La suspension de la réforme des retraites est devenue la principale monnaie d'échange dans les négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement. Cette concession majeure, initialement proposée par l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne, vise à obtenir le soutien ou la non-censure d'une partie de la gauche, notamment du Parti socialiste (PS). Élisabeth Borne, qui avait pourtant fait adopter la réforme via l'article 49.3 en 2023, a déclaré qu'il ne fallait pas en faire un "totem" et que "si c'est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d'une suspension". Cette ouverture a été perçue comme un "signal positif" par la CFDT et un "réveil positif" par Olivier Faure (PS), qui a néanmoins précisé que son parti n'avait reçu "aucune assurance sur la réalité" de cette suspension après sa rencontre avec Sébastien Lecornu. La gauche demande un gel de l'âge légal mais aussi de "l'accélération sur la durée de cotisation".
À l'inverse, la proposition constitue une "ligne rouge écarlate" pour Les Républicains, qui s'y opposent fermement, tout comme le parti Horizons d'Édouard Philippe.
Le coût d'une telle mesure est au centre des débats : Sébastien Lecornu l'a estimé à "pas moins de trois milliards d'euros" en 2027, tandis que le ministre démissionnaire de l'Économie, Roland Lescure, a averti que cela coûterait "des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027". Cette question fracture profondément le paysage politique, y compris le camp présidentiel lui-même, et illustre l'ampleur des concessions envisagées par l'exécutif pour éviter une nouvelle dissolution.
En résuméLa réforme des retraites, autrefois mesure phare du quinquennat, est désormais un levier de négociation crucial. Sa possible suspension, exigée par la gauche et rejetée par la droite, cristallise les divisions idéologiques et met en lumière la faiblesse de l'exécutif, contraint de sacrifier une réforme majeure pour sa survie politique.