Des milliers de manifestants alaouites dénoncent ce qu'ils perçoivent comme une "punition collective", ravivant les fractures d'une société en pleine transition.

Des manifestations d'une ampleur inédite depuis la chute du régime ont éclaté dans plusieurs villes du littoral syrien, bastion de la communauté alaouite dont est issu l'ancien président. Ces protestations font suite à une montée de violences intercommunautaires, particulièrement à Homs, où des alaouites ont été accusés du meurtre de Bédouins sunnites, entraînant des représailles et des actes de vandalisme. Les manifestants dénoncent un "crime odieux" et expriment leur crainte d'être collectivement tenus pour responsables des crimes de l'ère Assad.

L'écrivaine syrienne Samar Yazbek, elle-même alaouite, parle dans une tribune d'une "gigantesque punition collective" subie par sa communauté, soulignant la passivité des nouvelles autorités et de la société civile face à ces exactions. Cette situation est analysée par certains experts comme une tentative délibérée de marginalisation.

Le spécialiste Fabrice Balanche affirme que pour le nouveau pouvoir en place, "l'objectif est d'éliminer les minorités de Syrie". Ces événements surviennent alors que le pays tente de se reconstruire sur les décombres d'une longue guerre civile. Des procès pour les massacres commis sous l'ancien régime commencent à s'ouvrir, comme à Alep, mais la justice transitionnelle peine à apaiser les tensions et les désirs de vengeance, menaçant la fragile stabilité du pays.