Le nouveau pouvoir dirigé par Ahmed al-Charaa peine à unifier un pays morcelé où les tensions communautaires s'exacerbent.

Derrière une façade de tolérance et d'optimisme à Damas, la Syrie est une "mosaïque brisée" menacée d'implosion. L'analyse de la situation un an après la chute du régime révèle un pays dévasté, où plus d'un million de maisons sont détruites et deux tiers de la population vivent sous le seuil de pauvreté. Le gouvernement de transition, dirigé par l'ex-chef djihadiste Ahmed al-Charaa, ne dispose que de forces de sécurité faibles et peine à affirmer son autorité sur un territoire fragmenté. Les forces centrifuges sont puissantes : au sud, les Druzes de la province de Suwayda, après des affrontements sanglants, sont de facto indépendants et se tournent vers Israël pour leur protection.

À l'est, les Kurdes contrôlent le Rojava, riche en pétrole, et se méfient du pouvoir central.

La communauté alaouite, bien que majoritairement victime du clan Assad, vit dans la peur des représailles, exacerbée par des massacres sur la côte.

À cela s'ajoutent les menaces posées par les restes de l'ancien régime ("fouloul") et les cellules dormantes de Daesh. Les ingérences des puissances étrangères – Turquie, Israël, États-Unis, Iran et Russie – qui agissent en "sponsors et spoilers", chacune poursuivant ses propres intérêts, ne font qu'aggraver le risque de voir la Syrie se diviser en plusieurs mini-États.