Cependant, la réalité sur le terrain est marquée par une profonde fragmentation.

Des affrontements sanglants ont éclaté sur la côte, impliquant des partisans de l'ancien régime (les « fouloul ») et des milices djihadistes, faisant plus de 1 400 victimes, principalement des Alaouites. Dans le sud, la province druze de Suwayda est devenue de facto indépendante après des heurts violents avec des tribus bédouines et les forces gouvernementales, poussant les Druzes à chercher la protection d'Israël. À l'est, les Kurdes, qui contrôlent la région autonome du Rojava et l'essentiel des ressources pétrolières, restent méfiants et hésitent à se réintégrer dans un État syrien dirigé par leurs anciens adversaires.

L'analyste Asiem El Difraoui souligne que « le climat émotionnel alimente la méfiance et renforce les récits de victimisation ». Le gouvernement de transition peine à asseoir son autorité, disposant de forces de sécurité limitées et faisant face à la persistance de groupes armés incontrôlés, y compris des cellules de Daech.

La Syrie, mosaïque brisée, risque une fragmentation durable si le nouveau régime ne parvient pas à instaurer une véritable justice transitionnelle et un modèle politique inclusif.