Tentative de putsch au Bénin : des forces spéciales françaises ont appuyé l’armée régulière
Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin, en appui de l’armée béninoise qui a d’abord « vaillamment » repoussé les mutins tout au long de la journée, a affirmé mercredi à l’AFP le chef de la garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè.Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé « en termes de surveillance, d’observation et de soutien logistique » le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces. Sollicité par l’AFP, l’état-major français n’a pas souhaité réagir mercredi, l’armée française ne commentant généralement pas les déploiements de forces spéciales.« L’armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l’ennemi toute la journée » dimanche, a expliqué à l’AFP le colonel Tevoédjrè, précisant qu’en fin de journée, des « forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan, utilisées pour du ratissage après que l’armée béninoise ait fait le travail ».Une centaine de mutins avec « des engins blindés »Le colonel Tevoédjrè - qui a personnellement dirigé sur place la riposte contre un assaut sur la résidence du chef de l’État Patrice Talon tôt dimanche matin, « un moment crucial », selon lui - estime à une centaine le nombre de mutins, « avec beaucoup de moyens, des engins blindés ». Il note toutefois que les putschistes, qui ont compté sur « l’effet de surprise », n’ont pas reçu de soutien d’autres unités.La garde républicaine a au contraire « eu le soutien spontané d’autres unités qui ont été utilisées toute la journée pour reprendre possession de zones, de points stratégiques de Cotonou », détaille-t-il.C’est en fin de journée, alors que les mutins étaient retranchés dans le camp de Togbin, situé dans une zone résidentielle de la capitale économique, que des frappes aériennes, menées par le Nigeria voisin, et des forces spéciales françaises ont aidé le Bénin, afin notamment « d’éviter des dommages collatéraux ».La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait de son côté annoncé dès dimanche soir l’envoi de renforts militaires de quatre pays de la région, sans indiquer le nombre d’hommes, pour « préserver l’ordre constitutionnel ».L’Afrique de l’Ouest est particulièrement secouée par l’instabilité politique, avec plusieurs coups d’État perpétrés depuis le début de la décennie, au Sahel, en Guinée et récemment en Guinée-Bissau.Les mutins seraient « repartis avec des corps et des blessés »Dimanche matin, huit militaires étaient apparus à la télévision béninoise, annonçant qu’ils avaient destitué Patrice Talon. Après une journée d’incertitude à Cotonou, le chef de l’État avait déclaré dimanche soir que la situation était « totalement sous contrôle ». Les autorités béninoises ont ensuite fait état de « plusieurs victimes », notamment dans des affrontements opposant mutins et forces loyales.Le colonel n’a pas donné de bilan chiffré du nombre de victimes des événements de dimanche, mais a précisé que les mutins étaient « repartis avec des corps et des blessés » de leur tentative d’assaut sur la résidence présidentielle, après un « rude combat ».« Le pire pouvait arriver. En tant que militaires et attachés à la chose républicaine, nous n’avons fait que notre devoir », a dit le colonel Tevoédjrè qui estime que « c’est la preuve » que l’armée est « vraiment républicaine ».Le leader des putschistes en fuiteAu moins une douzaine de militaires ont été arrêtés, mais concernant le meneur des putschistes, le lieutenant-colonel Pascal Tigri, « je sais qu’il a fui », a-t-il commenté. « On saura exactement où il se trouve », a-t-il ajouté. Selon le média Jeune Afrique, il se trouverait à Lomé, au Togo, pays voisin du Bénin.La vie a rapidement repris son cours à Cotonou, capitale économique qui abrite de nombreuses institutions, dont la présidence, de ce petit pays côtier d’Afrique de l’Ouest que Patrice Talon dirige depuis 2016.Le chef de l’État doit passer la main en avril, lors de la présidentielle, car il arrive au terme de ses deux mandats, le maximum autorisé par la Constitution. S’il est salué pour le développement économique du Bénin, il est aussi régulièrement accusé par ses détracteurs d’avoir opéré un virage autoritaire dans un pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.Son dauphin, le ministre des Finances Romuald Wadagni est l’archi-favori du scrutin, dont le principal parti d’opposition, Les Démocrates, est exclu, faute d’un nombre suffisant de parrainages. Le Bénin est touché dans sa partie nord par des attaques djihadistes récurrentes, venues notamment de pays voisins comme le Burkina Faso.