Confronté à un partenaire jugé peu fiable, le continent est contraint de repenser fondamentalement sa défense et son autonomie stratégique.

Selon de nombreux analystes, l'ère Trump a mis fin aux "vacances stratégiques" de l'Europe.

Son scepticisme affiché envers l'OTAN et ses exigences répétées pour que les Européens paient davantage pour leur propre défense ont brisé la confiance qui constituait le socle du partenariat transatlantique depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette situation a contraint les dirigeants européens à prendre conscience de leur dépendance et de la nécessité de développer leurs propres capacités de défense. Comme le note l'analyste Aliona Hlivco, l'Europe doit passer "de la mentalité d'un porte-avions - vaste, lourd et plein de ressources - à celle d'un drone maritime : rapide, agile, et capable de frapper avec précision". Ce changement se manifeste par des décisions autrefois impensables, comme l'exclusion des dépenses de défense du calcul des déficits budgétaires et l'allocation de fonds pour des achats militaires coordonnés. Des pays comme l'Allemagne, la France et la Pologne accélèrent leur réarmement.

Paradoxalement, en affaiblissant l'alliance, Trump pourrait devenir involontairement un "catalyseur de l'unité et de l'autosuffisance européennes", même s'il amplifie également les divisions au sein des sociétés européennes en enhardissant les partis populistes.