Les Irakiens se sont rendus aux urnes pour des élections législatives cruciales, un scrutin marqué par une participation inattendue mais aussi par un profond scepticisme de la population et une surveillance attentive de Washington et Téhéran. Dans un pays en quête de stabilité après des décennies de conflit, les élections du 11 novembre visaient à élire les 329 députés du Parlement. Contre toute attente, la commission électorale a annoncé un taux de participation de plus de 55 %, malgré les appels au boycott, notamment du leader chiite Moqtada al-Sadr. Ce chiffre contraste avec le sentiment de désillusion partagé par de nombreux Irakiens, en particulier les jeunes, qui perçoivent le système politique comme corrompu et incapable de répondre à leurs besoins essentiels tels que le logement et l'emploi. Le scrutin devrait voir le bloc du Premier ministre sortant, Mohammed Shia al-Sudani, arriver en tête sans obtenir de majorité absolue, ouvrant la voie à de longues négociations pour former un gouvernement de coalition.
Ces élections sont également un baromètre des influences régionales.
L'Iran espère maintenir son emprise sur la politique irakienne via ses alliés chiites, comme Qais al-Khazali, chef de milice qui tente de se transformer en figure politique.
De leur côté, les États-Unis, qui maintiennent 2 500 soldats dans le pays, poussent pour un Irak « libéré des ingérences étrangères malveillantes ». Les partis kurdes, menés par des figures historiques comme Massoud Barzani, cherchent quant à eux à renforcer leur autonomie et leur poids face à Bagdad, notamment sur les questions budgétaires et pétrolières.
Bien que le sectarisme se soit atténué, le système de partage du pouvoir confessionnel (Premier ministre chiite, président du Parlement sunnite, président de la République kurde) perdure, symbolisant pour beaucoup la stagnation politique du pays.