Adoptant une stratégie de non-ingérence militaire, Pékin privilégie le tissage de liens politiques et économiques pour protéger ses intérêts, notamment énergétiques, et se positionner en alternative à l'influence occidentale. La tournée du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Jordanie illustre cette stratégie de long terme. L'objectif est de renforcer la « confiance politique » et de préparer le deuxième sommet Chine–États arabes en 2026. L'initiative des Nouvelles routes de la soie reste le pilier économique de cette présence, mais la Chine se positionne aussi comme un médiateur pragmatique. Son succès le plus visible reste l'accord de 2023 entre l'Arabie saoudite et l'Iran, qui a réduit le risque d'escalade directe.

Cette médiation n'est pas idéaliste : près de la moitié du pétrole importé par la Chine transite par le détroit d'Ormuz, rendant la stabilité régionale synonyme de sécurité énergétique. Sur le conflit à Gaza, Pékin adopte une position calibrée : soutien formel à la solution à deux États et insistance sur le principe que « les Palestiniens doivent gouverner la Palestine », ce qui lui permet de se présenter comme un acteur plus neutre que Washington. La crise de la mer Rouge en 2024 a également mis en lumière l'approche chinoise : refuser de rejoindre l'opération militaire américaine contre les Houthis, préférant les pressions diplomatiques discrètes pour protéger les flux commerciaux sans en assumer le coût militaire.