Cette campagne anti-corruption, qui touche de très hauts gradés, intervient dans un contexte de tensions internes et de planification économique à long terme. Le quatrième plénum du Comité central du Parti communiste chinois, qui se tient à huis clos, est l'occasion de discuter du 15ème plan quinquennal (2026-2030), mais aussi d'entériner une purge d'une ampleur sans précédent au sein de l'Armée populaire de libération (APL). Selon des observateurs, jusqu'à 27 des 44 membres du comité central issus de l'armée pourraient être concernés. De nombreux hauts dirigeants, notamment des forces de missiles stratégiques, ont été limogés ou ont disparu ces deux dernières années.
La presse officielle présente cette purge comme une « réussite majeure » et une démonstration de la « détermination du parti à lutter contre la corruption ». Cependant, des spécialistes comme Emmanuel Lincot estiment que cette campagne illustre surtout les dissensions au sein du pouvoir et la volonté de Xi Jinping d'éliminer tout contre-pouvoir. Au pouvoir depuis treize ans, Xi Jinping fait tout pour qu'aucun successeur potentiel n'émerge, écartant systématiquement toute figure montante.
Cette centralisation extrême du pouvoir, si elle renforce son contrôle à court terme, nourrit également les rumeurs et le risque de luttes internes. Cette purge s'inscrit dans une stratégie plus large de Xi Jinping visant à mettre la Chine « en ordre de bataille », en alignant l'armée, le parti et l'État sur ses objectifs de long terme, avec en ligne de mire l'échéance de 2049, centenaire de la République populaire.












