« Quant on se plait à soi même, c’est plus facile de renvoyer une belle image » : à Amiens, cet espace beauté et bien-être prend soin des personnes en situation de précarité
« Quand ils repartent avec le sourire, c’est une première victoire. Avec un pied dans la précarité, on a du mal à se sortir de la spirale… Ce sont des personnes vulnérables, cabossées par la vie. Notre but est de leur offrir un moment de répit » explique Amélie Gendret, responsable du dispositif Passerelles vers l’emploi 80. La responsable du dispositif Passerelles vers l’emploi 80 est à l’initiative de l’ouverture du deuxième espace beauté et bien-être en province financé par la Fondation L’Oréal à destination des femmes et des hommes en grande difficulté. Ce petit cocon bienveillant hors du temps se trouve dans une partie des anciens abattoirs d’Amiens (Somme), dans le quartier de Montières.1 300 personnes concernéesCe projet, elle l’a porté durant plus d’un an avec trois associations oeuvrant dans le champ de l’insertion : Ozange.net, Apremis et Somme emploi services. « Les principaux critères de la Fondation L’Oréal étaient de s’inscrire dans la durée et d’être en relation avec le public éligible, poursuit Amélie Gendret. A Amiens, 1 300 personnes sont concernées. »L’espace beauté et bien être est ouvert chaque jour de la semaine de 9 h 30 à 12 heures et de 13 h 30 à 17 heures. Femmes et hommes, adressés par un travailleur social et inscrits dans un parcours vers l’emploi, ont accès à une boutique solidaire. Chaque mois, grâce à un coupon, ils peuvent choisir trois produits parmi la centaine de références offertes par le numéro un mondial de la beauté : shampoings, gels douche, crèmes, masques pour les cheveux, maquillage, produits pour les enfants… La boutique a déjà accueilli plus de 70 personnes. Les femmes sont largement majoritaires. En parallèle, en groupe de 6 à 8, chacun peut profiter d’ateliers animés par Anne-Sophie Niquet, socio-esthéticienne de l’association Joane, basée à Amiens et rémunérée par la fondation L’Oréal. L’habillement, l’image, l’estime et la confiance en soi sont abordées. « En échangeant avec les autres, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls. Quant on se plait à soi même, c’est plus facile de renvoyer une belle image, de se confronter un employeur », assurent nos deux interlocutrices. « Elles ont besoin qu’on les écoute »Les femmes ont le privilège de bénéficient de soins individuels une fois par trimestre d’une durée d’une heure dispensés par Olivia, une socio coiffeuse de l’association Joane, et par Anne-Sophie, la socio esthéticienne. « Elles ont besoin qu’on les écoute », pointe cette dernière. Isabelle, 60 ans, travaille dans une repasserie : « Ca m’a fait beaucoup de bien, confie t-elle. Je n’ai pas le temps de m’occuper de moi. J’ai eu un massage des mains, une pose de vernis. J’ai pu me confier à Anne-Sophie. » Maman de trois enfants de 4 à 6 ans, Tarah, 32 ans, en recherche d’emploi, a bénéficié des mêmes soins. Elle repart avec ses trois produits du mois pour le corps et le visage. « Je me suis sentie à deux doigts de m’endormir, assure t-elle. Je reviendrai pour des soins du visage. Ca fait longtemps que je n’en ai pas fait. Anne Sophie est douce, gentille. Elle met à l’aise. »Adressée par sa conseillère Ozange.fr, la dynamique Margot, 22 ans, savoure avec des grands yeux d’enfant, chaque instant de son soin du visage. « Ma mère me coupe les cheveux et s’occupe de mes couleurs et je fais des masques chez moi. Mais je n’ai jamais eu l’occasion d’aller chez une esthéticienne. C’est important de s’occuper de soi», témoigne-t-elle, reconnaissante.