La suspension de la réforme des retraites est devenue la pièce maîtresse des négociations politiques autour du budget de la Sécurité sociale. Elle représente à la fois un possible point d'accord entre le gouvernement et les socialistes et un point de rupture irréconciliable avec La France insoumise et le Rassemblement National. Présentée comme la «clé de voûte» de l'accord entre l'exécutif et le Parti socialiste, l'intégration de cette mesure dans le PLFSS est une concession politique majeure du gouvernement Lecornu. Elle vise à s'assurer le soutien des députés socialistes, indispensable pour faire adopter le budget sans recourir à l'article 49.3 de la Constitution. L'examen de cet article spécifique est prévu pour mercredi 12 novembre, un moment qui sera scruté de près. Cependant, cette avancée est loin de satisfaire toute l'opposition.
Pour La France insoumise, une simple suspension est insuffisante ; le parti réclame l'«abrogation» pure et simple de la réforme. Manuel Bompard a clairement indiqué qu'il était hors de question «d’avaler l’ensemble du budget de la Sécurité sociale» en échange de cette seule mesure.
Le Rassemblement National adopte une position similaire : son député Jean-Philippe Tanguy a confirmé que le groupe soutiendrait la suspension, mais voterait contre l'ensemble du budget à la fin.
Cette situation place les socialistes dans une position délicate, les exposant aux critiques de leurs anciens alliés de la NUPES qui les accusent de se contenter de miettes et de sauver un gouvernement qu'ils prétendent combattre.
En résuméLa question des retraites illustre la stratégie du gouvernement de diviser pour régner, en accordant des concessions ciblées pour obtenir des majorités de circonstance. Elle met également en lumière les lignes de fracture de l'opposition, entre ceux qui privilégient des gains politiques immédiats et ceux qui visent le renversement du pouvoir.