Dès sa nomination au poste de Garde des Sceaux, Gérald Darmanin a marqué son territoire avec une série d'annonces fortes, affichant une ligne de fermeté qui n'a pas manqué de susciter la polémique. Sa déclaration d'intention de rendre visite à Nicolas Sarkozy à la prison de la Santé, où l'ancien président a été incarcéré, a été la plus commentée. Justifiant sa démarche par son devoir de "s'assurer de ses conditions de sécurité", le ministre a provoqué une levée de boucliers chez les magistrats et l'opposition. Le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, a alerté sur un risque "d'atteinte à l'indépendance des magistrats", tandis que des syndicats ont dénoncé une "confusion des rôles" et une "démarche médiatique".
Au-delà de cette affaire, Gérald Darmanin a dévoilé plusieurs axes de sa future politique pénale.
Il a annoncé qu'une circulaire, entrée en vigueur le 20 octobre, systématiserait l'information des victimes sur la libération de leur agresseur, une mesure visant à "mettre la victime au centre". Dans une autre initiative remarquée, il a exprimé son souhait d'inscrire dans la loi la possibilité de recourir à la "généalogie génétique".
Cette technique, qui s'appuie sur des bases de données ADN privées à l'étranger, permettrait selon lui de résoudre une trentaine de "cold cases" actuellement au point mort. Enfin, lors d'une visite à l'École nationale de la magistrature (ENM) à Bordeaux, le ministre a affiché son intention de "diversifier les profils sociologiques des élèves", constatant qu'il n'y avait actuellement que "2% d'enfants d'ouvriers" parmi eux et qu'il y avait "sans doute des choses à réformer au ministère de la Justice".
En résuméGérald Darmanin impose un style proactif et sécuritaire à la Place Vendôme, n'hésitant pas à ouvrir des débats sensibles. Sa gestion du cas Sarkozy a immédiatement soulevé des questions sur la séparation des pouvoirs et la neutralité de sa fonction, marquant une entrée en matière particulièrement scrutée.