Se relier au sacré, entretien avec Michel Jonasz par Caroline Liborio
Michel Jonasz a de multiples facettes : auteur-compositeur-interprète et acteur. Cette année il se donne dans une nouvelle tournée « Soul Tour », avec ses chansons les plus connues réarrangées en version soul. Le blues et la soul coulent dans ses veines et quand il chante, c’est aussi l’acteur qui est sur scène. Il y a quelques années, il a composé une magnifique chanson-prière, jointe à cette interview. https://www.micheljonasz.co Je n’ai pas été élevé dans la tradition religieuse, mais même plus que ça, on ne m’a jamais parlé de D…, on ne m’a jamais parlé de prière. Sauf que je savais que mon grand-père chantait dans les synagogues. Je pense même que mes parents n’étaient pas croyants. Donc ça c’est un mystère… Je ne sais pas d’où c’est venu le fait que, d’un seul coup, j’ai eu la foi. La première fois que j’ai prié, je sortais de l’école communale, je devais avoir sept ans, j’ai prié et j’ai demandé qu’il y ait de la viande hachée à midi, avec de la purée… et il y en a eu… Mais je pense que c’est la seule fois de ma vie où j’ai prié pour avoir quelque chose… On sous-entend dans la prière : je prie pour obtenir quelque chose. Et moi si je prie aujourd’hui, ce n’est pas pour obtenir quelque chose. Donc pour revenir à cette histoire de foi, je ne sais pas comment elle m’est venue. Oui je priais Dieu dans ma tête d’enfant. Mais je ne me souviens pas que mon père ou ma mère m’ait parlé de Dieu. Donc ça m’est venu comme ça. Peut-être que quelqu’un m’en a parlé, je ne sais plus… Mais c’est la seule fois dans ma vie où j’ai prié pour obtenir quelque chose… un résultat. Sans parler « d’obtenir un résultat », il y a toujours « une intention » dans la prière ? Pour moi, prier c’est pour se relier au sacré ; peu importe le nom d’ailleurs… Par exemple, faire de la méditation, pour moi, c’est une prière. Parce que ton mental et ton ego « s’arrêtent », ton esprit n’est plus dans le passé ou dans le futur, et tu vis l’instant présent. C’est une prière parce que tu te relies à ce moment-là à la conscience. Par contre on peut perdre le lien avec le sacré qui est en nous, et qui est la conscience, la pure conscience. Prier, pour moi c’est ça : rétablir un lien ; enfin on n’a pas à « rétablir », il est là, c’est présent, c’est l’amour, c’est la conscience… mais on vit, on oublie… Je pense que les rituels servent à ça : quand on fait Shabbat ou Yom Kippour ou pour les catholiques la messe du dimanche, c’est un moment où on te dit « vous ne faites que ça, maintenant vous ne pensez qu’à Dieu, le reste ne compte plus »… il s’agit de se remplir de ça. Pour moi c’est une énergie. Quand je fais une méditation, même cinq ou dix minutes le matin ou le soir, c’est une forme de prière qui n’est pas pour « obtenir » mais pour se relier au sacré en nous. C’est ça pour moi la prière. Je pense souvent à cet aspect sacré car c’est un travail à faire quotidiennement. Y a-t-il une différence entre un rituel personnel – ce que vous venez de décrire – et les rituels religieux ? Oui, pour moi par exemple, faire le Shabbat ensemble, ça peut relier. Car ce lien dont je parle depuis le début de cet entretien, c’est aussi un lien entre tous les êtres humains… et quand on est autour d’une table et qu’une personne récite les prières, il y a quelque chose qui est fait pour que nous soyons reliés, et entre nous et avec D… Si cet article vous plaît, pensez à faire un don. Le fonctionnement du site a un coût. Il n’y a pas de publicité. Vous avez un bouton « don » sur le côté. Merci de votre participation quel que soit le montant. – Tiens, il y a une plume qui vient de tomber juste à mes pieds quand je vous parle… Il y a de l’amour dans ces moments-là. Il y a quelque chose qui vibre énergétiquement et qui normalement te relie, entre les gens qui sont là et avec cette énergie-là qu’on peut appeler Dieu qui est la conscience, qui est l’amour, qui est quelque chose, encore une fois, de sacré, qui est en nous et qui n’est plus dans le « hier– demain », les contrariétés…, qui est comme une espèce de chaleur intérieure que l’on peut ressentir. Ce n’est pas inutile le fait d’être ensemble autour d’une table et de rendre un repas de Shabbat sacré pour se rappeler et pour s’unir. Comment est née votre chanson Une prière ? J’étais devant le mur de Jérusalem. Je voyais tous les gens mettre des prières sur des petits papiers entre les pierres du mur. Et j’ai imaginé cet homme, qui est seul, en voyage, et qui met un petit papier pour que l’amour qu’il vit avec sa femme dure tout le temps, que cette histoire d’amour ne s’arrête jamais. Dans mon esprit, l’homme n’avait pas peur que ça s’arrête, il accomplissait cela presque comme un rituel, mais il avait déjà cette conviction que ça ne s’arrêterait pas, il n’avait pas peur. Ça, je ne le dis pas dans la chanson, ce n’est pas la peine… Si la peur ou le doute sont là, ça ne peut pas marcher Pour lire l’article en entier, Reflets n° 56 pages 48 à 51 L’article Se relier au sacré, entretien avec Michel Jonasz par Caroline Liborio est apparu en premier sur Revue Reflets.