Cette relecture, la première depuis celle de Luchino Visconti en 1967, était très attendue et a suscité de nombreux débats sur sa fidélité à l'œuvre et ses choix artistiques.
Le film se distingue par son esthétique radicale, notamment l'utilisation du noir et blanc, un choix qu'Ozon justifie pour rendre le soleil d'Alger encore plus oppressant et pour s'éloigner d'une reconstitution historique colorée qui aurait pu paraître artificielle.
Cette approche visuelle vise à traduire la dimension métaphysique et introspective du roman.
L'interprétation de Benjamin Voisin dans le rôle de Meursault est au cœur des discussions.
L'acteur de 28 ans, qui retrouve Ozon après "Été 85", incarne un personnage distant, mutique et insaisissable.
Pour se préparer, il a confié être entré dans une "dépression lente" pendant quatre mois, cherchant à éteindre ses propres émotions pour se rapprocher de l'apathie de Meursault.
Si Ozon reste globalement fidèle à la trame narrative de Camus, il prend certaines libertés significatives.
Il ancre plus explicitement le récit dans le contexte de l'Algérie coloniale de 1938, notamment par l'usage d'images d'archives en ouverture. De plus, il développe les personnages féminins, en particulier celui de Marie, jouée par Rebecca Marder, lui conférant une sensualité et une conscience plus affirmées que dans le roman. Le réalisateur a également choisi de nommer la victime arabe, s'inspirant du roman "Meursault, contre-enquête" de Kamel Daoud. Le projet a reçu l'approbation de la fille de l'écrivain, Catherine Camus, qui s'est montrée "très impliquée" et a fait confiance à la vision du cinéaste.











