Un procès présenté comme historique s'est ouvert à Alep pour juger les responsables des massacres intercommunautaires de mars 2025, qui ont fait près de 1 500 victimes, majoritairement alaouites. Il s'agit du premier procès publiquement accessible depuis la chute de Bachar al-Assad, marquant une étape symbolique dans le processus de justice transitionnelle. Ce procès, qui a débuté le 18 novembre, est le premier à aborder les violences les plus meurtrières survenues en Syrie depuis la fin du régime d'Assad en décembre de l'année précédente. Les faits jugés concernent une vague de représailles sanglantes sur la côte syrienne qui a coûté la vie à 1 426 personnes selon un bilan, pour la plupart des civils de la communauté alaouite, à laquelle appartenait l'ancien dictateur. Sur le banc des accusés se trouvent des individus issus des deux camps : des membres de milices progouvernementales de l'ère Assad ainsi que des membres des forces de sécurité des nouvelles autorités.
Les chefs d'accusation sont particulièrement lourds, incluant l'incitation à la guerre civile, les meurtres avec préméditation et les actes de pillage.
Le nouveau gouvernement, dirigé par l'ancien chef rebelle Ahmed al-Charia, présente cette initiative comme une rupture fondamentale avec la « culture de l'impunité » qui prévalait sous l'ancien régime. Le vice-ministre de la Justice, Mustafa al-Qassem, a insisté sur le fait que « les procès ne s'arrêteront pas aux violations côtières », évoquant également les crimes du régime précédent.
Cependant, cette démarche est loin de faire l'unanimité.
Des militants et observateurs syriens critiquent un procès qu'ils jugent « politiquement instrumentalisé » et dépourvu de garanties d'indépendance judiciaire, dans un pays encore profondément divisé.
En résuméL'ouverture du procès d'Alep pour les massacres de mars 2025 est un événement symbolique fort dans la Syrie post-Assad, visant à juger des crimes commis par des acteurs des deux bords. Toutefois, des doutes pèsent sur son impartialité et sa capacité à véritablement enclencher un processus de réconciliation et de justice pour l'ensemble des crimes commis durant la guerre.