La proposition de suspendre la très contestée réforme des retraites est devenue l'élément central et le principal point de friction des négociations menées pour former un nouveau gouvernement. Lancée par Élisabeth Borne, celle-là même qui avait fait adopter la loi au moyen de l'article 49.3, cette idée a été perçue comme un geste d'ouverture majeur en direction de la gauche, et plus particulièrement du Parti socialiste. Pour le PS, la suspension de l'âge légal à 64 ans et de l'accélération de la durée de cotisation est devenue une condition sine qua non pour envisager un accord de non-censure.
Olivier Faure a salué un « réveil tardif, mais positif ».
Cependant, cette concession potentielle a immédiatement provoqué une levée de boucliers à droite et au sein même du camp présidentiel.
Pour Les Républicains, il s'agit d'une « ligne rouge », Bruno Retailleau prévenant qu'il ne participerait pas à un gouvernement qui reviendrait sur cette réforme.
Le camp macroniste s'est également fracturé, certains y voyant une « dernière chance de compromis », tandis que d'autres, notamment dans l'entourage d'Édouard Philippe, y voient la dilapidation d'un « héritage » et une mesure coûteuse.
Sébastien Lecornu a chiffré cette suspension à « pas moins de trois milliards d'euros » en 2027, tout en reconnaissant qu'il faudrait « trouver un chemin pour que le débat ait lieu » sur ce sujet qui a laissé une « blessure démocratique ».
En résuméLa réforme des retraites est devenue le symbole des divisions idéologiques irréconciliables qui paralysent la politique française. Sa possible suspension, bien que stratégique, a révélé les fractures profondes qui rendent la formation d'une coalition quasi impossible.