Le Sénat a procédé à un véritable "détricotage" du texte gouvernemental, marquant son opposition sur des points fiscaux majeurs.

La mesure la plus symbolique rejetée par les sénateurs est la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises dont le chiffre d'affaires excède le milliard d'euros. Cette décision signale un désaccord profond sur la manière de financer les dépenses publiques et de répartir l'effort fiscal. Parallèlement, la chambre haute a adopté un amendement visant à transformer l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) en une contribution élargie sur les hauts patrimoines, tout en épargnant une partie de l'immobilier. Cette initiative démontre la volonté du Sénat de proposer une vision alternative de la fiscalité du capital, distincte de celle du gouvernement.

L'épisode de l'amendement socialiste sur un "emprunt forcé" auprès des plus riches, bien que finalement retiré par son auteur Patrick Kanner, a également contribué à animer le débat et à souligner la recherche d'alternatives fiscales au sein des oppositions.

Ces manœuvres parlementaires ne sont pas seulement techniques ; elles constituent des actes politiques forts, visant à affaiblir le gouvernement et à positionner l'opposition sénatoriale comme une force de proposition crédible en matière économique. Le contexte général de la discussion budgétaire est perçu comme manquant de clarté, comme le souligne l'économiste Jean Pisani-Ferry, qui plaide pour une fixation préalable de cibles à moyen terme.