Cet événement, qualifié de "crime d'intimidation", marque un possible tournant dans la lutte contre le narcobanditisme qui gangrène la ville. Le meurtre de Mehdi Kessaci, âgé de 20 ans et aspirant policier, a été unanimement perçu comme un franchissement de cap dans la guerre des gangs. Abattu en plein jour par deux individus à moto, le jeune homme était inconnu des services de police, renforçant la thèse d'un "assassinat d'avertissement" visant son frère Amine, fondateur de l'association Conscience et figure de la lutte contre le trafic de drogue depuis la mort de son premier frère en 2020. Le procureur de la République, Nicolas Bessone, n'a pas exclu cette hypothèse, soulignant que si elle était confirmée, "on aurait franchi une étape supplémentaire". Cette exécution a suscité l'effroi de la classe politique locale, le maire Benoît Payan évoquant un "changement de dimension absolument terrifiant" et appelant à considérer ce fléau comme "une pieuvre qu’il faut attaquer à tous les niveaux".
Face à la sidération, l'exécutif a réagi promptement.
Le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez a qualifié ce drame de "point de bascule" et a annoncé une visite à Marseille avec le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, suivie d'un déplacement du président Emmanuel Macron à la mi-décembre pour amplifier la lutte. Cette mobilisation au plus haut niveau de l'État intervient alors que les habitants expriment leur déception face à l'efficacité des opérations "place nette" et que le sentiment d'une "mexicanisation" de la ville progresse, comme le souligne un éditorial. L'assassinat d'une victime innocente pour faire taire une voix militante représente une escalade qui met l'État au défi de reprendre le contrôle.











