Le cœur du problème réside dans une "dépendance structurelle" croissante de l'Union européenne.

Des éléments essentiels de l'écosystème financier, comme les plateformes d'exécution, les flux de données de marché et même les indices de référence, sont désormais majoritairement sous contrôle américain ou britannique.

Cette situation est le résultat paradoxal des directives MiFID, qui, en cherchant à créer un marché unique, ont engendré une "fragmentation opérationnelle" et une complexité réglementaire qui ont profité aux acteurs non-européens, plus consolidés.

La conséquence est une érosion lente mais continue de la souveraineté, où les décisions stratégiques et les innovations se font hors de l'UE. Le contrôle des données est particulièrement critique : "Qui contrôle la donnée de marché contrôle la liquidité".

Cette faiblesse structurelle a des répercussions concrètes sur l'attractivité des places européennes.

L'avertissement lancé par Michaël Fribourg, PDG de Chargeurs, qui déconseille "surtout pas" aux entreprises de s'introduire à la Bourse de Paris, est symptomatique de ce malaise.

Il estime que l'UE ne protège pas assez ses industriels, poussant les entrepreneurs à chercher des capitaux ailleurs.

Ce témoignage illustre parfaitement le cercle vicieux : la complexité et la dépendance des marchés européens nourrissent un sentiment de défiance chez les acteurs économiques, ce qui accélère la fuite des capitaux et des entreprises, renforçant ainsi la domination des places financières étrangères.

Pour inverser la tendance, une "volonté politique cohérente" est jugée indispensable.