surprise de la compétition », se souvient-elle, d’une fierté candide. À l’étage de la maison familiale, une étagère croule sous les trophées et médailles, glanés au fil de la trentaine de compétitions internationales auxquelles elle a participé. Une médaille d’or en Chine Elle était à Tokyo en 2021 pour les JO paralympiques, avant de remporter en 2023 une médaille d’or en Chine au championnat paralympique d’Asie. Généralement, elle s’entraîne quatre jours par semaine, dont deux à Bagdad, où elle se rend accompagnée de son père. Pour mieux préparer les rencontres internationales, elle s’envole vers l’étranger afin de profiter d’infrastructures sportives de pointe – au Qatar par exemple, où elle était en mars, en vue des Jeux paralympiques de Paris, du 28 août au 8 septembre. Étoile montante du sport, elle bénéficie de subventions mensuelles –modestes – du comité paralympique irakien, outre la prise en charge de certains voyages pour les compétitions. Pour les sportives des équipes de France, le voile sera interdit pendant les compétitions des JO 2024 Lire Malgré les succès, son quotidien reste lié à BaKouba et à son centre sportif. Dans une salle poussiéreuse aux vitres cassées, quatre tables de ping-pong mangent tout l’espace. Le cliquetis incessant des balles résonne tandis que s’affrontent huit joueurs, femmes et hommes, l’un d’eux en fauteuil roulant. « Les tables sur lesquelles on s’entraîne, c’est de la seconde main. On a dû les réparer pour les utiliser », confie à l’AFP l’entraîneur Hossam al-Bayati. Même cette salle sommaire menace de leur être retirée, assure celui qui a rejoint en 2016 les entraîneurs de l’équipe nationale de tennis de table paralympique. Un discours qui ne surprend pas, dans un pays pourtant riche en pétrole, mais miné par la corruption et des politiques publiques défaillantes : les professionnels du sport déplorent régulièrement infrastructures et équipements déficients ainsi que des subventions insuffisantes. Sur son moignon droit, la sportive enfile un tissu noir avant de fixer sa prothèse, qui l’aide à s’appuyer sur sa béquille. De sa main gauche tenant sa raquette, elle lance la balle dans les airs, l’expédie par dessus le filet. À ses débuts, la famille était réticente. « C’est un sport impliquant du mouvement, moi il me manque trois membres, j’étais jeune », se souvient-elle. « Mes proches, la société, disaient ‘'C’est pas possible, tu vas te fatiguer pour rien’’. » Après sa première victoire son père Emad Lafta réalise qu’il faut la soutenir, tant elle était « passionnée ». Avec le ping-pong, « elle se sent mieux psychologiquement, le regard de la société a changé » « Elle a persévéré. Elle a surmonté un défi personnel, et elle a défié le monde », reconnaît celui qui a sept enfants en tout. Avec le ping-pong, « elle se sent mieux psychologiquement, le regard de la société a changé », se réjouit-il. « Les gens nous félicitent, dans la rue il y a des filles qui veulent se photographier avec elle ». Lycéenne, Najlah Imad rêve d’être présentatrice. « Même quand elle voyage elle prend ses livres pour réviser pendant son temps libre. Durant le trajet pour Bagdad, elle étudie ». À Paris, l’objectif c’est la médaille d’or, espère le sexagénaire. « Quand elle nous promet quelque chose, elle s’y tient ». Par Tony Gamal-Gabriel.  JO Paris 2024 BAKOUBA, Irak Reportages Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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Les manuels scolaires saoudiens suppriment la Palestine de la plupart des cartes, selon une étude israélienne

Les manuels scolaires saoudiens suppriment la Palestine de la plupart des cartes, selon une étude israélienne Soumis par MEE le ven 31/05/2024 - 12:15 Les références à Israël en tant qu’« ennemi » ont également disparu des nouvelles éditions des programmes scolaires, dans une volonté apparente d’atténuer tout élément de langage hostile Des étudiants saoudiens passent leurs examens de fin d’études secondaires dans la ville portuaire de Djeddah, sur la mer Rouge, le 24 mai 2015 (Amer Salem/AFP) Off Les manuels scolaires saoudiens ont supprimé le nom « Palestine » de la plupart des cartes où il figurait auparavant, selon une étude réalisée par un groupe de réflexion israélien. L’étude, menée par l’ONG Impact-se, suit les changements intervenus dans les manuels scolaires saoudiens au cours des cinq dernières années, tels que reflétés dans l’année scolaire 2023-24. Elle passe en revue 371 manuels publiés entre 2019 et 2024 et met en avant les contenus supprimés, altérés ou restés inchangés. Un manuel d’études sociales de terminale définissant le sionisme comme un mouvement raciste n’est plus enseigné depuis 2023, tandis qu’un autre manuel toujours enseigné a supprimé le chapitre sur la cause palestinienne, révèle l’étude. Selon cette dernière, les manuels d’études sociales de CM2 et de troisième ne nomment systématiquement pas la Palestine ou Israël sur les cartes, ce qui constitue une omission par rapport aux versions de 2022 qui ne nommaient que la Palestine sur les cartes. L’Arabie saoudite procède à des arrestations pour des publications anti-israéliennes sur les réseaux sociaux Lire « La plupart des cartes ont supprimé les noms de tous les pays non frontaliers de l’Arabie saoudite, y compris la Palestine, et dans certains cas, tous les noms de pays ont été supprimés », indique le rapport. De même, deux cartes d’un manuel de géographie destiné aux classes de seconde à terminale, qui nommaient auparavant la Palestine, n’affichent désormais le nom d’aucun pays frontalier de l’Arabie saoudite. La même omission s’est produite dans les manuels d’études sociales des sixième et cinquièmes. Les manuels d’études islamiques et de géographie pour les niveaux seconde-terminale ont également supprimé les cartes qui montraient auparavant la Palestine historique au lieu d’Israël. Une référence à Israël comme « l’entité sioniste » dans le manuel d’études sociales de 2021 pour les niveaux seconde-terminale a été supprimée dans l’édition 2022, et l’intégralité du manuel qui comprenait une leçon sur le soutien arabe et saoudien à la cause palestinienne a été abandonnée en 2023. Ton moins hostile L’étude fait également état de certaines modifications apportées aux manuels scolaires qui marquent un ton moins hostile envers Israël. Par exemple, la version 2022 d’un manuel d’études sociales de niveau lycée a remplacé les références à Israël en tant qu’« ennemi sioniste » par « l’armée d’occupation israélienne ». Le même manuel est passé de « l’ennemi israélien » à « l’occupation israélienne » et des « sionistes » aux « Israéliens » ou « l’armée d’occupation israélienne ». L’Arabie saoudite ne reconnaît pas officiellement Israël depuis sa création en 1948, mais des spéculations circulent selon lesquelles le royaume s’apprêterait à normaliser ses relations avec le pays, comme l’ont fait ses voisins du Golfe Bahreïn et les Émirats arabes unis ces dernières années. Ces rumeurs ont toutefois été perturbées par l’attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre et la guerre israélienne à Gaza qui a tué plus de 36 000 Palestiniens à ce jour. L’Arabie saoudite est un fervent opposant et critique de l’offensive israélienne. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré en février qu’aucune normalisation n’aurait lieu sans un cessez-le-feu et sans progrès vers la réalisation d’un État palestinien. Traduit de l’anglais (original). Normalisation Israël Actu et enquêtes Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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D’Ibn Battuta à Malcolm X : le hadj sous la plume de six écrivains majeurs

D’Ibn Battuta à Malcolm X : le hadj sous la plume de six écrivains majeurs Soumis par Shafik Mandhai le ven 31/05/2024 - 14:59 Le pèlerinage islamique est considéré comme une opportunité de renouveau spirituel et des écrivains à travers les siècles ont décrit le profond impact que le rituel a eu sur eux Malcolm X effectua le pèlerinage du hadj moins d’un an avant son assassinat (Bibliothèque du Congrès) On Pour les musulmans, le hadj est considéré comme une opportunité pour un nouveau départ et peut être l’expérience la plus transformatrice – voire transcendante – d’une vie. Si une version du rituel était pratiquée en Arabie avant que le prophète Mohammed ne commence à prêcher son message, le rite islamique date de 628 de notre ère. C’est l’année où le prophète et ses disciples furent autorisés à effectuer le pèlerinage après qu’un traité avec les clans mecquois mit un terme à des années de conflit. L’année suivante, en 629, les armées musulmanes conquirent La Mecque et supprimèrent toutes les idoles de la Kaaba et de ses environs – un événement qui marqua la fin des pratiques polythéistes à La Mecque et le début d’un culte exclusivement monothéiste. Les premières descriptions du hadj sont en grande partie des récits à la troisième personne mentionnés dans les hadiths, qui racontent les actes et les paroles attribués au prophète Mohammed. L’un des récits les plus remarquables des premiers hadj est le « pèlerinage d’adieu », au cours duquel Mohammed annonça la fin de sa carrière prophétique et prononça son dernier sermon avant son décès en 632. Dans ce discours devenu célèbre, le prophète Mohammed souligna l’égalitarisme racial de l’islam, que le pèlerinage illustre. « Toute l’humanité vient d’Adam et d’Ève », déclara-t-il, avant de poursuivre : « Un Arabe n’a aucune supériorité sur un non-Arabe, et un non-Arabe n’a aucune supériorité sur un Arabe ; de plus, un Blanc n’a aucune supériorité sur un Noir et un Noir n’a aucune supériorité sur un Blanc, sauf par la piété et la bonne action. » C’est un sentiment qui résonnera chez les musulmans des centaines d’années plus tard et qui fournira le contexte de la fulguration de Malcolm X sur la fraternité entre les peuples lors de son pèlerinage en 1964. Middle East Eye examine ici six célèbres récits du hadj à travers l’histoire. Ibn Jubair en 1184 L’un des premiers récits du hadj à la première personne qui nous est demeuré est celui du géographe arabe espagnol Ibn Jubair. Il date de la fin des années 1100, une période marquée par des troubles au Moyen-Orient, alors que s’effondrait l’Empire fatimide et que s’établissait un empire musulman uni mené par le guerrier Saladin. La légende raconte qu’après avoir été forcé de boire du vin par son patron, Ibn Jubair entreprit en 1183, pour expier ses péchés, un pèlerinage dans les villes saintes musulmanes de La Mecque et de Médine, faisant en chemin escale en Égypte. Ibn Jubair fournit un récit détaillé et dépassionné du pèlerinage du hadj qu’il effectua en avril 1184, soit l’an 579 du calendrier hégirien. Un lecteur moderne peut glaner quelques aperçus intéressants de ce qu’était le hadj à cette époque. Si certains aspects peuvent sembler curieux, d’autres seront familiers aux pèlerins contemporains. Représentation d’une caravane irakienne en route vers La Mecque pour le hadj datant du XIIIe siècle (Bibliothèque nationale de France) Par exemple, l’Espagnol met en garde contre la menace que représentent les bandits de la tribu des Banu Shu’bah, qui, malgré le caractère sacré de l’événement, « s’attaquent aux pèlerins en route vers Arafat ». Plus familière sera l’idée d’un « hadj de luxe » : au Moyen Âge déjà, de riches musulmans déboursaient de coquettes sommes pour vivre un voyage confortable. Ibn Jubair écrit : « Le campement de cet émir d’Irak était beau à voir et superbement pourvu, muni de grandes et belles tentes et constructions, ainsi que de merveilleux pavillons et auvents, et d’un aspect tel que je n’en ai jamais vu de plus remarquable. » Son pèlerinage fut toutefois marqué par un épisode dramatique : une explosion de violence entre les Noirs originaires de La Mecque et les pèlerins turciques en provenance d’Irak, au cours de laquelle plusieurs personnes furent blessées. « Des épées furent tirées, des encoches de flèches placées sur la corde de l’arc et des lances jetées, tandis qu’une partie des biens des marchands fut pillée », décrit Ibn Jubair. Ibn Battuta en 1325 Deux siècles plus tard, Ibn Battuta, juriste marocain et l’un des voyageurs les plus célèbres du monde médiéval, entreprendra lui aussi le pèlerinage du hadj. À l’âge de 21 ans, Ibn Battuta quitta son Maroc natal pour le pèlerinage du hadj et se lança dans une odyssée dont il ne reviendrait qu’un quart de siècle plus tard. L’écrivain amazigh né en 1304 voyagea à travers l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et la Chine. Une copie du XIXe siècle d’al-Rihla d’Ibn Battuta (Oussama Amin/Wikimedia) Dans son chef-d’œuvre, al-Rihla (Voyages), le Marocain décrit les différents rituels du hadj, notamment la lapidation du diable et le sacrifice d’un animal au point culminant du pèlerinage. À l’instar de son prédécesseur andalou Ibn Jubayr, Ibn Battuta évoque rarement ses propres sentiments et expériences, hormis les prières intermittentes incluses dans ses écrits. Son enthousiasme quand il voit la Kaaba pour la première fois transparaît toutefois dans sa description, où le revêtement en tissu de la structure est comparé à une « mariée exposée sur le majestueux fauteuil nuptial et qui marche à pas fiers dans des manteaux de beauté ». Evliya Çelebi en 1672 Au XVIIe siècle, le noble turc Evliya Çelebi attribua à un rêve sa décision de voyager à travers l’Anatolie, l’Europe de l’Est, le Caucase et une grande partie du Moyen-Orient. Dans sa vision, le jeune Evliya rencontre le prophète Mohammed à l’intérieur d’une mosquée et, au lieu de demander son intercession le jour du jugement, il requiert l’autorisation de voyager. Le prophète donne son consentement et s’ensuit un voyage de plusieurs décennies à travers l’Empire ottoman et ses régions avoisinantes. Les voyages de Çelebi sont consignés dans le Seyahatname (« journal de voyage »), assortiment d’événements réels et de récits qui repoussent les limites de la crédibilité. Représentation d’une procession ottomane du hadj par l’artiste Georg Manuel Lopiz datant du début du XIXe siècle (domaine public) Pour se rendre à La Mecque, Çelebi parcourut la côte anatolienne jusqu’à Jérusalem avant de rejoindre une caravane du hadj en Syrie. En tant qu’aristocrate turc, Çelebi pouvait côtoyer de hauts responsables ottomans ainsi que des chefs tribaux locaux, dont le chérif de La Mecque. La caravane ottomane avec laquelle il voyagea était lourdement armée, afin de dissuader les bandits qui s’en prenaient aux pèlerins à travers le désert. Après avoir enfin rejoint la ville sainte, le voyageur ottoman fournit de riches descriptions des coutumes locales et de ses habitants. « Les gens de La Mecque ont la peau foncée, certains sont rougeâtres ou brunâtres, avec des yeux de gazelle, un langage doux, des visages arrondis, ils sont réservés, des hommes affables de pure lignée hachémite », écrit-il à propos des Mecquois, qui, dit-il, travaillent principalement comme marchands. Un autre aspect notable du récit de Çelebi sur le hadj est sa description de la dimension commerciale du pèlerinage. Versant parfois dans l’exagération, son récit mentionne l’acquisition de 50 000 chameaux par des pèlerins damascènes à des tribus arabes, qui achetèrent également des marchandises aux pèlerins. « Les membres des tribus arabes s’enrichissent aussi et viennent ici une fois par an avec leurs femmes et leurs enfants pour acquérir des objets précieux », note Çelebi. Richard Francis Burton en 1853 Ni véritable pèlerin ni musulman, l’aventurier britannique Richard Francis Burton incarnait une tendance européenne de fascination pour le monde islamique et ses rituels. Passionné de langues étrangères, et en raison notamment de son affectation en tant qu’officier militaire en Inde, Burton parlait couramment des dizaines de langues, dont l’arabe, le persan et le pachtoune, et fut également un traducteur renommé d’ouvrages tels que Les Mille et Une Nuits et le Kamasutra. Afin d’assister au hadj, Burton se fit passer pour un membre d’une tribu pachtoune et entra dans la ville sainte musulmane de La Mecque avec une caravane partie de Médine. Une représentation de Burton habillé en Arabe dans une copie du XIXe siècle de son récit du hadj (domaine public) L’exploit n’était pas inhabituel pour les aventuriers européens de l’époque, mais ce qui rendit l’aventure de Burton remarquable, ce furent les descriptions détaillées du hadj qu’il écrivit par la suite. Celles-ci en disent autant sur la façon dont les Européens percevaient le monde musulman que sur les événements relatés. Décrivant sa peur d’être repéré lors d’une visite de la Kaaba, il déclare : « Une étourderie, une action précipitée, une parole mal jugée, une prière ou courbette, pas strictement le bon schibboleth, et mes os auraient blanchi le sable du désert. » Il est également l’un des rares non-musulmans à décrire en personne le rituel associé au hadj : « J’ai d’abord fait la circumambulation du Haram. Tôt le lendemain matin, j’ai été admis dans la maison de notre Seigneur ; et nous sommes allés au puits sacré de Zamzam, l’eau bénite de la Mecque, puis à la Kaaba, dans laquelle est insérée la fameuse pierre noire, où l’on récite une prière pour l’unité d’Allah. » Muhammad Asad dans les années 1920 et 1930 Les Européens désireux de participer au hadj n’étaient pas tous des orientalistes mus par la curiosité. L’écrivain et journaliste Muhammad Asad, véritable musulman, réfléchit sur le symbolisme spirituel du hadj dans son autobiographie, Le Chemin de la Mecque. Né Leopold Weiss en 1900 dans la ville ukrainienne de Lviv, au sein d’une famille de rabbins austro-hongrois, il déménagea en Palestine alors sous mandat britannique au début des années 1920 et développa rapidement un intérêt pour la langue arabe et la culture islamique. À 26 ans, il se convertit à l’islam et émigra vers le jeune État d’Arabie saoudite, qui avait conquis les villes saintes de La Mecque et Médine en 1924. Muhammad Asad réfléchit sur le symbolisme des rituels du hadj (Radio Pakistan) Là, il devint un proche confident du fondateur de l’Arabie saoudite, le roi Abdelaziz, qui l’engagea comme conseiller politique. Pendant qu’il vivait dans le pays, Asad effectua cinq fois le pèlerinage du hadj – des expériences qui marquèrent profondément le jeune Européen. Décrivant le rituel du tawaf, au cours duquel les musulmans font sept fois le tour de la Kaaba, il écrit : « La Kaaba est un symbole de l’Unité de Dieu ; et les mouvements corporels du pèlerin autour de celle-ci sont une expression symbolique de l’activité humaine, impliquant que non seulement nos pensées et nos sentiments, tout ce qui est compris dans le terme ‘’vie intérieure’’, mais aussi notre vie extérieure et active, nos actions et nos efforts pratiques, doivent avoir Dieu comme centre. » Au milieu d’une foule diversifiée de musulmans, originaires d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et d’Inde, Asad décrit en outre l’état de transcendance qu’il ressentit en accomplissant le rituel. « J’ai marché encore et encore, les minutes ont passé, tout ce qui était petit et amer dans mon cœur a commencé à quitter mon cœur, je suis devenu partie intégrante d’un flot circulaire – oh, était-ce le sens de ce que nous faisions : prendre conscience du fait que chacun fait partie d’un mouvement sur une orbite ? Était-ce peut-être la fin de toute confusion ? », écrit-il. Asad deviendra diplomate pour le nouvel État du Pakistan et décédera dans la région de Grenade, en Espagne, en 1992. Malcolm X en 1964 L’un des récits les plus célèbres du hadj, qui démontre de manière éloquente la capacité du rituel à transformer une personne, est celui de Malcolm X en 1964. Au cours des années précédentes, le nationaliste noir avait souffert d’isolement et fait face à des menaces après sa séparation de Nation of Islam. Jusqu’à son voyage à La Mecque, l’ancien porte-parole de Nation of Islam préconisait une solution séparatiste radicale à la persécution des Afro-Américains. Mais pendant le hadj, il fut exposé pour la première fois à l’approche islamique des relations raciales. Malcolm X rencontra le futur roi d’Arabie saoudite, le prince Fayçal, en 1964 (Black Panther Magazine) Dans le port de l’ihram – la tenue blanche que revêtent les pèlerins –, il vit fondre les différences de couleur, de classe et d’origine. Une observation qui catalysa un profond changement de sa vision. Dans une lettre à un ami après cette expérience, il écrivit au sujet de ses coreligionnaires blancs : « Leur croyance en l’unicité de Dieu avait en fait retiré le ‘’blanc’’ de leur esprit, ce qui a automatiquement [changé] leur attitude et leur comportement envers les personnes d’autres couleurs. « Leur croyance en l’unicité de Dieu les a en réalité rendus si différents des Blancs américains, leurs caractéristiques physiques extérieures n’ont joué aucun rôle dans mon esprit lors de toutes mes associations étroites avec eux. » Malcolm X restera un fervent critique de la suprématie blanche jusqu’à son assassinat en février 1965, un peu moins d’un an après son pèlerinage. Mais dans le hadj, il avait vu un moyen de surmonter les différences raciales. Traduit de l’anglais (original). Hadj Actu et enquêtes Post Date Override 0 Update Date lun 04/05/2020 - 21:19 Update Date Override 0

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