Cette situation contraint l'exécutif à un exercice de compromis périlleux face à une Assemblée nationale morcelée et des oppositions déterminées à modifier en profondeur le texte. Le marathon budgétaire a débuté avec un calendrier contraint de 70 jours, sous la menace d'une adoption par ordonnances en cas de dépassement des délais. Dès les premiers débats en commission des Finances, le gouvernement a subi des revers sur des mesures fiscales clés, comme la suppression d'un avantage fiscal pour les retraités ou la taxe sur les holdings patrimoniales. Les oppositions, de la gauche au Rassemblement national, ont déposé près de 1800 amendements, annonçant une "guerre de tranchées" sur chaque article.

Le président du groupe centriste au Sénat, Hervé Marseille, a dénoncé un "non-dialogue" du gouvernement, se plaignant de n'avoir eu "aucun signe du gouvernement, pas de son, pas d’image, pas SMS, pas un mot".

Cette opacité inquiète alors que des dépenses supplémentaires de plusieurs milliards ont déjà été votées en commission. La gauche, forte de son rôle d'arbitre après avoir sauvé le gouvernement de la censure, entend corriger un budget jugé "très injuste", notamment en réintroduisant la "taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, rejetée en commission. À droite, Bruno Retailleau, président des Républicains, a qualifié le projet de budget d'"invotable", n'excluant pas une motion de censure. Le gouvernement de Sébastien Lecornu se retrouve ainsi pris en étau, devant trouver des compromis pour faire adopter son budget tout en respectant une trajectoire de réduction du déficit jugée cruciale, notamment après la dégradation de la note de la France par l'agence S&P.