Entre les arbitrages budgétaires tendus, les reculs sur des réformes et les décisions sectorielles, l'exécutif semble naviguer à vue dans un contexte politique et social complexe.

Un exemple marquant de ces difficultés est le report in extremis de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc). Attendue depuis plus de deux ans, sa publication a été annulée par Matignon à la dernière minute en raison d'"arbitrages contestés et la crainte d’un tollé politique". Ce recul illustre la fébrilité du gouvernement face à la pression des lobbies et à l'anticipation de réactions négatives, révélant une difficulté à porter des réformes structurelles potentiellement clivantes. Parallèlement, le gouvernement doit répondre à des urgences sectorielles.

Face à l'inquiétude des pharmaciens concernant une pénurie de vaccins contre la grippe, il a dû débloquer des doses supplémentaires pour calmer la grogne. Sur le plan territorial, l'exécutif a annoncé une rallonge de 50 millions d'euros pour l'enveloppe de continuité territoriale de la Corse, une décision visant à apaiser les tensions avec l'île.

Ces actions, bien que nécessaires, donnent l'image d'un gouvernement réagissant au coup par coup plutôt que suivant une feuille de route claire.

Cette gestion de crise permanente se superpose au défi majeur de faire adopter les budgets sans majorité absolue, ce qui met en exergue la "méthode Lecornu", un exercice d'équilibriste permanent entre fermeté et recherche de compromis.